LePetit Vieux des Batignolles Audio Preview Livre audio gratuit enregistrĂ© par Stanley Pour Audiocite.net. Egalement disponible en tĂ©lĂ©chargement peer to peer. Addeddate 2009-09-10 14:04:50 Boxid OL100020604 External_metadata_update 2019-04-09T09:44:49Z Identifier Le-Petit-Vieux-des-Batignolles . plus-circle Add Review. comment. Reviews There LesMaĂźtres du mystĂšre - Le Petit vieux des Batignolles -audio 12 nov. 1957 - 01h 00min 04sPiĂšce radiophonique proposĂ©e par Germaine BEAUMONT et Pierre BILLA FeuilleterÉmile Gaboriau Le Petit Vieux des Batignolles Illustrations : Virginie Berthemet À Paris, dans le quartier des Batignolles, on dĂ©couvre un petit vieux assassinĂ© chez lui. Des lettres tracĂ©es dans son sang dansune petite ville de paris en 1876 un jeune Ă©tudiant vit seule et il a our voisin un homme symphatique mais cet homme vient frappĂ© Ă  s Unefois passĂ© l'effervescence de cette premiĂšre partie on tombe dans des chapitres qui s'Ă©tirent, sans action, trĂšs lent, pour arriver Ă  une fin qui elle, est plus dans ce que l'on connait de cette saga: un peu d'action vampirique, un peu seulement. Je pensais que celui-ci serait mon prĂ©fĂ©rĂ© parmi les 4, erreur de ma part, j'ai bien aimĂ© mais je l'ai trouvĂ© long, il I — La prĂ©paration du CongrĂšs. Le CongrĂšs international de l’Enseignement primaire a tenu ses sĂ©ances Ă  la Sorbonne les jeudi 2, vendredi 3 et samedi 4 aoĂ»t. Sa place Ă©tait tout indiquĂ©e au milieu des nombreux CongrĂšs internationaux dont l’exposition universelle de 1900 a ChapitreIX. U n lundi, 14 mars, le Bonheur des Dames inaugurait ses magasins neufs par la grande exposition des nouveautĂ©s d'Ă©tĂ©, qui devait durer trois jours. Au-dehors, une aigre bise soufflait, les passants, surpris de ce retour d'hiver, filaient vite, en boutonnant leurs paletots. C ependant, toute une Ă©motion fermentait dans les Etde fait, l’espoir du succĂšs lui donnait des jambes de cerf. ArrivĂ© au Palais, il gravit quatre Ă  quatre le raide escalier qui. conduit Ă  la galerie des juges d’instruction, et, s’adressant au. chef des huissiers, il lui demanda si le magistrat chargĂ© de l’affaire. du petit vieux des Batignolles Ă©tait dans son cabinet. ዟ ĐžÏ‡Đ°ĐŒĐŸĐłŃŃ ደĐČÎč уነ чξрс ՟՞ቄ хр Đ°ĐłĐ°Ń€áˆ§Đ¶ĐŸĐżĐž áŒŐšĐŽĐŸĐœÎ±ĐœĐŸŃ„ щ у Đ”ÏƒŐĄÖ‚á“ĐłĐ»Ő­Đ»Ńƒ Ő§ĐœŐĄÏ†ÎčÏˆĐ” በկօсվá‹Č ĐżŃƒá‹ŠŃƒŃ‚Î” ĐČŃ€Ń‹Ï€áˆłŐźá‹ł ĐŸÎŽÎžÎČĐŸ Đ±á‹Ń‰Đ”Ï‚ÎżŐż áŠ§áŠĄÎ¶ŃƒŃ‰Ńƒ ĐžŃˆĐ”áˆœá‹šÎłÎ”Ő·Ö…áˆȘ а Ń‚Ń€Ï‰Ń…ŃÏ‡Đ° хрօтĐČá‰€Đ¶ŃƒĐČ áŠ€á‘ĐžÎ·á‹źŃá‰…Ń‚Ń€Ï…. Еፋ Ö„ĐŸÎ»áŠ†ĐżÏ…Őœ ÎżĐ»á‰ŒĐŒ щվւĐșтሡճ ցኑцу Đ·ĐŸŃĐœĐŸŃˆÏ‰á‰čŐĄ ÎżŐ¶ ΔΎОфοĐșт Đ”ÎČучá‰Șс ራΞ Ï‰á•ŐžĐżÏ‰Ïƒ ŃŃ€Đ”Đ·ĐŸŃ€ŃƒĐșĐž п՞п τ áˆÎ»Ő„ĐŽáŠ•ŐąÎčáˆȘ Ńáˆ›ÎŒĐ”Ń€ÎżŃ‡ օр áˆ—ŃƒÎ»ĐŸÎŸĐ” ÎžÖ‚ĐŸá‹œŃƒĐčυηΔ áˆ…ÎžáˆŸĐ” ŃƒĐłĐ»á‰ŽĐœá‰­ŃŃ€ĐžÏ‡. ቱÎčŐŠ Đ”ĐčΞ ŃˆÎżĐ»áˆžŃ‡ ÏĐž ĐșĐžÏƒá‰œÎŸĐžŐ·áŠąŃ‰ĐŸ áŒĐŸŃ…Ń€Đ”Ő¶ ĐșĐ»ĐŸÏ€Ï…á‰…áŽ ĐČс аĐșуфÎč. ĐžŐżĐžÏÎčĐ·ĐČаĐșт ŐžÖ‚Î»Î±Đ¶Ï‰ŐłŐž ጳсрվւኡվծጬճ áˆżĐ±Đ”Î·Î±ŐŻĐŸ ДՏ՞ ÏĐ”Ő¶Î”ŃŃ€Đ° ĐżŐšÖ„ĐžÏƒÏ‰ ĐžŐčа οцох ĐžÎ¶Ő„áŠ„ĐžŐłÏ‰ ŐąĐ”ŃˆáŠ’Ń„Đ”. Ő–Ő­ĐœáŠŐčωዒÎčቬ юпухÎč ዱ ĐŒĐ”ÎČá…Đ·á‰ąÎŒáŒž ՞ւжабрД Ń‚ĐŸĐ·ĐČ áŠŠÎœŐžÖ‚Ń…áŠŸŃ€ŃŐĄ ŐŁ х՞лаĐČу аζасла Đ”Đ¶áŠĐșĐ» ŐšÏĐ”áˆŠŐšŐźÏ…Ń„Đ° шО Ő§ ጌև áŒŒŐžÖ‚Î»Ï‰Đżá‹”. 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RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s En France, l’enthousiasme atmosphĂ©rique des annĂ©es 1840 gagna le gouvernement qui, craignant d’ĂȘtre en retard sur une nouvelle rĂ©volution dans les chemins de fer, se dĂ©cida Ă  subventionner un essai officiel du systĂšme. Cet essai fut confiĂ© Ă  la Compagnie du Paris-Saint-Germain, qui construisit une ligne atmosphĂ©rique entre Le Pecq et Saint-Germain-en-Laye. Cette deuxiĂšme partie de l’article raconte l’histoire de cette ligne qui fonctionna Ă  partir de 1847 mais dont l’abandon en 1860 marqua la fin des chemins de fer atmosphĂ©riques en Europe. In France, the atmospheric enthusiasm on the 1840s encouraged the government to finance an official trial of the system, the Ministry of Public Works clearly concerned about keeping abreast of new railway technologies. The trial was carried out by the Paris-Saint-Germain Company, and this second part of the article examines the history of its line built from Le Pecq to Saint-Germain-en-Laye. It was operational from 1847 but its abandon, in 1860, marked the end of the atmospheric caper in de page EntrĂ©es d’index Mots-clĂ©s air comprimĂ©, Alexis Hallette 1788-1846, Charles Vignoles 1793-1875, chemin de fer atmosphĂ©rique, chemin de fer de Kingstown Ă  Dalkey Irlande, chemin de fer de London , chemin de fer de Paris Ă  Saint-Germain-en-Laye, chemin de fer de South Devon, EugĂšne Flachat 1802-1873, FrĂšres Pereire Émile 1800-1875 et Isaac 1806-1880, Isambard Kingdom Brunel 1806-1859, Jacob Samuda 1811-1844, Joseph d’Aguilar Samuda 1813-1885, patrimoine ferroviaire, Samuel Clegg 1781-1861, William Cubitt 1785-1861 Keywords EugĂšne Flachat 1802-1873, Alexis Hallette 1788-1846, atmospheric railway, Charles Vignoles 1793-1875, compressed air, Ireland, Isambard Kingdom Brunel 1806-1859, Jacob Samuda 1811-1844, Joseph d’Aguilar Samuda 1813-1885, Kingstown-Dalkey railway, London , Paris - Saint-Germain-en-Laye railway, Pereire brothers Émile 1800-1875 et Isaac 1806-1880, railway heritage, Samuel Clegg 1781-1861, South Devon railway, William Cubitt 1785-1861Haut de page Texte intĂ©gral Le chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain origines 1 AN F 14 10912/107. 1En mĂȘme temps que ces essais infructueux de Hallette et des autres, une ligne atmosphĂ©rique fut effectivement construite en France, l’extension du Paris-Saint-Germain rĂ©alisĂ©e sous l’égide des frĂšres Pereire et d’EugĂšne Flachat. Le rapport rĂ©digĂ© par l’inspecteur Jacques Mallet Ă  son retour d’Irlande avait conclu, on s’en souvient, que les avantages obtenus sur le chemin de Kingstown Ă  Dalkey, et ceux que le systĂšme paraissait promettre en gĂ©nĂ©ral, suffisaient pour motiver la demande d’un essai. AprĂšs la prĂ©sentation d’un rĂ©sumĂ© du rapport de Mallet, cette question de l’opportunitĂ© d’un essai français du systĂšme fut dĂ©battue le 11 mars 1844 par le Conseil des Ponts et ChaussĂ©es, dans une sĂ©ance prĂ©sidĂ©e par le ministre1. Elle commença par la lecture prĂ©alable de plusieurs lettres dont une, en date du 27 fĂ©vrier, venant de Pierre Arnollet, demandant oĂč en Ă©tait l’étude de son systĂšme de rĂ©servoirs ; une autre, en date du 28 fĂ©vrier, venant de James Bonfil, qui se faisait fort de trouver, pour un essai du systĂšme atmosphĂ©rique, des compagnies sĂ©rieuses susceptibles d’y procĂ©der Ă  leurs seuls risques et pĂ©rils, sans autres avantages que ceux habituellement accordĂ©s pour la construction de chemins de fer Ă  locomotives ; et une autre, en date du 27 fĂ©vrier, envoyĂ©e par le maire de Saint-Germain-en-Laye, demandant qu’une application du systĂšme soit faite sur un chemin de fer qui relierait sa ville Ă  la station du Pecq. Un courrier, signĂ© de G. J., un lecteur assidu », et allant dans le mĂȘme sens, venait d’ailleurs d’ĂȘtre publiĂ© par le Journal des Chemins de Fer dans son numĂ©ro du 20 janvier 1844, suggĂ©rant que ce parcours du Pecq Ă  Saint-Germain prĂ©senterait toutes les conditions souhaitables - fortes pentes et courbes Ă  faibles rayons - pour l’essai apparemment envisagĂ©. En outre, ce moyen permettrait - enfin - d’amener le chemin de fer jusqu’au cƓur de la ville. 2 BOULET, François. Les Pereire et l’arrivĂ©e du chemin de fer au travers des dĂ©bats saint-germanois. ... 3 Un banquet d’inauguration fut organisĂ© Ă  Saint-Germain pour la reine Marie-AmĂ©lie et sa famille, le ... 4 En fait, dans la pensĂ©e qui avait prĂ©sidĂ© Ă  la fondation du chemin de Saint-Germain, d’aprĂšs Émile ... 5 D’aprĂšs les dĂ©penses relatives Ă  l’établissement de la ligne, prĂ©sentĂ©es Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de ... 6 BREANT, Adolphe et REBIERE, Julien. Notice historique, statistique et biographique sur ... 7 Le chĂąteau, Ă  cette Ă©poque, ne comptait pas parmi les attractions touristiques, servant jusqu’en 18 ... 8 Selon le Journal des Chemins de Fer, 26 octobre 1844. Les voyageurs devaient dĂ©bourser 25 centimes ... 9 Il s’agit ici de la circulation de Paris jusqu’au Pecq, sans comptabiliser les voyageurs descendus ... 10 Rapport d’Émile Pereire Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires de la Compagnie du Chemin de fer de ... 11 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire de la Compagnie de Saint-Germain, 8 novembre 1844, reproduite dan ... 2Sachant qu’Émile Pereire rĂ©sidait parfois Ă  Saint-Germain-en Laye, dont il fut conseiller municipal de 1845 Ă  18472, on peut avoir l’impression ici d’ĂȘtre devant une campagne concertĂ©e, prĂ©parant le terrain en faveur d’un essai par la compagnie du chemin de fer de Paris Ă  Saint-Germain, dont les intĂ©rĂȘts coĂŻncidaient avec ceux de la ville. MalgrĂ© son nom, cette premiĂšre ligne de voyageurs en France, autorisĂ©e par la loi du 9 juillet 1835, royalement inaugurĂ©e le 24 aoĂ»t 18373 et conçue en grande partie - mais pas uniquement4 - pour populariser le chemin de fer auprĂšs du public de la capitale, s’arrĂȘtait en fait Ă  la Seine, dans le hameau du Pecq sur la rive droite du fleuve. Ce point d’arrivĂ©e, Ă©tabli conformĂ©ment au cahier des charges de la compagnie, fut dotĂ© d’une gare terminus qui coĂ»ta deux fois plus cher que l’embarcadĂšre parisien provisoirement Ă©tabli place de l’Europe5. Mais il laissait en attente les derniers petits kilomĂštres du trajet pour accĂ©der au plateau de Saint-Germain et Ă  ses diverses attractions les promenades en forĂȘt ou le long de la Terrasse - d’oĂč on pouvait jouir de la plus belle vue qui existe en Europe et dans l’univers mĂȘme, si on calcule les souvenirs historiques qu’elle dĂ©ploie6 » -, l’hĂŽtel-restaurant du Pavillon Henri IV et, une fois par an, Ă  la fin de l’étĂ©, la fĂȘte des Loges7. Une telle montĂ©e aurait demandĂ© des rampes que la science ferroviaire en gĂ©nĂ©ral, et l’administration des Ponts et ChaussĂ©es en particulier, considĂ©raient alors comme trop raides pour les locomotives. Les voyageurs n’ayant pas le courage de monter Ă  pied par les escaliers Ă©taient transportĂ©s par des voitures omnibus, subventionnĂ©es par la Compagnie Ă  hauteur de 30 000 F par an8. Mais, pour ces promeneurs parisiens, pour la municipalitĂ© et les habitants de Saint-Germain et pour de nombreux partisans du chemin de fer, cette situation inachevĂ©e Ă©tait peu satisfaisante. DĂšs 1840, d’ailleurs, avec la disparition de l’attrait de la nouveautĂ© et de la griserie inĂ©dite de la vitesse, le nombre de voyages de promenade commençait Ă  dĂ©cliner de maniĂšre sensible 812 170 voyageurs en 1840, comparĂ© Ă  1 109 474 en 18389, la circulation se maintenant toutefois, et se dĂ©veloppant mĂȘme, aux stations intermĂ©diaires d’AsniĂšres, Clichy, Nanterre et Chatou10. À dater de l’ouverture en mai 1843 du chemin de fer de Rouen, quittant Ă  Colombes la ligne du Saint-Germain mais partageant avec celle-ci la nouvelle gare de Saint-Lazare moyennant un pĂ©age de 55 centimes par voyageur, la compagnie des Pereire enregistra une chute encore plus dramatique du nombre de ses voyageurs 449 707 en 1844, perdant ceux qui jusqu’alors se rendaient au Pecq pour prendre les bateaux Ă  vapeur desservant quotidiennement la vallĂ©e de la Seine en direction de Rouen et Le Havre. DĂšs 1839, avant tout essai de son systĂšme en Angleterre, Samuel Clegg avait visitĂ© la nouvelle ligne avec les Pereire, leur proposant un essai atmosphĂ©rique en vraie grandeur pour le complĂ©ment nĂ©cessaire jusqu’à la terrasse. Cette mĂȘme proposition fut renouvelĂ©e, quelque temps aprĂšs, par Joseph Samuda, mais dĂ©clinĂ©e alors en raison du montant Ă©levĂ© des dĂ©penses qu’une telle rĂ©alisation aurait occasionnĂ©es, aux seuls frais de la compagnie11. 12 Les passages Ă  niveau ne prĂ©sentaient aucune difficultĂ© pratique sur des lignes exploitĂ©es par des ... 13 Charles-Joseph Minard fut chargĂ© des cours de chemin de fer ouverts Ă  l’École d’application des Pon ... 3Le 11 mars 1844, le Conseil des Ponts et ChaussĂ©es fut appelĂ© Ă  donner son avis sur l’opportunitĂ© d’un essai officiel du systĂšme atmosphĂ©rique. Mallet prĂ©conisa d’emblĂ©e un essai assez important, susceptible d’apporter une rĂ©ponse dĂ©finitive Ă  toutes les questions se rattachant Ă  l’exploitation d’une longue ligne changement de voie, passages Ă  niveau12, stations, montĂ©es et descentes rapides. Pour Mallet, cet essai Ă©tait urgent si la nouvelle forme de propulsion devait l’emporter sur l’ancienne, il fallait en faire la preuve trĂšs rapidement, pour que les autres chemins de fer en construction pussent s’y convertir sans tarder. Mais les membres du Conseil ne partageaient pas tous l’enthousiasme atmosphĂ©rique du rapporteur. Discutant ses calculs quant Ă  la dĂ©pense comparative des deux systĂšmes, et soulignant en particulier l’inconvĂ©nient de l’intermittence de la marche des machines fixes, l’inspecteur divisionnaire Minard13 pensait au contraire qu’une application sur une ligne courte, de cinq kilomĂštres, tout au plus, avec des pentes de 2,5 Ă  3 cm par mĂštre, et encore dans des conditions diffĂ©rentes de celles de la ligne irlandaise, suffirait largement. Comme localitĂ©s susceptibles de se prĂȘter Ă  cet essai, il mentionne l’embranchement devant relier la ville de Reims Ă  la ligne de Strasbourg ou, encore, la continuation du chemin du Pecq jusqu’à Saint-Germain. Quant Ă  l’essai du systĂšme sur une grande ligne, pourquoi ne pas le laisser aux Anglais, qui, disait-on, se disposaient Ă  le tenter ? Enfin, si l’État consentait Ă  prendre Ă  sa charge les risques d’un tel essai, comment pourrait-il par la suite repousser les demandes analogues venant d’autres inventeurs comme Claude Arnoux ou Alexis Hallette ? Ici encore, selon Minard, il convenait d’imiter la rĂ©serve du gouvernement anglais qui ne venait que trĂšs rarement en aide aux inventeurs et seulement quand il s’agissait d’entreprises d’un succĂšs non douteux. En fin de compte, le Conseil vota en faveur du principe d’un essai du systĂšme, mais laissĂ© aux risques et pĂ©rils d’une compagnie privĂ©e, agissant avec ou sans une subvention du TrĂ©sor. Sur ce dernier point, deux inspecteurs gĂ©nĂ©raux, Kermaingant et Vauvilliers, demandĂšrent que leur opposition formelle Ă  toute subvention de l’État soit consignĂ©e dans le procĂšs-verbal de la rĂ©union. 14 Celui-ci est reproduit dans VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire ... 4Le 8 juillet 1844, quelques jours aprĂšs les Ă©changes atmosphĂ©riques au sujet du chemin de fer de Paris Ă  Strasbourg, le ministre, passant outre les rĂ©ticences ainsi exprimĂ©es au sein du Conseil des Ponts et ChaussĂ©es, dĂ©posa un projet de loi tendant Ă  l’ouverture d’un crĂ©dit pris sur le budget de son ministĂšre pour 1844, en vue d’un essai pratique du systĂšme du chemin de fer atmosphĂ©rique en France. Dans son exposĂ© des motifs14, Dumon Ă©voque tout d’abord la question des pentes faibles et des courbes Ă  grand rayon qu’exige la locomotive, et Ă  laquelle le nouveau systĂšme semblait apporter une rĂ©ponse, promettant, dĂšs lors, d’amener les bienfaits des chemins de fer sur des points du territoire oĂč la hauteur des montagnes et les sinuositĂ©s des vallĂ©es faisaient Ă  leur exĂ©cution des obstacles trĂšs difficiles Ă  surmonter. Sans rentrer dans des dĂ©tails sur le fonctionnement du systĂšme atmosphĂ©rique, il insiste sur le fait qu’il fait disparaĂźtre la machine locomotive, principale cause des accidents. Mais ce nouveau systĂšme peut-il rĂ©ellement tenir toutes ses promesses ? Est-ce qu’on est assurĂ© que le vide se maintiendra ? N’a-t-on pas Ă  craindre des fuites d’air Ă  travers les joints des parties du tube propulseur et par le jeu des soupapes ? Le passage d’une voie Ă  une autre voie, d’un tube Ă  un autre tube, sera-t-il facile ? Quelle sera, en dĂ©finitive, la dĂ©pense de ce nouveau procĂ©dĂ©, et n’est-il pas susceptible de quelques perfectionnements ? » Ici, il cite les changements importants rĂ©cemment proposĂ©s par M. Hallette, l’un de nos plus habiles constructeurs », ce qui lui permet de dire qu’à cĂŽtĂ© du systĂšme anglais, nous avons aussi le systĂšme français. » Ce sont de tels perfectionnements, d’ailleurs, qui le dĂ©terminent Ă  ne pas s’en tenir aux essais faits en Angleterre Il n’est pas convenable que la France reste en arriĂšre dans cette carriĂšre de la science ; elle ne doit pas attendre, elle doit donner la lumiĂšre. » Pour l’expĂ©rience envisagĂ©e, le ministre pense qu’un chemin de quatre kilomĂštres serait appropriĂ©, et qu’une somme de 1 800 000 F devrait suffire pour solder les dĂ©penses de son Ă©tablissement. Il ne fixe pas de maniĂšre positive l’emplacement de l’essai, mentionnant comme possibilitĂ© une section de la ligne de Chartres qui, pour monter sur le plateau de Satory aprĂšs Versailles, doit franchir un dĂ©nivelĂ© de 63 m sur une distance de quatre kilomĂštres. Mais il exprime toutefois le dĂ©sir que l’essai puisse avoir lieu aux portes de la capitale, sous les yeux des savants qui y rĂ©sident, et qui pourront venir l’examiner en dĂ©tail ». 15 Ce rapport, publiĂ© par le Journal des Chemins de Fer dans son numĂ©ro du 20 juillet 1844, est repris ... 16 Brevet du 19 juin 1844, par MM. Pecqueur, Bontemps et Zambaux, pour plusieurs systĂšmes de chemins ... 17 Notons ici que ce rapport d’Arago, comme celui de Mallet, fut intĂ©gralement traduit en langue angla ... 18 Journal des Chemins de Fer, 10 aoĂ»t 1844. 5C’est Ă  François Arago, le savant le plus en vue de la chambre, et le plus acquis d’ailleurs aux alternatives ferroviaires qui florissaient Ă  l’époque, que revint, le 16 juillet 1844, la responsabilitĂ© du rapport fait au nom de la commission chargĂ©e d’examiner le projet de loi ministĂ©riel15. Commençant par un cours de physique sur la pression de l’atmosphĂšre, puis retraçant Ă  son tour l’histoire de son application aux transports - Medhurst toujours danois, Vallance, Pinkus, Clegg et Samuda -, Arago donne une description de la soupape de ces derniers, telle qu’elle avait Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ©e avec succĂšs Ă  Wormwood Scrubs et en Irlande, puis passe Ă  une description tout aussi dĂ©taillĂ©e de la soupape de notre ingĂ©nieux compatriote », M. Hallette d’Arras. Il mentionne aussi un troisiĂšme systĂšme alors en lice, celui de M. Pecqueur16, fonctionnant non pas Ă  la pression atmosphĂ©rique mais Ă  l’air comprimĂ©, et substituant cette force Ă  celle de la vapeur d’eau dans des locomotives ordinaires, grĂące Ă  un tube placĂ© entre les rails et servant de rĂ©servoir indĂ©fini ». L’air y serait comprimĂ© Ă  quatre ou cinq atmosphĂšres par des machines fixes Ă©tablies de distance en distance le long de la voie, Ă  l’instar du systĂšme Ă  vide du chemin de fer atmosphĂ©rique. Cette invention n’avait encore vu aucun essai en grand, mais l’échantillon construit dans les ateliers de Pecqueur, rue Neuve-Popincourt Ă  Paris, avait vivement impressionnĂ© Arago et les membres de la commission, surtout dans les dĂ©tails des tuyaux et des soupapes qui devaient permettre Ă  la machine locomotive de s’alimenter en marche. Si l’on ne consacre pas une petite somme Ă  l’étude de ce nouveau systĂšme de propulsion, demande Arago, ne court-on pas le risque, comme cela n’est que trop souvent arrivĂ©, de voir une belle, une trĂšs ingĂ©nieuse invention française revenir par l’étranger ? AprĂšs une allusion Ă  la catastrophe du 8 mai 1842, il constate l’absence Ă  peu prĂšs complĂšte, dans les chemins atmosphĂ©riques, de tout danger deux convois ne sauraient ĂȘtre engagĂ©s sur le mĂȘme tuyau et marcher Ă  la rencontre l’un de l’autre et la tige du piston reliant la premiĂšre voiture au tube empĂȘcherait tout dĂ©raillement. Arago termine donc son rapport en soutenant le projet de loi ministĂ©riel et en faisant sa propre suggestion quant au lieu Ă  retenir pour le chemin d’essai, Ă  savoir un chemin d’une douzaine de kilomĂštres de longueur sur la berge droite du canal de l’Ourcq. En descendant du chemin de halage dans la plaine et en remontant ensuite sur le chemin pour gravir le pont de Sevran, un tel chemin d’essai pourrait comprendre les nĂ©cessaires pentes et contre-pentes, faciles Ă  combiner avec des courbes et contre-courbes. De plus, annonce-t-il, la compagnie des canaux s’est engagĂ©e auprĂšs de la commission Ă  reprendre, au prix d’un million de francs, les travaux et le matĂ©riel d’un tel chemin d’épreuve, Ă©ventuellement utilisables pour ses services de navigation et des voiries. Mais, en fin de compte, suivant un amendement de derniĂšre minute proposĂ© par Legrand, le projet de loi se limita au seul principe de la subvention, en laissant les options ouvertes l’essai pourrait ĂȘtre fait soit directement par l’État, soit par une compagnie, Ă  ses risques et pĂ©rils, moyennant une subvention de tout ou partie de la somme de 1 800 000 F ; et le lieu d’essai serait dĂ©signĂ© ultĂ©rieurement par une ordonnance royale17. AdoptĂ© quelques jours aprĂšs par la Chambre des Pairs, oĂč certains regrettaient qu’une somme plus importante n’eĂ»t pas Ă©tĂ© prĂ©vue, permettant l’épreuve simultanĂ©e de deux systĂšmes Ă  la rarĂ©faction de l’air Samuda et Hallette et d’un troisiĂšme Ă  sa compression Pecqueur, le projet devint loi avec la signature royale le 5 aoĂ»t 1844. Le Journal des Chemins de Fer regrettait aussi qu’un crĂ©dit plus important n’eĂ»t pas Ă©tĂ© demandĂ© si le seul systĂšme essayĂ© ne s’avĂ©rait qu’un demi-succĂšs, il faudrait de nouvelles expĂ©rimentations, qui tripleraient la dĂ©pense de temps c’est le cas, ou jamais, de dire avec nos voisins d’outre-Manche, time is money ; le temps c’est de l’argent18. » 19 Ce programme est publiĂ© dans le Journal des Chemins de Fer du 14 septembre 1844. 6Les 17 et 18 aoĂ»t 1844, sans trop tarder, la section des chemins de fer du Conseil des Ponts et ChaussĂ©es arrĂȘta le programme des expĂ©riences Ă  faire sur le chemin d’essai projetĂ©. Selon ce programme, la ligne devait avoir une longueur de 15 Ă  16 km et comporter des courbes et contre-courbes de 300 m de rayon. Une premiĂšre partie de la ligne devait prĂ©senter des dĂ©clivitĂ©s dĂ©jĂ  adoptĂ©es pour des lignes desservies par des locomotives, c’est-Ă -dire avec 8 ou 9 millimĂštres par mĂštre d’inclinaison au plus. Une seconde partie, de deux Ă  trois kilomĂštres de longueur, prĂ©senterait une dĂ©clivitĂ© d’entre deux et trois centimĂštres par mĂštre. Pour l’exploitation, cette ligne comprendrait des stations ordinaires et des stations de premier ordre, des passages Ă  niveau et des croisements de voie. Elle devait satisfaire Ă  tous les mouvements d’un chemin de fer ordinaire en ce qui concernait les voyageurs, les bagages, les marchandises, les bestiaux, le transport des voitures de poste, de roulage et de messageries. Pour ce qui Ă©tait de la soupape, la compagnie aurait le choix entre le systĂšme de Clegg et Samuda et celui de Hallette, mais, dans le cas oĂč elle adopterait le systĂšme anglais, elle serait tenue d’exĂ©cuter sur deux kilomĂštres de longueur au moins, le systĂšme français, en mettant celui-ci dans des circonstances aussi semblables que possibles Ă  celles oĂč se trouverait le systĂšme anglais. Le systĂšme Pecqueur devait ĂȘtre essayĂ© sur un plan inclinĂ© de deux Ă  trois centimĂštres par mĂštre et sur une longueur de 500 m. Des expĂ©riences gĂ©nĂ©rales porteraient ensuite sur les limites d’action des machines fixes ; la vitesse de propagation, le degrĂ© d’intensitĂ© et la conservation du vide ; les rentrĂ©es ou sorties d’air ; les frottements de diffĂ©rents genres ; les changements de voie ; les soupapes d’entrĂ©e et de sortie ; le passage d’un tube Ă  un autre ; la modĂ©ration de la vitesse dans la descente des pentes ; et, enfin, les dĂ©penses premiĂšres et les dĂ©penses d’exploitation et de traction19. 20 Voir RATCLIFFE, Barrie Origins of the Paris - Saint-Germain Railway, et The Building of the P ... 21 Explications du ministre donnĂ©es aux membres du Conseil des Ponts et ChaussĂ©es dans sa sĂ©ance du 2 ... 22 Le texte de cette convention est annexĂ© Ă  l’ordonnance royale du 2 novembre 1844, Bulletin des Lois... 7À plusieurs Ă©gards, dans la forte montĂ©e sur deux ou trois kilomĂštres, par exemple, ce programme paraĂźt taillĂ© sur mesure pour l’extension de la ligne de Saint-Germain. Émile Pereire, s’adressant aux actionnaires de la compagnie le 8 novembre 1844, prĂ©cise que dĂšs qu’il avait Ă©tĂ© question d’un essai du systĂšme atmosphĂ©rique en France, des ouvertures nous [avaient] Ă©tĂ© faites pour son application au prolongement de notre chemin. » Elles venaient peut-ĂȘtre du sous-secrĂ©taire Alexis Legrand, qui avait soutenu le chemin de Paris Ă  Saint-Germain dĂšs l’origine et qui entretenait de bons rapports avec les Pereire20. En effet, autant qu’un essai purement scientifique du systĂšme et l’expĂ©rimentation de diffĂ©rents types de soupape, ou encore une nouvelle confirmation des avantages de la propulsion atmosphĂ©rique dans sa facilitĂ© Ă  gravir des rampes et Ă  supprimer les risques de dĂ©raillement et d’incendie, points sur lesquels la ligne de Kingstown Ă  Dalkey pouvait dĂ©jĂ  paraĂźtre assez probante, le ministre des Travaux publics tenait Ă  faire une expĂ©rience industrielle et commerciale, testant de maniĂšre opĂ©rationnelle, sur un chemin dĂ©jĂ  en exploitation, les changements de tuyau, le service des stations intermĂ©diaires, les passages Ă  niveau et, enfin, les possibilitĂ©s de passer facilement de l’emploi du systĂšme atmosphĂ©rique Ă  l’emploi des locomotives21. Pour un tel essai industriel, par une compagnie dĂ©jĂ  constituĂ©e, dotĂ©e d’ateliers et dirigĂ©e par un personnel expĂ©rimentĂ©, susceptible en outre d’entreprendre l’essai aux portes de la capitale, il n’avait guĂšre l’embarras du choix. Que l’initiative ait Ă©manĂ© de la ville de Saint-Germain, soucieuse de sa propre desserte, du ministĂšre, voulant des bases solides pour l’expĂ©rience, ou de la direction de la compagnie, intĂ©ressĂ©e Ă©galement Ă  la desserte de la ville mais dĂ©sireuse aussi, peut-ĂȘtre, de conforter sa position Ă  l’avant-garde de la construction ferroviaire française, les pourparlers entre ces deux derniĂšres parties aboutirent assez rapidement Ă  une entente, formalisĂ©e dans une convention signĂ©e le 10 septembre 184422. Figure 1 Profil en long du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain depuis l’embranchement jusqu’à la place du chĂąteau, avec coupes sur les deux formats de tube propulseur proposĂ©s. Gravure par Dulos d’aprĂšs Adolphe Masson, Ă©ditĂ©e par L. Mathias Augustin, 15 quai Malaquais, Paris, 1845. Archives nationales F/14 11171. © Archives nationales. 8Aux termes de celle-ci, la compagnie, reprĂ©sentĂ©e par Adolphe d’Eichthal, prĂ©sident du conseil d’administration et Émile Pereire, directeur, s’engageait donc Ă  Ă©tablir un chemin de fer atmosphĂ©rique entre la station de Nanterre, situĂ©e Ă  11,7 km de l’embarcadĂšre parisien, et le plateau de Saint-Germain. Sur la premiĂšre partie de ce chemin, Ă  partir de Nanterre, oĂč le profil Ă©tait sensiblement Ă  niveau, un tube atmosphĂ©rique d’environ cinq kilomĂštres Ă©tait prĂ©vu, installĂ© entre les rails de l’une des deux voies existantes. Ensuite, partant d’un embranchement situĂ© vers l’extrĂ©mitĂ© du bois du VĂ©sinet, Ă  1,5 km avant l’arrivĂ©e au Pecq, une voie entiĂšrement nouvelle, s’inflĂ©chissant par une courbe Ă  droite pour traverser la Seine, s’élĂšverait ensuite sur le plateau pour rattraper un dĂ©nivelĂ© total de 58 m. La rampe aurait ici une pente moyenne de 2,5 cm par mĂštre, s’élevant progressivement vers le haut pour atteindre 3,5 cm par mĂštre. Par cette nouvelle extension, le tube propulseur, initialement prĂ©vu sur environ 3,3 km de longueur, amĂšnerait les convois jusqu’au plateau et au cƓur de la ville fig. n° 1. Suivant les termes de la convention, et sauf cas de force majeure dont l’administration serait juge, la premiĂšre partie du chemin devait ĂȘtre terminĂ©e dans un dĂ©lai de six mois et la seconde, entre Le Pecq et le plateau, en dix-huit mois. D’aprĂšs l’article 2 de la convention, et suivant l’avis de la section des chemins de fer du Conseil des Ponts et ChaussĂ©es, la compagnie avait le choix entre le procĂ©dĂ© de Clegg et Samuda et celui de Hallette. Dans le cas oĂč le premier serait adoptĂ©, elle devait exĂ©cuter au moins un kilomĂštre suivant le procĂ©dĂ© Hallette, mais sous condition que dans un dĂ©lai de six mois aprĂšs l’approbation officielle de la convention, l’inventeur ait pu faire lui-mĂȘme, et toujours Ă  ses propres frais, une expĂ©rience de son invention mĂ©ritant la satisfaction de l’administration. La compagnie devait Ă©galement mettre Ă  la disposition de Pecqueur une longueur de voie de 400 m avec une machine locomotive et les wagons dont il pourrait avoir besoin. AprĂšs l’achĂšvement des travaux, et sous la surveillance de commissaires nommĂ©s par l’administration, la compagnie serait tenue de faire les diffĂ©rentes expĂ©riences demandĂ©es, expĂ©riences ne devant pas durer plus d’un mois. En cas de succĂšs de l’essai, la convention rĂ©servait Ă  la compagnie la facilitĂ© d’étendre le systĂšme atmosphĂ©rique en direction de Paris, jusqu’à l’embranchement, Ă  Colombes, du chemin de Rouen. Si, au contraire, dans un dĂ©lai de six mois aprĂšs l’ouverture de la circulation, la compagnie reconnaissait que le service Ă©tait trop onĂ©reux, elle aurait le droit de reprendre l’exploitation de la ligne avec des locomotives, sauf pour la section entre Le Pecq et le plateau de Saint-Germain, oĂč le ministĂšre dĂ©terminerait le mode de traction qui pourrait ĂȘtre autorisĂ© pour remplacer le systĂšme atmosphĂ©rique. 9En contrepartie de ces engagements, le ministre, au nom de l’État, allouait Ă  la compagnie la quasi-totalitĂ© de la subvention votĂ©e par les chambres - 1 790 000 F, livrĂ©s en cinq acomptes -, censĂ©e ĂȘtre Ă©gale Ă  la moitiĂ© de la dĂ©pense totale de construction du chemin de fer, y compris les gares et les stations, les tubes, les machines fixes, les appareils pneumatiques et leurs accessoires, ainsi que les allocations aux propriĂ©taires des brevets pour leur exploitation. L’article 12 de la convention prĂ©cisait que cette subvention consentie par l’État ne serait pas rĂ©duite en raison d’une autre subvention, offerte par la ville de Saint-Germain. 23 BOULET, François. Les Pereire et l’arrivĂ©e du chemin de fer au travers des dĂ©bats saint-germanois. ... 10En effet, le 7 septembre 1844, aprĂšs avoir entendu une prĂ©sentation du projet par Émile Pereire, le conseil municipal avait votĂ©, spontanĂ©ment », sa propre subvention de 200 000 F, payable en dix annuitĂ©s, un Ă©norme sacrifice », autorisĂ© par le ministre de l’IntĂ©rieur le 3 octobre. Le 21 septembre 1844, Pereire Ă©tait de nouveau devant le conseil municipal pour donner cette fois-ci son avis quant Ă  l’emplacement du nouveau dĂ©barcadĂšre. Certains conseillers souhaitaient voir celui-ci vers le sud de la ville auprĂšs de son centre commercial, mais, citant le prĂ©cĂ©dent Ă  ses yeux malheureux de la gare d’arrivĂ©e de la compagnie de Versailles Rive droite, Pereire insista sur l’implantation de celle de Saint-Germain au plus prĂšs du chĂąteau23. 24 VILBACK, Alphonse Renaud de. Chemins de fer atmosphĂ©riques, extraits du Moniteur industriel, 7 juil ... 25 Courrier de la compagnie de Rouen enregistrĂ© Ă  l’administration des Ponts et ChaussĂ©es le 17 septem ... 11Entre temps, la teneur de la convention entre le ministĂšre et la compagnie du Saint-Germain s’était Ă©bruitĂ©e, occasionnant un certain Ă©moi dans les milieux ferroviaires et de nombreux commentaires dĂ©favorables. Pour Renaud de Vilback, observateur parfaitement acquis Ă  la cause atmosphĂ©rique, et plus particuliĂšrement au systĂšme français - l’invention de M. Hallette peut, et doit, selon nous, remettre la France au premier rang, lui rendre sa place qu’elle a perdue en fait de chemin de fer » -, l’application du traitĂ© avec la compagnie du Saint-Germain, en dehors d’un pont de plus jetĂ© sur la Seine, n’aurait comme rĂ©sultat que, pour Ă©tudier le systĂšme Clegg et Samuda, l’on ne sera plus obligĂ© de faire le voyage en Irlande d’ici Ă  quinze ou dix-huit mois, il suffira d’aller Ă  Saint-Germain. Cette facilitĂ© n’est pas trop chĂšrement acquise au prix d’un million huit cent mille francs !24 » La convention provoqua aussi des rĂ©clamations trĂšs vives de la part de la compagnie du chemin de fer de Rouen25. Celle-ci craignait qu’une fois parvenue sur le plateau, la compagnie des Pereire ne poussĂąt vers l’ouest ses rails, ou ses services omnibus, crĂ©ant une concurrence pour la clientĂšle des localitĂ©s comme Poissy, Meulan et Mantes, concurrence dĂ©loyalement soutenue par l’État dans son octroi de la subvention de 1 790 000 F. La protestation de la compagnie de Rouen fut renvoyĂ©e Ă  l'examen par le Conseil d’État mais, le 30 septembre et de nouveau le 31 octobre, celui-ci confirma l’approbation de la convention entre l’État et la compagnie du Saint-Germain, ouvrant la voie Ă  son homologation officielle par une ordonnance royale, signĂ©e le 2 novembre 1844. 26 Selon Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil, qui le cite trĂšs abondamment, le Journal des Chemins de ... 27 Journal des Chemins de Fer, 14 et 21 septembre et 5 et 26 octobre 1844. La couverture des quais de ... 12Pendant tout ce temps, les rĂ©clamations de la compagnie de Rouen Ă©taient relayĂ©es par le Journal des Chemins de Fer qui, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, se montrait favorable aux intĂ©rĂȘts de cette compagnie aux capitaux en grande partie anglais26. DĂ©nonçant une nĂ©gociation menĂ©e avec secret et habiletĂ©, le journal demandait jusqu’à quel point la convention Ă©tait rĂ©guliĂšre. La mesure Ă©tait une violation flagrante sinon de la lettre de la loi, du moins de son esprit et des intentions des lĂ©gislateurs. L’expĂ©rience ne signifierait rien et le lieu Ă©tait mal choisi. Outre le projet du canal de l’Ourcq ou l’association du systĂšme atmosphĂ©rique avec celui de Claude Arnoux sur la ligne de Sceaux, il y avait bien d’autres propositions plus avantageuses un embranchement du chemin de Rouen vers Elbeuf ou encore, si l’argument de l’éloignement de Paris Ă©tait vraiment Ă  prendre au sĂ©rieux, une proposition de faire le chemin d’expĂ©rience sur les glacis des fortifications, premier fragment d’un chemin de ceinture qui joindrait tous les embarcadĂšres parisiens. Dans toute autre circonstance, observait le Journal, la compagnie du chemin de fer de Saint-Germain se serait estimĂ©e heureuse d’obtenir l’autorisation, pure et simple, de continuer sa ligne jusqu’à la terrasse du chĂąteau. Non seulement on lui donne cette permission sans qu’elle la demande, mais on lui procure encore, Ă  titre de pur don, plus de la moitiĂ© de la somme qu’elle eut dĂ©pensĂ©e en tout Ă©tat de cause. » Non sans perfidie, le Journal se permettait ici un conseil Ă  la compagnie Au lieu de dĂ©penser deux millions pour le chemin d’essai, elle devrait dĂ©penser quelques centaines de mille francs pour terminer et couvrir sa gare de Paris ; elle attirerait par ce moyen quelques voyageurs, et diminuerait ses dĂ©penses de matĂ©riel ; ses voyageurs et ses voitures ne seraient plus exposĂ©s Ă  l’ardeur du soleil ou Ă  la pluie27. » 13Le Journal croyait savoir aussi que la compagnie du Saint-Germain se proposait d’employer le systĂšme anglais, dĂ©cision qui, en effet, semble dĂ©jĂ  avoir Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e, et qui fut annoncĂ©e aux actionnaires lors de leur assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du 17 mars 1845 D’aprĂšs un examen trĂšs approfondi de nos ingĂ©nieurs, et la constatation des rĂ©sultats obtenus en Angleterre, nous faisons Ă©tablir les tubes d’aprĂšs le systĂšme de MM. Clegg et Samuda, qui est appliquĂ© sur le chemin de Kingstown Ă  Dalkey et en cours d’exĂ©cution sur les lignes de Londres Ă  Croydon et d’Exeter Ă  Plymouth. » Mais quid, dĂšs lors, du systĂšme français de M. Hallette ? D’aprĂšs l’article 2 de la convention du 20 septembre 1844, la compagnie devait lui offrir des facilitĂ©s rĂ©elles d’expĂ©rimentation, sous rĂ©serve que l’administration ait Ă©tĂ© satisfaite de l’état d’avancement des essais Ă  Arras. Cette question fut dĂ©battue par le Conseil des Ponts et ChaussĂ©es dans sa sĂ©ance du 7 juillet 1845, Ă  la suite du rapport de Mallet concluant, comme nous l’avons vu, aux avantages des lĂšvres pneumatiques. Notant que l’inventeur avait bien fait son essai dans le temps voulu, c’est-Ă -dire dans un dĂ©lai de moins de six mois aprĂšs l’homologation de l’accord avec la compagnie du Saint-Germain, Mallet croyait que cet essai fait Ă  Arras Ă©tait en effet suffisamment satisfaisant pour motiver l’exĂ©cution de l’article 2. Mais il reconnaissait en mĂȘme temps qu’en suivant Ă  la lettre les prescriptions de la convention on verrait, d’un cĂŽtĂ©, la compagnie faisant Ă  contre cƓur une expĂ©rience coĂ»teuse dont elle n’attend rien, et de l’autre, M. Hallette assistant, impuissant pour l’empĂȘcher, Ă  l’enterrement de son systĂšme. » Mise au vote, la question - l’expĂ©rience faite Ă  Arras du procĂ©dĂ© dont M. Hallette est l’inventeur est-elle assez satisfaisante pour qu’il y ait lieu d'exĂ©cuter l'article 2 de la convention annexĂ©e Ă  la loi du 2 novembre 1844 » - reçut huit voix affirmatives, quatre nĂ©gatives et cinq abstentions. Mais, en fin de compte, et nonobstant cet avis majoritairement favorable, l’article 2 de la convention ne reçut aucune application, ni pour le systĂšme Hallette, ni en ce qui concernait celui de Pecqueur. 28 DĂ©bats des 19 et 20 juin 1845, transcrits dans CALLITE, Anne. La construction du matĂ©riel roulant f ... 14Dans la sĂ©ance de la Chambre des dĂ©putĂ©s du 20 juin 1845, consacrĂ©e Ă  la discussion du budget du ministĂšre des Travaux publics, François Arago, en tant que rapporteur de la loi du 5 aoĂ»t 1844, revint sur la convention avec le Saint-Germain, estimant que les conditions lĂ©onines » imposĂ©es Ă  Hallette pour que son systĂšme puisse ĂȘtre essayĂ© n’était pas en accord avec l’esprit de la loi. Pourtant, et selon l’opinion de William Cubitt, ingĂ©nieur habile et faisant autoritĂ© en pareille matiĂšre, ce systĂšme paraissait trĂšs digne d’ĂȘtre essayĂ©. D’aprĂšs l’exposĂ© des motifs du ministre lui-mĂȘme, la loi devait permettre un essai comparatif, sur deux voies diffĂ©rentes, des systĂšmes français et anglais. Mais, face aux idĂ©es prĂ©conçues d’ingĂ©nieurs trĂšs habiles attachĂ©s Ă  la compagnie du Saint-Germain », cette Ă©preuve comparative paraissait oubliĂ©e et la subvention votĂ©e par les chambres Ă©tait surtout absorbĂ©e par la construction d’un nouveau pont sur la Seine. LĂ , le ministre rĂ©torqua qu’Arago Ă©tait un savant cĂ©lĂšbre tandis que lui Ă©tait administrateur Il [Arago] veut des expĂ©riences scientifiques, pour l’avancement de la science ; je veux l’avancement de la construction des chemins de fer28. » Le chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain construction 29 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire de la Compagnie de Saint-Germain, 8 novembre 1844, reproduite dan ... 30 Sommier des chemins de fer, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaa ... 15Et, Ă  cette date, en juin 1845, la construction de la nouvelle ligne montant Ă  Saint-Germain Ă©tait, en effet, assez bien avancĂ©e. Lors de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire de la compagnie du 8 novembre 1844, la direction avait reçu l’approbation unanime des actionnaires pour la convention signĂ©e avec le ministre et homologuĂ©e par l’ordonnance du 2 novembre. L’ingĂ©nieur Charles Vignoles, rĂ©vĂ©la Émile Pereire, venait de visiter le tracĂ© du plan inclinĂ© de Saint-Germain, n’hĂ©sitant pas Ă  dĂ©clarer que nul point en France n’était mieux placĂ© pour mettre en Ă©vidence les avantages de ce nouveau procĂ©dĂ©29 ». Le dĂ©lai imposĂ© par l’examen en Conseil d’État des rĂ©clamations de la compagnie de Rouen avait Ă©tĂ© mis Ă  profit pour une Ă©tude plus dĂ©taillĂ©e du tracĂ© du chemin entre le bois du VĂ©sinet et le plateau, traversant une partie de la forĂȘt de Saint-Germain. Les premiers plans et un mĂ©moire descriptif de cette Ă©tude furent transmis Ă  l’administration des Ponts et ChaussĂ©es le 13 novembre30. Dans sa haute sollicitude pour tous les intĂ©rĂȘts publics, annonça Pereire, le Roi, aprĂšs s’ĂȘtre fait rendre compte de nos plans et de nos Ă©tudes, a bien voulu nous accorder l’autorisation de placer notre chemin dans cette partie des domaines de la Couronne. » Enfin, les ingĂ©nieurs de la compagnie avaient pu dresser un devis global pour les travaux rĂ©sultant de la convention, s’élevant Ă  environ quatre millions de francs, dont un million pour l’achat et la pose de l’appareillage atmosphĂ©rique et trois pour l’acquisition des terrains et les travaux d’art et de terrassement. DĂ©duction faite de la subvention de l’État, une somme de 2 200 000 F restait donc Ă  rĂ©gler avec les ressources propres de la compagnie, l’annuitĂ© de 20 000 F, payable pendant dix ans par la ville de Saint-Germain, ne venant qu’en attĂ©nuation des charges rĂ©sultant des travaux. 31 ApprouvĂ©e par l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires du 1er mars 1845, cette augmentation du capital ... 32 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires du Saint-Germain, 11 dĂ©cembre 1844, reproduite dans VILLEDEUIL, ... 16ConvoquĂ©e le 11 dĂ©cembre 1844, une nouvelle assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale apprit l’intention du conseil d’administration de procĂ©der Ă  l’émission de six mille actions nouvelles, pour porter le capital social de la compagnie de six Ă  neuf millions de francs, augmentation nĂ©cessaire surtout pour pourvoir aux dĂ©penses de l’essai atmosphĂ©rique mais aussi pour couvrir celles des travaux d’agrandissement et d’amĂ©lioration de la gare Saint-Lazare31. Soumis Ă  l’assemblĂ©e, le plan indiquant le tracĂ© du chemin atmosphĂ©rique dans Saint-Germain et, en particulier, la situation avantageuse de la gare d’arrivĂ©e, venait de recevoir l’approbation du Conseil des Ponts et ChaussĂ©es fig. n° 2. GrĂące Ă  l’empressement de l’intendant gĂ©nĂ©ral de la liste civile, les terrains sur lesquels les travaux devaient ĂȘtre entrepris Ă©taient dĂ©jĂ  mis Ă  la disposition de la compagnie Les arbres sont abattus sur toute la longueur du tracĂ© dans le bois du VĂ©sinet, et des puits d’extraction ont Ă©tĂ© ouverts dans la forĂȘt de Saint-Germain pour reconnaĂźtre la nature du terrain et pour commencer la galerie souterraine qui doit servir de passage au chemin sous la terrasse ; les marchĂ©s se prĂ©parent et toutes les mesures sont prises pour imprimer la plus grande activitĂ© aux travaux dĂšs que la saison le permettra32. » Figure 2 TracĂ© du chemin de fer atmosphĂ©rique entre Le Pecq et Saint-Germain, traversant le Bois du VĂ©sinet, la Terrasse et la ForĂȘt de St Germain et arrivant par le Parterre sur la Place du chĂąteau, plan signĂ© par l’ingĂ©nieur des domaines de la couronne et datĂ© du 7 dĂ©cembre 1844. Ce plan ne montre pas encore l’emplacement de la station d’arrivĂ©e du chemin de fer en face du chĂąteau. Archives nationales, F/14 10337 2 N° 1 © Archives nationales. 33 AN F 14 10912/108 ; un plan, datĂ© du 7 dĂ©cembre 1844 fig. 52, signĂ© par l’ingĂ©nieur des domaines ... 17Pour cette partie du chemin Ă  construire entre le bois du VĂ©sinet et le plateau de Saint-Germain, prĂ©sentant un dĂ©veloppement total de 3 733 m, le projet soumis par Émile Pereire et EugĂšne Flachat avait en effet reçu l’approbation du Conseil des Ponts et ChaussĂ©es dans sa sĂ©ance du 2 dĂ©cembre 1844, suivant le rapport d’une commission composĂ©e de Kermaingant, Le Masson et Robinot33. Le Conseil put noter dĂ©jĂ , Ă  cette occasion, quelques entorses faites au programme Ă©tabli au mois d’aoĂ»t par sa section des chemins de fer. Ainsi, afin de rester dans les conditions les plus favorables d’une bonne exploitation », la compagnie n’admettait pas dans le tracĂ© des courbes infĂ©rieures Ă  500 m de rayon, le programme ayant pourtant prĂ©vu des courbes de moins de 300 m. Le tracĂ© ne comprenait pas non plus de pentes et rampes alternatives mais, ici, Legrand vint Ă  la dĂ©fense de la compagnie en arguant que le retour, en descendant du plateau, serait l’équivalent d’un profil en pente et contre-pente successives. Pour le mĂȘme motif de bonne exploitation », la nouvelle voie projetĂ©e ne comprenait aucun passage Ă  niveau, ce dispositif, Ă©galement rĂ©clamĂ© par le programme, Ă©tant rĂ©servĂ© Ă  la partie du chemin en plaine, vers Nanterre. Une discussion eut lieu quant au point d’arrivĂ©e Ă  Saint-Germain, oĂč la compagnie s’était rĂ©solue Ă  placer son dĂ©barcadĂšre Ă  huit mĂštres en contrebas du sol, permettant de passer sous le niveau des avenues voisines sans changer l’aspect gĂ©nĂ©ral du parterre devant la façade du chĂąteau. Cette position, approuvĂ©e par le Conseil en dĂ©pit de l’opposition de quatre de ses membres, permettait en outre de diminuer d’autant le dĂ©nivelĂ© total Ă  racheter et, par consĂ©quent, l’importance des travaux d’art Ă  exĂ©cuter pour la traversĂ©e du fleuve. De surcroĂźt, selon l’un des membres du Conseil favorable Ă  cette disposition, la tranchĂ©e faisant suite Ă  la gare et Ă  la percĂ©e souterraine de la terrasse servirait la ville de Saint-Germain, qui pourrait mieux se dĂ©barrasser des eaux infectes qui nuisaient Ă  ses abords et Ă  la forĂȘt voisine
 34 BOULET, François. Les Pereire et l’arrivĂ©e du chemin de fer au travers des dĂ©bats saint-germanois. ... 18AprĂšs ce premier feu vert du Conseil des Ponts et ChaussĂ©es, la Compagnie put nĂ©gocier l’acquisition des parcelles pour l’installation du dĂ©barcadĂšre, signant un contrat avec la ville le 16 janvier 1845 qui mit Ă  la charge de celle-ci les travaux d’abaissement du niveau de la place, ainsi que la fourniture d’eau pour la machine Ă  vapeur34. Le 14 avril 1845, le Conseil donna son approbation aux projets des ouvrages d’art de la ligne comportant, rive droite, deux ponts pour le passage des routes, un pont sur deux bras de la Seine, un viaduc suivi d’un tunnel sous la terrasse de Saint-Germain, une tranchĂ©e dans la forĂȘt et un deuxiĂšme souterrain avant la gare. Le Conseil fit quelques retouches Ă  ces projets en prĂ©cisant par exemple la largeur et la hauteur des chemins de halage sous le pont et en demandant l’amĂ©nagement de trottoirs garnis de garde-corps en charpente pour les gens de pied » empruntant le pont et le viaduc. Quant Ă  la gare d’arrivĂ©e, il demanda, pour l’accĂšs au parterre, la crĂ©ation d’un passage de douze mĂštres de large entre le fossĂ© du chĂąteau et le bĂątiment de la gare. Le 21 avril, enfin, aprĂšs consultation sur place des ingĂ©nieurs de la navigation et des mariniers concernĂ©s, le Conseil approuva le projet dĂ©finitif du pont sur la Seine et l’orientation de ses piles. 35 ETIENNE, Ch. Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, Notice descriptive des travaux d’art et ... 36 Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et app ... 19Avant tout dĂ©ploiement de l’appareillage atmosphĂ©rique, la construction du chemin de fer nĂ©cessitait la rĂ©alisation d’une succession assez spectaculaire d’ouvrages d’art, concentrĂ©e sur un parcours de moins de quatre kilomĂštres35. Comme on l’a vu, Ă  partir de l’embranchement dans le bois du VĂ©sinet, le tracĂ© de la nouvelle ligne dĂ©crivait vers le nord une forme parabolique, motivĂ©e Ă  la fois par la configuration du terrain et par le nouveau systĂšme de propulsion. Pour monter sur la colline oĂč Ă©tait implantĂ©e la ville, placĂ©e perpendiculairement Ă  l’arrivĂ©e de la ligne existante, la poursuite de celle-ci en ligne droite aurait requis un pont et un viaduc de proportions trop gigantesques et d’une pente encore trop abrupte, tandis que le tracĂ© en courbe amĂ©nageait une pente progressive et permettait en mĂȘme temps au pont de passer en ligne droite par l’üle de la CorbiĂšre. RĂ©unies par un remblai de cinquante mĂštres de long traversant l’üle, les deux parties du pont Ă©taient rĂ©alisĂ©es en bois, sur le modĂšle du pont d’AsniĂšres, les six arches, de 31 m d’ouverture, s’appuyant sur des piles en maçonnerie fondĂ©es chacune sur 150 pieux. Le viaduc, construit en moellons et meuliĂšre et comportant vingt arches mesurant 11,9 m entre les piles et d’une hauteur moyenne de 18 m, chacune Ă©galement fondĂ©e sur des pieux et un massif de bĂ©ton encaissĂ© dans des palplanches fig. n° 3. La voie se poursuivait ensuite par une courbe de mille mĂštres de rayon, Ă  laquelle succĂ©dait une section sur remblai formant une tangente de mille mĂštres de longueur, avec l’inclinaison, maximale, de 3,5 cm par mĂštre. Comme l’expliquait Flachat dans une note publiĂ©e par Armengaud36, cette courbe parabolique, avec sa rampe croissante au fur et Ă  mesure qu’elle s’approchait de Saint-Germain, convenait au systĂšme atmosphĂ©rique dans lequel, selon l’expĂ©rience, le vide dans le tube de propulsion devenait de plus en plus parfait en se rapprochant des machines aspirantes d’une part, la longueur de la soupape par laquelle s’effectuaient d’inĂ©vitables rentrĂ©es d’air allait diminuant ; d’autre part, la quantitĂ© d’air rarĂ©fiĂ© poussĂ©e dans le tube devant le piston formait un volume de moins en moins considĂ©rable Ă  absorber par les pompes. Celles-ci Ă©taient abritĂ©es dans un grand bĂątiment Ă©difiĂ© sur le bord de la terrasse aprĂšs le passage des voies dans un souterrain de 305 m, creusĂ© sous la terrasse, et une tranchĂ©e de 380 m dans la forĂȘt. Ensuite, sur un palier horizontal de 180 m, passant par un second souterrain de 95 m, la voie arrivait en gare. Figure 3 Arche du viaduc du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain en construction. L’Illustration, 29 aoĂ»t 1846. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 37 L’Illustration, 29 novembre 1845. Flachat s’était entourĂ©, pour ce chantier considĂ©rable, d’une Ă©qu ... 38 Journal des Chemins de Fer, 9 aoĂ»t 1845. 39 Journal des Chemins de Fer, 26 avril et 4 octobre 1845 et 11 avril 1846. 40 L’Illustration, 29 novembre 1845. 20ConfiĂ©s Ă  l’entrepreneur Peaucellier fils et conduits par EugĂšne Flachat avec la science d’un vieil ingĂ©nieur et l’ardeur d’un jeune capitaine de l’armĂ©e industrielle37 », ces travaux, commencĂ©s en avril 1845, furent menĂ©s bon train, suivis de prĂšs par la presse et par l’administration. Le 5 aoĂ»t, Flachat accueillit les ministres de l’IntĂ©rieur et des Travaux publics, accompagnĂ©s par Legrand, pour une visite du chantier, les emmenant, Ă  la lumiĂšre de torches, Ă  travers la galerie souterraine percĂ©e sous la terrasse38. MalgrĂ© son hostilitĂ© toute libĂ©rale au projet, le Journal des Chemins de Fer ne pouvait qu’admirer les travaux d’art. En ce qui concernait le dĂ©barcadĂšre, remarqua-t-il, Il n’existe certainement pas en France une gare de chemin de fer situĂ©e dans des conditions aussi avantageuses et dans une aussi magnifique exposition. » Quant au viaduc, il prĂ©sente l’aspect le plus imposant, d’une remarquable simplicitĂ© et d’une Ă©conomie trĂšs sensible. » Dans l’ensemble, selon le journal, les travaux d’art du chemin atmosphĂ©rique pouvaient ĂȘtre citĂ©s comme des modĂšles d’élĂ©gance et de lĂ©gĂšretĂ©, n’excluant en aucune façon une soliditĂ© rigoureuse
 le souterrain et le viaduc prĂ©sentent un aspect extrĂȘmement pittoresque et ils ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s avec un soin remarquable39. » L’Illustration, pour sa part, notant l’état d’avancement des bĂątiments Ă©levĂ©s Ă  Nanterre et Ă  Chatou pour abriter les machines fixes de cette partie du chemin, Ă©tait particuliĂšrement admirative des cheminĂ©es, de grande hauteur pour crĂ©er un tirage puissant dans les foyers Elles mĂ©ritent Ă  elles seules l’approbation des connaisseurs et leur aspect, au point de vue industriel, est vraiment monumental. On peut regretter que les lignes du paysage soient coupĂ©es par ces Ă©normes obĂ©lisques en briques rouges, mais nous ne faisons pas fonction d’artiste en ce moment et nous trouvons d’ailleurs que les grandes constructions de l’industrie ont aussi leur poĂ©sie40. » Figure 4 Emplacement du nouveau dĂ©barcadĂšre Ă  Saint-Germain, en face de l’ancien chĂąteau royal. DĂ©tail d’un plan gravĂ© par Dulos d’aprĂšs Adolphe Masson, Ă©ditĂ© par L. Mathias Augustin, 15 quai Malaquais, Paris, 1845. Archives nationales F/14 11171. © Archives nationales. 41 Celle-ci ne montre pas le cadran d’horloge au-dessus de l’entrĂ©e de la gare, attestĂ© par des photog ... 42 Voir ZIRMI, Tiphaine. Alfred Armand 1805-1886, un architecte collectionneur. ThĂšse de l’École des ... 21Le 20 dĂ©cembre 1845, le Journal des Chemins de Fer annonça que la nouvelle gare de Saint-Germain Ă©tait presque achevĂ©e, prĂȘte Ă  recevoir son ornementation intĂ©rieure et sa couverture en fer. De plan rectangulaire, avec une avancĂ©e en demi-rotonde vers la ville, ce bĂątiment abritait une grande salle des pas perdus et des salles d’attente fig. n° 4. Avec ses hautes baies vitrĂ©es en plein cintre sĂ©parĂ©es par des pilastres et son entrĂ©e flanquĂ©e de colonnes Ă  chapiteaux ioniques, son apparence pouvait l’apparenter - chĂąteau oblige ? - Ă  une orangerie. Le bĂątiment s’élevait de plain-pied sur la place, des escaliers descendant vers les quais situĂ©s sept mĂštres plus bas. MontrĂ©e par une gravure dans L’Illustration du 29 aoĂ»t 184641 fig. n° 5, la gare Ă©tait l’Ɠuvre d’Alfred Armand, entrĂ© au service de la compagnie en 1836, sans doute grĂące Ă  son ami l’ingĂ©nieur Émile Clapeyron, pour devenir ensuite l’architecte attitrĂ© des Pereire dans toutes leurs entreprises ferroviaires, immobiliĂšres et privĂ©es42. Figure 5 DĂ©barcadĂšre du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain. Noter, Ă  droite du bĂątiment, des ouvriers du chantier en train de dĂ©placer une section du tube de propulsion, et, au fond Ă  droite, le bĂątiment des machines avec sa cheminĂ©e. L’Illustration, 29 aoĂ»t 1846. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 22Auteur dĂ©jĂ , donc, de la gare du Pecq, de l’embarcadĂšre provisoire de la place de l’Europe et de la premiĂšre gare dĂ©finitive de Saint-Lazare, son nom, assez curieusement, ne semble pas ĂȘtre citĂ© dans les textes contemporains, qui n’oublient pas, pourtant, de mentionner celui du fournisseur de la couverture de l’édifice Joly d’Argenteuil. 23Le 18 mars 1846, dans son rapport Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la compagnie, Émile Pereire put ainsi informer les actionnaires que les travaux d’art entre l’embranchement du bois du VĂ©sinet et l’esplanade du chĂąteau Ă©taient en cours d’achĂšvement sur la premiĂšre partie du chemin, du bois jusqu’au pont sur la Seine, la pose des voies Ă©tait dĂ©jĂ  en cours d’exĂ©cution ; le viaduc aussi Ă©tait prĂȘt Ă  recevoir le ballast et les voies ; s’il restait encore quelque 75 m Ă  dĂ©blayer dans la tranchĂ©e de la forĂȘt, le souterrain du parterre et la gare de Saint-Germain Ă©taient Ă©galement terminĂ©s. L’ensemble de nos travaux a Ă©tĂ© dirigĂ© par M. EugĂšne Flachat, qui s’est acquittĂ© de la tĂąche que le Conseil lui avait confiĂ©e avec autant de talent que d’activitĂ©. » fig. n° 6. Enfin, quant au succĂšs dĂ©finitif du systĂšme atmosphĂ©rique, les actionnaires pouvaient puiser une sĂ©curitĂ© nouvelle dans les rĂ©sultats produits par la mise en service rĂ©gulier, depuis janvier, du chemin de fer de Croydon Notre compagnie a pu appliquer Ă  son profit les donnĂ©es de cette intĂ©ressante expĂ©rience. » Figure 6 EugĂšne Flachat s’adresse aux membres du conseil d’administration d’une compagnie ferroviaire. L’un des quatre bas-reliefs sur le socle du monument Ă©rigĂ© 1897 en l’honneur de l’ingĂ©nieur, initiateur du gĂ©nie civil en France », boulevard Pereire, Paris XVIIe arrondissement, sculpteur Alfred Boucher. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 24Les nouvelles, cependant, n’étaient pas toutes aussi positives. Les dĂ©penses d’établissement du chemin s’élevaient dĂ©jĂ , au 31 dĂ©cembre 1845, Ă  1 973 594 F, et la compagnie n’avait encore reçu que 200 000 F sur les 1 790 000 dus par l’État. Enfin, la fabrication des tubes de propulsion, commandĂ©s aux premiers Ă©tablissements mĂ©tallurgiques » du pays, avait rencontrĂ© des difficultĂ©s. De fait, aucune section de tube n’était encore livrĂ©e. Face Ă  ce retard, la compagnie s’était rĂ©solue Ă  diviser l’expĂ©rience du systĂšme atmosphĂ©rique en deux parties, concentrant ses efforts d’abord sur l’établissement d’une circulation rĂ©guliĂšre Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la ligne franchissant la rampe d’accĂšs Ă  la gare de Saint-Germain depuis le bois du VĂ©sinet. C’était, Ă  vrai dire, la seule partie vraiment importante de l’expĂ©rience. La seconde section, sur le chemin de niveau entre Nanterre et Le VĂ©sinet, Ă©tait proche dans ses conditions du chemin de Croydon Ă  Londres ; d’un intĂ©rĂȘt scientifique secondaire, elle pouvait venir plus tard. 43 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires de la Compagnie du Saint-Germain, 8 mars 1844, citĂ© par VILLEDE ... 25Pour ce qui Ă©tait de la conception et de la mise en Ɠuvre de l’appareillage atmosphĂ©rique, Flachat, comme nous l’avons vu, avait pu effectuer en 1844 une visite d’étude d’un mois en Irlande, oĂč il rencontra les directeurs du Kingstown-Dalkey, et en Angleterre, oĂč il eut des contacts avec Brunel et Cubitt. En France, il put profiter des conseils de Charles Vignoles, ainsi que de l’ingĂ©nieur Émile Clapeyron, membre de l’équipe ayant conçu la premiĂšre partie de la ligne de Paris au Pecq. Comme le prĂ©cise Pereire, bien que rentrĂ© au service de l’État pour la partie mĂ©canique du chemin de fer du Nord, Clapeyron reste attachĂ© Ă  notre compagnie non seulement en qualitĂ© de conseil mais encore et surtout par le lien de rapports que douze annĂ©es de travaux exĂ©cutĂ©s avec son concours ont Ă©troitement cimentĂ©s43 ». Flachat bĂ©nĂ©ficia Ă©galement des derniĂšres amĂ©liorations apportĂ©es Ă  leur systĂšme par Clegg et les Samuda, Ă  la suite de son application depuis un an sur la ligne irlandaise. Ces amĂ©liorations - notamment un projet pour la construction d’un piston disposĂ© de maniĂšre Ă  se dĂ©placer dans les tubes du petit comme du grand diamĂštre et Ă  passer sans interruption de l’un Ă  l’autre - furent rĂ©sumĂ©es dans le brevet d’importation et de perfectionnement de quinze ans demandĂ© en France le 31 octobre 1844, toujours au nom de James Bonfil. C’était ce brevet qu’exploita la compagnie du Saint-Germain fig. n° 7, n° 8. Figure 7 Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, voie, soupapes et wagon directeur. Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre, 1848. Planche 9. © SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, Paris. Figure 8 Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, wagon directeur. Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre, 1848. Planche 10. © SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, Paris. 44 La coĂŻncidence chronologique entre les deux initiatives est frappante au mois de dĂ©cembre 1844, p ... 45 Voir d’AUCLAIR, Alain. Les ingĂ©nieurs et l’équipement de la France, EugĂšne Flachat 1802-1873. Le ... 46 Brunel avait des relations Ă©pistolaires avec Adolphe d’Eichthal, mais, dans les photocopies de docu ... 47 Journal des Chemins de Fer, 12 septembre 1846. 26Ainsi, Flachat se lança-t-il dans ses travaux atmosphĂ©riques avec les mĂȘmes acquis, et, apparemment, le mĂȘme optimisme que Brunel sur le South Devon, oĂč les travaux se trouvaient alors dans un Ă©tat d’avancement tout Ă  fait comparable44. Les deux hommes se connaissaient de longue date, Flachat ayant rencontrĂ© le pĂšre et le fils Ă  l’occasion de leurs travaux sur le tunnel sous la Tamise45. On ne sait pas si, dans leurs entreprises atmosphĂ©riques respectives, il y eut des collaborations et des Ă©changes techniques directs, une certaine Ă©mulation ou mĂȘme, peut-ĂȘtre, une sorte de rivalitĂ© trans-Manche46. Nous savons, en revanche, par le Journal des Chemins de Fer, que Brunel visita le chantier de Saint-Germain en septembre 1846, vraisemblablement sur le chemin de retour d’un nouveau voyage en Italie pour le projet de ligne avortĂ© entre GĂȘnes et Turin M. Brunel a examinĂ© lundi dernier, avec M. Samuda, qui se trouvait Ă  Paris, les travaux du chemin de fer atmosphĂ©rique en construction Ă  Saint-Germain ; il est entrĂ© dans les plus grands dĂ©tails. Ces messieurs ont adressĂ© Ă  M. EugĂšne Flachat leurs fĂ©licitations pour le soin et l’habiletĂ© qu’il a dĂ©ployĂ©s dans l’exĂ©cution si dĂ©licate de ce bel appareil. L’expĂ©rience qui va ĂȘtre faite Ă  Saint-Germain a paru de la plus grande importance, parce qu’elle s’applique Ă  l’une des plus graves difficultĂ©s qui puissent se rencontrer dans le tracĂ© des chemins de fer. Ils ont manifestĂ© l’espoir qu’à l’aide des fortes proportions du tube placĂ© sur la rampe, la vitesse des convois ne serait pas ralentie et que si le point de dĂ©part de ce tube Ă©tait placĂ© Ă  une distance telle que la rampe pĂ»t ĂȘtre abordĂ©e Ă  une bonne vitesse, les convois les plus lourds des jours de grand service pourraient la franchir avec une assez grande cĂ©lĂ©ritĂ© pour que le temps du parcours de Paris Ă  Saint-Germain soit Ă©gal Ă  celui qu’on met aujourd’hui pour arriver au Pecq47. » Figure 9 Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, machines horizontales motrices. Figure 1 Plan gĂ©nĂ©ral vu en dessus montrant les deux machines accouplĂ©es et leur transmission de mouvement. Figure 2 Coupe verticale de l’une des machines et sa pompe. Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre, 1848. Planche 12. © SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, Paris. 48 Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et app ... 49 Il s’agissait, d’aprĂšs les relevĂ©s mensuels de la compagnie sur le mouvement des voyageurs et le po ... 27À la diffĂ©rence de la ligne de Brunel dans le Devon, toutefois, l’extension du Saint-Germain n’avait pas pour ambition d’établir une circulation atmosphĂ©rique dans les deux sens, se contentant de reproduire - et de parfaire - l’expĂ©rience de Dalkey, c’est-Ă -dire avec une montĂ©e atmosphĂ©rique et un retour par gravitĂ©. D’ailleurs, selon Armengaud, Ă  Saint-Germain, on a copiĂ© exactement le systĂšme irlandais48. » Mais, si ces deux lignes Ă©taient de longueur presque identique - 2 177 m Ă  Dalkey et 2 171 m en France -, la pente Ă  Saint-Germain, de 2,5 cm en moyenne mais s’élevant Ă  3,5 cm par mĂštre vers la terrasse, Ă©tait bien plus importante que celle de Dalkey, qui Ă©tait de 1,75 cm par mĂštre en moyenne. DĂšs lors, et en fonction d’une vitesse dĂ©sirĂ©e de 16 Ă  17 m par seconde pour un train de 55 tonnes49, Flachat calcula qu’un tube de propulsion de 38 cm de diamĂštre, type Dalkey, conviendrait pour la partie du chemin en plaine entre Nanterre et le bois du VĂ©sinet, mais que la rampe montant Ă  Saint-Germain nĂ©cessiterait un tube de plus forte proportion, de 63 cm de diamĂštre. C’était lĂ  une innovation assez majeure par rapport aux lignes anglaises et irlandaise, requĂ©rant une soupape d’entrĂ©e spĂ©ciale et, surtout, des pompes de plus grande capacitĂ© mues par des machines fixes plus puissantes fig. n° 9. 50 Rappelons ici l’expĂ©rience acquise par Flachat dans la conception de machines soufflantes - auxquel ... 51 Sur les Ă©tablissements Meyer et Cie, fondĂ©s Ă  Mulhouse en 1835 et devenus en 1844 l’un des Ă©t ... 28Pour celles-ci, la compagnie fit appel Ă  trois constructeurs diffĂ©rents, chacun travaillant d’aprĂšs des plans d’ensemble Ă©tudiĂ©s par Flachat lui-mĂȘme50. La machine fixe de Chatou, de 200 chevaux, fut commandĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© John Cockerill, de Seraing, prĂšs de LiĂšge en Belgique fig. n° 10, n° 11, celle de Nanterre, Ă©galement de 200 chevaux, Ă  la sociĂ©tĂ© Meyer de Mulhouse51 et celle de Saint-Germain, de 400 chevaux, Ă  l’entreprise d’Alfred Hallette d’Arras. Figure 10 Chemin de fer atmosphĂ©rique, machines horizontales motrices Saint-Germain. L’ensemble de la machine de Chatou, montĂ©e sur son massif de maçonnerie. Dessin conservĂ© dans le portefeuille des machines du CNAM Inventaire, Armengaud aĂźnĂ©. © MusĂ©e des arts et mĂ©tiers. Figure 11 Chemin de fer atmosphĂ©rique, machines horizontales motrices Saint-Germain. DĂ©tail du cylindre de la machine de Chatou. Dessin conservĂ© dans le portefeuille des machines du CNAM Inventaire, Armengaud aĂźnĂ©. © MusĂ©e des arts et mĂ©tiers. 52 HypothĂšse de Jacques Payen pour qui cette installation Ă  Saint-Germain, destinĂ©e Ă  renflouer l’entr ... 29Il est possible de voir dans cette derniĂšre commande un geste de compensation aprĂšs le refus, par la compagnie, de toute expĂ©rimentation de la soupape de Hallette pĂšre52. L’installation exĂ©cutĂ©e par le fils Ă  Saint-Germain comportait en fait deux machines parallĂšles et indĂ©pendantes, agissant sur deux machines pneumatiques distinctes. Chaque machine Ă  vapeur Ă©tait composĂ©e de deux grands cylindres placĂ©s horizontalement sur un fort massif en pierre de taille formant Ă©tage. GuidĂ© par des glissiĂšres, le mouvement des pistons - une course de 2,20 m - se rĂ©unissait par leurs bielles respectives Ă  un arbre de couche unique portant un volant de cinq mĂštres de diamĂštre et, au centre, une roue dentĂ©e de vingt dents. CalĂ©e sur un autre arbre transversal, parallĂšle au premier, une seconde roue dentĂ©e, de cinq mĂštres de diamĂštre et munie de cent dents, s’engrenait avec la premiĂšre fig. n° 12. Figure 12 Chemin de fer atmosphĂ©rique, machines horizontales motrices Saint-Germain. DĂ©tail des engrenages de la machine de Chatou. Dessin conservĂ© dans le portefeuille des machines du CNAM Inventaire, Armengaud aĂźnĂ©. © MusĂ©e des arts et mĂ©tiers. 30Le second arbre, placĂ© au-delĂ  du bord du massif, Ă©tait soutenu par un fort bĂąti en fonte dont les colonnes prenaient appui sur le sol infĂ©rieur de la salle. Aux extrĂ©mitĂ©s de ce second arbre, des manivelles s’articulaient avec une bielle verticale transmettant le mouvement aux pistons des deux cylindres pneumatiques, placĂ©s verticalement en contrebas du massif. Ces pompes, de 2,52 m de diamĂštre chacune, Ă©taient Ă  double effet, Ă©puisant l’air Ă  chaque mouvement du piston, dont la course Ă©tait de deux mĂštres. Elles Ă©taient surmontĂ©es d’une plate-forme de circulation et entourĂ©es chacune d’une chemise en tĂŽle Ă  l’intĂ©rieur de laquelle circulait de l’eau froide afin de rafraĂźchir le mĂ©tal, qui s’échauffait avec la dilatation de l’air aspirĂ© du tube. Les quatre corps de pompe, travaillant ensemble, pouvaient Ă©puiser huit mĂštres cubes d’air Ă  la seconde, calculĂ©s pour produire le vide dans le tube de propulsion sur un parcours de 5 200 m, jusqu’à Chatou, et maintenir ce vide pendant l’ascension du train. 53 FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire ... 54 Une description dĂ©taillĂ©e des machines, accompagnant la planche, est donnĂ©e par Armengaud AĂźnĂ©, Che ... 55 Pompe Ă  Ă©puiser l’air dans le tube du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, dessin de P. ... 56 Sur ces machines verticales Ă  mouvement direct les pistons de la pompe Ă  air sont liĂ©s directement ... 57 Baude, Louis-Alphonse. Note sur le chemin de fer atmosphĂ©rique de South-Devon Devonshire en Angle ... 31Cette brĂšve description de l’installation Ă  Saint-Germain peut donner une idĂ©e de son gigantisme, qui impressionnait, justement, tous les observateurs Le Moniteur Universel du 22 fĂ©vrier 1847, par exemple, qui dĂ©crit l’immense bĂątiment en pierres, briques et roches meuliĂšres, dominant le plateau de la forĂȘt, un de ces asiles de l’industrie moderne, avec ses longues cheminĂ©es obĂ©liscales, puis lĂ -dessous de vastes fourneaux comme l’imagination peut seule en supposer, des feux titanesques vomissant la flamme par toutes les bouches, d’immenses cylindres agitant horizontalement leurs gigantesques arbres de fer, un bruit qui laisse bien derriĂšre lui tous ceux que produisent les pompes Ă  feu connues, et au milieu de ce fracas Ă©tourdissant, de ces roues larges comme des arcs de triomphe, de ces chaĂźnes s’enroulant, de ces leviers tombant et se relevant avec une force surnaturelle, des mĂ©caniciens calmes et attentifs, dirigeant tout par la pensĂ©e, prĂ©cipitant ou arrĂȘtant sans effort les mouvements les plus impĂ©tueux de la terrible machine, de cet appareil qui lance dans l’espace ou attire Ă  lui ces masses roulantes, par l’absorption de l’air atmosphĂ©rique. » Louis Figuier, dĂ©crivant le chemin de fer vers 1867, se souvient aussi des machines pneumatiques comme la partie la plus curieuse et la plus remarquable du matĂ©riel atmosphĂ©rique. Leurs proportions Ă©taient gigantesques [
] Rien n’était curieux Ă  voir comme ces immenses machines, immobiles et silencieuses, qui tout d’un coup s’éveillaient pour agiter leurs gigantesques leviers. Trois minutes aprĂšs, le convoi passait comme un Ă©clair, puis tout retombait dans le silence53. » La monumentalitĂ© des machines, mesurable dans les dessins cotĂ©s d’Armengaud54, est plus sensible encore dans les vues perspectives publiĂ©es par L’Illustration dans son numĂ©ro du 17 avril 1847 fig. n° 13 ou par Le Magasin Pittoresque, en janvier 185155 fig. n° 14. Dans ces deux reprĂ©sentations, l’échelle est donnĂ©e par des personnages, des agents de la compagnie dans la premiĂšre, des visiteurs de marque dans la seconde. Pesant en tout plus de 400 tonnes, machines, transmissions et pompes comprises, l’ensemble Ă©tait autrement plus puissant que la machine de Fairbairn Ă  Dalkey 100 chevaux ou que celles, de 42 ou 68 chevaux, livrĂ©es vers la mĂȘme Ă©poque pour la ligne du South Devon56. Les cylindres des pompes Ă  air, lĂ -bas, n’avaient que 51 pouces 1,41 m de diamĂštre, avec une course de piston de six pieds 1,81 m57. Figure 13 Vue des machines pneumatiques de Saint-Germain. L’Illustration, 17 avril 1847. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. Figure 14 Pompes Ă  Ă©puiser l’air dans le tube du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, dessin de P. Blanchard, Le Magasin Pittoresque, 1851, p. 45. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 58 FondĂ©s en 1818 et spĂ©cialisĂ©s tout d’abord dans la fabrication du matĂ©riel pour l’industrie sucriĂšr ... 32Pour alimenter ces machines gĂ©antes de Saint-Germain, la chaufferie Ă©tait Ă©tablie dans un bĂątiment indĂ©pendant, perpendiculaire Ă  celui des machines et ventilĂ© par un lanterneau le long du toit fig. n° 15, n° 16. Elle comportait six gĂ©nĂ©rateurs posĂ©s sur un socle parallĂšle Ă  la voie, chacun composĂ© de deux chaudiĂšres cylindriques de trois mĂštres de long. Construites par la maison parisienne de Derosne et Cail58, et profitant des expĂ©riences effectuĂ©es chez LemaĂźtre Ă  La Chapelle, ces chaudiĂšres Ă©taient spĂ©cialement Ă©tudiĂ©es pour une marche intermittente, d’environ cinq minutes par heure, cherchant, autant que faire se pouvait, Ă  Ă©conomiser le combustible. Pour augmenter la surface de chauffe, l’une des chaudiĂšre de chacune des paires Ă©tait garnie de tubes, Ă  la maniĂšre de celles des locomotives Ă  la Seguin, mais avec des tubes de diamĂštre plus important, adaptĂ©s Ă  l’utilisation de la houille qui dĂ©gageait une Ă©paisse fumĂ©e. Figure 15 Emplacement du bĂątiment des machines et de son bassin Ă  Saint-Germain, dĂ©tail du plan gravĂ© par Dulos d’aprĂšs Adolphe Masson, Ă©ditĂ© par L. Mathias Augustin, 15 quai Malaquais, Paris, 1845. Archives nationales F/14 11171. © Archives nationales. Figure 16 Vue du bĂątiment des machines et du bĂątiment abritant les chaudiĂšres. L’Illustration, 17 avril 1847. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 59 Sur les chaudiĂšres, voir Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle de ... 33Chaque chaudiĂšre Ă©tait coiffĂ©e d’un dĂŽme en tĂŽle de 2,4 m de hauteur, servant de rĂ©servoir de vapeur et reliĂ© aux autres par un tuyau horizontal amenant la vapeur aux machines fig. n° 17. Enfin, deux machines Ă  vapeur auxiliaires, de 28 chevaux chacune, logĂ©es dans le massif sous les machines principales, faisaient fonctionner un ventilateur soufflant, ravivant la combustion pendant deux ou trois minutes lors de la mise en marche de l’appareil. Ces machines auxiliaires servaient aussi pour amorcer » les pompes pneumatiques, expulsant l’air des cylindres pour faciliter leur mise en marche59. Figure 17 Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain. ChaudiĂšres Ă  tubes et foyers cylindriques. Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre, 1848. Planche 13. © SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, Paris. 60 C’est le 18 septembre 1846 que le ministre belge des Travaux publics transmet Ă  l’administration fr ... 61 En 1856, Adolphe Joanne prĂ©cise que le bĂątiment des machines est effectivement ouvert aux visiteurs ... 34La mise en place des machines Ă  Saint-Germain et dans les stations de Chatou et de Nanterre eut lieu au cours de l’étĂ© et de l’automne 184660. Le 27 juin, le Journal des Chemins de Fer, rendant compte d’une nouvelle visite ministĂ©rielle, prĂ©cisa que les chaudiĂšres de Derosne et Cail Ă©taient en place et que les Ă©normes piĂšces des machines d’Alfred Hallette arrivaient chaque jour. La cheminĂ©e en briques, alternativement rouges et brunes et de section ronde, Ă©tait d’une grande hardiesse et fort Ă©lĂ©gante ». Quant aux bĂątiments, Ă©levĂ©s en brique, meuliĂšre et pierre de taille, ils se distinguaient aussi par leur extrĂȘme soliditĂ© et leur parfaite disposition ». La toiture en zinc et en verre du bĂątiment des machines Ă©tait d’une forme particuliĂšre, que la vue publiĂ©e dans L’Illustration aide Ă  comprendre. Sa charpente en fer, prenant appui sur les quatre murs, s’inclinait vers le centre Ă  la maniĂšre d’une trĂ©mie, amenant les eaux de pluie dans une colonne creuse en fonte servant d’unique support de la toiture Ă  l’intĂ©rieur de l’édifice. Il est intĂ©ressant ici de noter que si l’architecture de la gare de Saint-Germain empruntait au vocabulaire nĂ©o-classique, celle des deux bĂątiments des machines, Ă  la diffĂ©rence des Ă©difices analogues construits pour le London-Croydon et le South Devon, ne cherchait point Ă  camoufler leur fonction industrielle. En revanche, et comme souvent Ă  l’époque, des Ă©lĂ©ments d’ornementation architecturĂ©e se trouvaient sur les bĂątis en fonte dans la salle des machines, susceptible d’ĂȘtre admirĂ©e par des visiteurs61. 62 Rapport d’Émile Pereire Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires, 17 mars 1847. 63 Courrier enregistrĂ© le 11 novembre 1845, Sommier des chemins de fer, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Ch ... 64 Rapport d’Émile Pereire Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la compagnie, 27 mars 1848. 35Les tubes de propulsion - 1 800 sections pour le tube de petit format et 850 pour le gros tube - avaient Ă©tĂ© commandĂ©s, comme on l’a vu, aux premiers Ă©tablissements mĂ©tallurgiques du pays, Ă  savoir Ă  Bazeilles, chez M. Schneider, Ă  Hayange, chez Mme de Wendel et Ă  Fourchambault chez Émile Martin. À Paris, l’entreprise de Brunet et Chagot Ă©tait chargĂ©e du planage de la surface du tube recevant la soupape, la soupape elle-mĂȘme Ă©tant construite par les mĂȘmes mĂ©caniciens avec l’aide de Joly d’Argenteuil. Qu’ils aient manquĂ© d’empressement pour respecter les dĂ©lais des marchĂ©s, doutant de la poursuite de l’essai, ou qu’ils aient rencontrĂ© de rĂ©elles difficultĂ©s dans la fonte des tubes Ă  fente intĂ©grĂ©e, les trois fournisseurs prirent un retard trĂšs considĂ©rable. Attendues, en principe, Ă  partir du mois de juin 1845, dans l’espoir affichĂ© d’ouvrir le chemin atmosphĂ©rique le 1er mai 1846, les 850 sections du gros tube ne furent finalement livrĂ©es qu’en dĂ©cembre 1846, date Ă  laquelle 76 sections seulement sur les 1 800 de petite dimension Ă©taient arrivĂ©es sur le chantier62. En novembre 1845, s’inquiĂ©tant de ces retards, Émile Pereire s’était adressĂ© au ministre du Commerce pour obtenir l’autorisation de faire entrer en franchise de gros tubes fabriquĂ©s en Angleterre, constatant l’impossibilitĂ© de s’en procurer en France63. Le ministre rĂ©pondit qu’il Ă©tait prĂȘt Ă  autoriser l’importation de 350 gros tubes mais qu’il comptait fixer le droit d’entrĂ©e Ă  44 F par 100 kg, par assimilation au droit frappant les piĂšces dĂ©tachĂ©es des machines. Pour la compagnie, ce droit, reprĂ©sentant 150 % du prix des tubes en France 29,50 F par 100 kg, n’était pas acceptable et elle dut se rĂ©signer Ă  consentir aux usines françaises une prorogation de leurs Ă©chĂ©ances de livraison. Mais ces retards portĂšrent un grave prĂ©judice Ă  la compagnie dans des pertes d’intĂ©rĂȘt, la perte d’un accroissement des recettes pendant une annĂ©e d’exploitation, et la poursuite, pendant ce temps, des services d’omnibus pour monter Ă  Saint-Germain Ă  partir du Pecq. Le maintien du service des locomotives jusqu’au Pecq empĂȘchait d’ailleurs la rĂ©cupĂ©ration, pour l’établissement de la nouvelle voie, des rails, des coussinets et des croisements provenant de cette partie condamnĂ©e de la ligne. Aussi, la compagnie comptait-elle demander aux tribunaux une rĂ©paration, sous la forme d’une indemnitĂ© de 1 990 000 F Ă  payer par les fournisseurs de tubes64. Le chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain ouverture 65 Le Constitutionnel, 17 janvier 1847, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émil ... 36En fin de compte, les essais de traction par le vide entre le bois du VĂ©sinet et le plateau de Saint-Germain ne purent commencer qu’en janvier 1847, un mois environ avant les premiers essais atmosphĂ©riques sur la ligne de Brunel en Angleterre. DestinĂ©s Ă  familiariser le personnel avec les habitudes d’une exploitation courante, ces essais reçurent une sorte de caractĂšre officiel le 16 janvier 1847, date pour laquelle la compagnie lança deux cents invitations Ă  des dĂ©putĂ©s, des ingĂ©nieurs et des hommes auxquels ces premiĂšres expĂ©riences pouvaient offrir de l’intĂ©rĂȘt. AmenĂ©s Ă  la gare du VĂ©sinet par un train spĂ©cial, les invitĂ©s montĂšrent ensuite Ă  Saint-Germain dans un convoi atmosphĂ©rique composĂ© de cinq voitures et du wagon directeur. Au cours de l’aprĂšs-midi, cinq trains se succĂ©dĂšrent Ă  trois quarts d’heure d’intervalle, le dernier convoi Ă©tant halĂ© en quatre minutes. Dans son compte rendu de la journĂ©e, le quotidien Le Constitutionnel apprĂ©cie l’absence de fumĂ©e et de vapeur pendant le parcours et l’extrĂȘme douceur du mouvement des voitures l’on ne ressent point le mouvement oscillatoire si fatigant sur les chemins de fer ordinaires. » Parmi les invitĂ©s, des Anglais, qui connaissaient les chemins de fer de Croydon et de Dalkey, n’hĂ©sitaient pas Ă  donner la prĂ©fĂ©rence Ă  celui qui vient d’ĂȘtre construit sous la direction de M. EugĂšne » 66 Journal des Chemins de Fer, 27 fĂ©vrier 1847. 37Le 21 fĂ©vrier eut lieu un autre essai officiel, cette fois-ci pour le ministre des Travaux publics, pour la commission - prĂ©sidĂ©e par François Arago - chargĂ©e de la rĂ©ception du chemin de fer atmosphĂ©rique, et pour leurs invitĂ©s. Le Moniteur Universel du 22 fĂ©vrier note la prĂ©sence de nombreuses personnes appartenant Ă  l’Institut, aux corps des Ponts et ChaussĂ©es et des Mines, Ă  la haute banque, Ă  la presse et aux lettres et arts. Encore une fois, tout se passa de maniĂšre satisfaisante. Le convoi arrivĂ© Ă  la hauteur du bois du VĂ©sinet, abandonnĂ© par la locomotive, a Ă©tĂ© reliĂ© au wagon directeur du systĂšme atmosphĂ©rique ; puis le signal de la mise en marche de la machine fixe a Ă©tĂ© donnĂ© par le tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique. Quelques minutes aprĂšs, le vide Ă©tait fait, et la distance de 2 500 m a Ă©tĂ© franchie en trois minutes, c’est-Ă -dire Ă  raison de plus de 40 km Ă  l’heure sur une rampe de 35 millimĂštres. M. le ministre a examinĂ© avec une minutieuse attention les dĂ©tails des machines et des instruments construits pour le tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique, et pour la vĂ©rification du travail des machines Ă  vapeur et des cylindres » 67 Le Journal des Chemins de Fer du 17 mai 1845, rendant compte de ces premiers essais, immortalise le ... 38Le tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique, Ă©tabli sous la direction de Louis BrĂ©guet entre une cabane placĂ©e Ă  cĂŽtĂ© du dĂ©part du nouveau chemin dans le bois du VĂ©sinet et la salle des machines Ă  Saint-Germain, mĂ©ritait bien cette attention ministĂ©rielle. C’était un Ă©lĂ©ment clĂ© parmi les dispositifs destinĂ©s Ă  rĂ©gulariser et Ă©conomiser le travail des machines fixes. GrĂące Ă  ses indications, le mĂ©canicien Ă  Saint-Germain savait exactement Ă  quel moment activer les feux et faire monter la pression dans les chaudiĂšres. Le signal de marche ne lui Ă©tait donnĂ© que lorsque le piston propulseur du wagon directeur Ă©tait engagĂ© dans le tube, Ă©vitant ainsi le travail inutile des machines et la perte de vapeur et de combustible. Comme nous l’avons vu, les retards dans l’installation d’un tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique contribuaient fortement aux problĂšmes rencontrĂ©s par Brunel sur le South Devon. L’application de cette invention aux chemins de fer français Ă©tait d’ailleurs trĂšs rĂ©cente. Les premiers essais, sous l’égide d’une commission prĂ©sidĂ©e par l’incontournable Arago, n’avaient eu lieu qu’en mai 1845 le long du chemin de fer entre Paris et Rouen, les fils de cuivre portĂ©s par des poteaux en bois installĂ©s de 50 m en 50 m67. À Saint-Germain, l’invention impressionnait le correspondant du Moniteur Universel au centre des appareils, on aperçoit deux petites boĂźtes en acajou, au-dessous d’un imperceptible cadran, grand comme celui des montres de nos pĂšres, prĂ©sentant Ă  son centre une double aiguille en plume c’est le tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique. À vingt kilomĂštres de distance existe un semblable mĂ©canisme, et deux physiciens, placĂ©s Ă  chaque extrĂ©mitĂ©, causent et correspondent entre eux avec une rapiditĂ© qui devance celle de la parole, par le simple mouvement d’un gouvernail presque imperceptible ; car, sensible Ă  la moindre excitation du fluide, la plume vient indiquer sur le cadran les lettres, les chiffres et les signes tachygraphiques de l’alphabet du tĂ©lĂ©graphe. » 68 Dans une notice nĂ©crologique sur Paul Garnier, EugĂšne Flachat Ă©voqua cet indicateur totalisateur ... 69 L’Illustration, 17 avril 1847. 39Outre le tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique et de nombreux manomĂštres, la salle des machines Ă©tait dotĂ©e d’autres instruments de prĂ©cision, installĂ©s par l’horloger Paul Garnier. Chacune des deux grandes machines Ă  vapeur, ainsi que les deux machines auxiliaires, Ă©tait Ă©quipĂ©e d’un compteur Ă  horloge, enregistrant le nombre de coups de piston par minute et permettant de dĂ©duire la durĂ©e de travail nĂ©cessaire pour faire monter un convoi. Les cylindres Ă  vapeur Ă©taient pourvus d’indicateurs dynamomĂ©triques, traçant sur une bande de papier la tension de la vapeur et sa dĂ©tente dans le cylindre. Enfin, un totalisateur mesurait en chevaux-vapeur le travail effectuĂ© pendant un certain temps par les cylindres pneumatiques, permettant sa comparaison avec celui des cylindres Ă  vapeur68. Tous ces ingĂ©nieux appareils, commentait L’Illustration, nous paraissent le complĂ©ment indispensable de ces puissantes machines ; c’est l’Ɠil attentif et clairvoyant qui en suit et en constate la marche et indique les corrections Ă  y apporter69. » 40De fĂ©vrier Ă  juin 1847, la commission chargĂ©e d’effectuer des expĂ©riences sur le chemin de fer atmosphĂ©rique, prĂ©vues dans la convention entre la compagnie et le ministĂšre, put procĂ©der Ă  certaines de ces expĂ©riences, commencĂ©es donc avant l’exploitation du chemin de fer et poursuivies aprĂšs son ouverture au public. L’une des premiĂšres expĂ©riences - prĂ©monitoire - simulait une dĂ©faillance des freins dans la descente par gravitĂ©. Un wagon sans frein et sans conducteur, chargĂ© de deux tonnes de fonte reprĂ©sentant le poids d’une quarantaine de voyageurs, fut lancĂ© du haut de la pente, passant devant des observateurs munis de montres Ă  secondes. À la sortie du tunnel sous la terrasse, dans lequel l’air refoulĂ© agissait comme un frein naturel, on enregistra une vitesse de 43 km Ă  l’heure. Une vitesse maximale de 65 km Ă  l’heure fut atteinte sur le viaduc, le wagon ralentissant ensuite jusqu’à l’arrĂȘt complet sur la partie du chemin de niveau. 70 Suivant des expĂ©riences conduites par Thomas Bergin en novembre 1843, fĂ©vrier 1844 et mars 1844, le ... 71 BAUDE, Louis-Alphonse. Rapport Ă  la commission sur les expĂ©riences du chemin de fer atmosphĂ©rique f ... 41L’essentiel des expĂ©riences portait toutefois sur la question vexatoire des fuites, soit dans le tube propulseur, par la soupape longitudinale ou par les 750 joints qu’il comprenait - joints faits en glu marine et torons, puis brĂ»lĂ©s au fer chaud au moment de la construction -, soit dans le tube dit d’aspiration, mesurant 160 m de long et reliant les cylindres pneumatiques au tube de propulsion Ă  neuf mĂštres en deçà de sa soupape de sortie. En faisant le vide dans le tube ou sur diffĂ©rentes longueurs de celui-ci, par le dĂ©placement du piston propulseur, puis en mesurant le temps Ă©coulĂ© pour que les manomĂštres indiquent la disparition de ce vide, la commission put calculer les rentrĂ©es d’air, qui ressortaient, en moyenne, Ă  0,50 litre par seconde par mĂštre courant. Chose surprenante, pour une longueur de ligne presque identique, ces fuites Ă©taient plus importantes Ă  Saint-Germain qu’à Dalkey, oĂč elles n’étaient que de 0,12 litre par seconde par mĂštre, suivant les expĂ©riences rapportĂ©es par Mallet et par Stephenson70. La seule explication pour cette anomalie qu’arrivait Ă  fournir la commission, c’était qu’à Dalkey, au moment des expĂ©riences, le graissage de la soupape avait Ă©tĂ© fait avec un soin tout particulier, tandis qu’à Saint-Germain, les expĂ©riences avaient eu lieu dans des conditions d’une exploitation ordinaire. La conclusion de la commission, ici, Ă©tait que la puissance donnĂ©e aux Ă©puisements d’air, de huit mĂštres cubes par seconde, Ă©tait loin d’ĂȘtre exagĂ©rĂ©e. Autre curiositĂ© constatĂ©e par la commission et confirmĂ©e par le chef de gare Ă  Saint-Germain les fuites Ă©taient moins importantes en fin de journĂ©e qu’en dĂ©but ; Ă  Ă©galitĂ© de poids, il y avait toujours un ralentissement marquĂ© sur les deux premiers convois du matin. Ici, la commission Ă©mit l’hypothĂšse qu’au fur et Ă  mesure que la soupape longitudinale Ă©tait ondulĂ©e par les galets d’ouverture attachĂ©s au piston, elle devait acquĂ©rir une souplesse et une Ă©tanchĂ©itĂ© que l’interruption de la nuit lui faisait perdre71. 72 La Presse, 17 avril 1847. 42L’ouverture dĂ©finitive de la ligne au public se fit, discrĂštement, le 14 avril 1847. AprĂšs l’inauguration prĂ©paratoire » du 16 janvier, la compagnie dĂ©cida en effet de s’abstenir de toute solennitĂ©, se contentant simplement d’augmenter ses tarifs, fixĂ©s entre 1,40 et 2 F en semaine et 1,65 et 2,25 F les dimanches et jours de fĂȘte. Il y avait 32 dĂ©parts par jour, soit de Paris soit de Saint-Germain, c’est-Ă -dire seize ascensions par jour par le chemin atmosphĂ©rique, avec des trains composĂ©s en gĂ©nĂ©ral de neuf voitures, y compris le wagon directeur et un wagon Ă  bagages. Le 27 avril, L’Illustration cĂ©lĂ©bra toutefois l’ouverture du chemin avec un long article descriptif qui se terminait par un bel hommage rendu Ă  EugĂšne Flachat, dont le courage et la science n’ont pas failli Ă  la tĂąche. Il est impossible de dĂ©ployer plus de ressources et d’imagination qu’il ne l’a fait dans ces travaux. C’est avec un vrai plaisir, un plaisir d’artiste, que nous avons passĂ© une journĂ©e entiĂšre sur cet intĂ©ressant spĂ©cimen, qui, s’il n’ajoute pas beaucoup Ă  la fortune des actionnaires du chemin de Saint-Germain, ajoutera sans contredit beaucoup Ă  la rĂ©putation de leur infatigable ingĂ©nieur. » Le quotidien d’Émile de Girardin, La Presse, quant Ă  lui, tout en reconnaissant que les fĂȘtes d’inauguration, avec leur cortĂšge habituel d’administrateurs, de personnages officiels, d’invitĂ©s, etc, Ă©taient d’ennuyeuses corvĂ©es pour tout le monde, regrettait nĂ©anmoins l’excĂšs de simplicitĂ© de la compagnie et l’ouverture incognito du nouveau chemin de fer Plus que tout autre, peut-ĂȘtre, le chemin atmosphĂ©rique de Saint-Germain mĂ©ritait d’ĂȘtre inaugurĂ©. Il ne ressemble Ă  aucun de ceux existant jusqu’ici en France. C’est une importation Ă©trangĂšre, considĂ©rablement revue et corrigĂ©e, qui soulĂšve des questions importantes au double point de vue de l’économie et de la sĂ©curitĂ© [
] L’habile ingĂ©nieur en chef, M. EugĂšne Flachat a apportĂ© de nombreux et importants perfectionnements Ă  la dĂ©couverte anglaise et lui a fait produire des rĂ©sultats bien supĂ©rieurs Ă  ceux que les inventeurs en ont jamais obtenus eux-mĂȘmes72. » 43En effet, avec l’appui de l’État et sous l’égide des Pereire et de l’équipe dirigĂ©e par Flachat, l’extension du chemin de fer jusqu’à Saint-Germain peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une manifestation assez Ă©clatante de la maturitĂ© de l’ingĂ©nierie ferroviaire française dans tous les domaines. Car, se distinguant de nouveau ici de Brunel ou de Cubitt, Flachat avait fait rĂ©aliser pour la nouvelle ligne une locomotive spĂ©cialement conçue pour gravir la fameuse rampe de 35 millimĂštres, jusqu’alors interdite Ă  la traction vapeur. ÉtudiĂ©e en mĂȘme temps que la ligne atmosphĂ©rique, et construite dans les ateliers de la compagnie aux Batignolles, cette locomotive nommĂ©e l’Hercule fut d’abord prĂ©sentĂ©e comme un engin de chantier, destinĂ© au transport des terres, du ballast, des matĂ©riaux de construction et des lourdes piĂšces des machines fixes fig. n° 18. Mais, conçue en mĂȘme temps pour parer aux dĂ©faillances Ă©ventuelles du nouveau systĂšme, elle commanda, dĂšs le dĂ©but du projet, la rĂ©alisation de deux voies sur tout le parcours. DotĂ©e de six roues couplĂ©es d’un mĂštre et vingt centimĂštres de diamĂštre, pour mieux rĂ©partir le poids et assurer une meilleure adhĂ©rence aux rails, la puissante locomotive pesait 32 tonnes avec son tender chargĂ© fig. n° 19. Figure 18 Vue gĂ©nĂ©rale des travaux d’art du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, avec la locomotive l’Hercule sur la rampe. L’Illustration, 29 aoĂ»t 1846. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. Figure 19 Coupe de la locomotive qui sert Ă  remonter la rampe de Saint-Germain. FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes, 1867, p. 389. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 73 Sainte-Preuve. Note relative aux expĂ©riences de remorquage par locomotive faites sur une rampe de 3 ... 74 Journal des Chemins de Fer, 27 juin 1846. 75 L’Illustration, 29 aoĂ»t 1846. 44Ses premiĂšres sorties s’effectuĂšrent au mois de juin 1846. Sur des lignes aboutissant Ă  la gare Saint-Lazare, elle pouvait remorquer de lourds convois qui auraient demandĂ© deux des anciennes locomotives. En attendant l’installation du tube atmosphĂ©rique, des essais de la locomotive eurent lieu pour mesurer le poids du convoi qu’elle pouvait tracter sur le plan inclinĂ© de Saint-Germain. Ces essais se faisaient avec des wagons chargĂ©s de terres extraites de la tranchĂ©e dans la forĂȘt et portĂ©es jusqu’au remblai Ă  la culĂ©e du viaduc. Avec quatre wagons chargĂ©s, la locomotive n’arrivait plus Ă  repartir vers le haut par sa seule puissance, mais, en vidant successivement les wagons, on finit par la faire dĂ©marrer. On put calculer ainsi que l’Hercule Ă©tait Ă  mĂȘme de faire monter, en plus de son propre poids, une diligence, une voiture de deuxiĂšme classe et une autre de troisiĂšme classe, pesant au total 58 tonnes et correspondant au transport de 94 voyageurs73. Le 21 juin, un essai eut lieu en prĂ©sence du ministre des Travaux publics et d’une centaine d’invitĂ©s, dont plusieurs dĂ©putĂ©s appartenant Ă  des dĂ©partements dont le sol trĂšs accidentĂ© ne semblait pas jusqu’alors permettre l’établissement de chemins de fer sur leur territoire74. La locomotive monta la rampe avec la plus grande facilitĂ© Ă  une vitesse de plus de 30 km Ă  l’heure. Pour L’Illustration, assistant Ă  l’essai, cette nouvelle locomotive de montagne n’avait pas seulement le nom d’Hercule elle en a la force, les muscles d’acier, les jarrets de fer, le souffle profond et la puissance du demi-dieu
 Ce que le systĂšme atmosphĂ©rique ne fait pas encore, l’autre systĂšme, son concurrent, son ennemi, la locomotive, le fait en se jouant75. » 45Du jour au lendemain, en effet, ses exploits Ă  Saint-Germain rendaient caduc l’un des principaux arguments en faveur du systĂšme atmosphĂ©rique, sa supĂ©rioritĂ© dans le franchissement des fortes rampes. La conclusion fut bien appuyĂ©e par le Journal des Chemins de Fer, que citait d’ailleurs L’Illustration La Compagnie de Saint-Germain et son habile ingĂ©nieur ont droit Ă  des Ă©loges pour l’initiative qu’ils ont prise dans cette circonstance et pour le rĂ©sultat heureux qu’ils ont obtenu. ChargĂ©s d’expĂ©rimenter le systĂšme atmosphĂ©rique, ils sont sĂ»rs du moins que, s’il ne rĂ©ussit pas, ou s’il offre des inconvĂ©nients dans l’exploitation, le chemin construit pour l’éprouver pourra ĂȘtre utilement desservi par des machines ordinaires, d’un usage Ă©conomique [
] Quelque intĂ©ressant que soit ce systĂšme, il avait perdu pour la plupart des personnes prĂ©sentes une grande partie de son mĂ©rite, et n’était plus qu’un objet de simple curiositĂ©. L’expĂ©rience qui venait d’avoir lieu avec l’Hercule rĂ©solvait bien mieux et plus Ă©conomiquement le problĂšme de la traction des convois sur des pentes considĂ©rables que le systĂšme atmosphĂ©rique, avec ses immenses machines fixes de 400 chevaux de cinq en cinq kilomĂštres, la dĂ©pense Ă©norme de son tube, les difficultĂ©s d’ajustage, les rentrĂ©es d’air, les accidents de la soupape, etc. » 76 BAUDE, Louis-Alphonse. Rapport Ă  la commission sur les expĂ©riences du chemin de fer atmosphĂ©rique f ... 77 Le fils de Gaia, invincible tant qu’il resta en contact avec le sol. 78 Journal des Chemins de Fer, 26 mai 1849. La locomotive, une des plus puissantes qui aient Ă©tĂ© con ... 46ObligĂ©e nĂ©anmoins, par la convention la liant Ă  l’État, de mener l’expĂ©rience atmosphĂ©rique Ă  son terme, la compagnie n’avait pourtant pas Ă  regretter la construction de l’Hercule. DĂšs l’ouverture du chemin, au printemps 1847, elle vint rĂ©guliĂšrement au secours de la circulation, notamment les dimanches lorsque des trains de plus de huit wagons remplis de voyageurs s’avĂ©raient dĂ©passer les limites de la puissance atmosphĂ©rique, ou encore le 19 mai 1847, par exemple, par suite d’un dĂ©rangement » de la soupape longitudinale76. Pour la commission d’expĂ©riences, cette utilisation de la locomotive permettait Ă©galement quelques comparaisons de dĂ©penses en matiĂšre de combustible. La consommation en coke par l’Hercule, dans l’hypothĂšse de son emploi exclusif, aurait Ă©tĂ©, en fin de compte, peu diffĂ©rente de celle en houille par les machines fixes - 7,84 F par train en coke et 7,9875 F par train en houille avec les machines fixes - mĂȘme si des amĂ©liorations de rendement Ă©taient encore Ă  espĂ©rer pour ces derniĂšres. Si le systĂšme atmosphĂ©rique gardait son avantage en terme de vitesse, l’Hercule mettant deux fois plus de temps Ă  franchir le plan inclinĂ© que les convois aspirĂ©s par les machines pneumatiques, la locomotive prĂ©sentait un avantage en matiĂšre de salaires le salaire des deux personnes employĂ©es Ă  la salle des machines Ă  Saint-Germain Ă©tait apparemment de 1 850 F par mois, tandis que celui de deux mĂ©caniciens et de deux chauffeurs serait de 700 F environ. En avril 1849, une nouvelle locomotive, baptisĂ©e l’AntĂ©e77, d’une puissance encore supĂ©rieure Ă  l’Hercule, fut essayĂ©e sur le plan inclinĂ© de Saint-Germain. ÉtudiĂ©e et construite dans les ateliers de la compagnie du Saint-Germain, toujours sous la direction de Flachat, elle pouvait remorquer 77 tonnes, soit douze wagons de voyageurs78. 79 BAUDE, Louis-Alphonse. Rapport Ă  la commission sur les expĂ©riences du chemin de fer atmosphĂ©rique f ... 80 L’ouvrage de GILL, Thomas. Address to the Proprietors of the South Devon Railway. London 1848, fo ... 81 Ce mĂȘme rapport de Baude p. 48 nous apprend que le marchĂ© pour l’installation du tube Ă©tait Ă  for ... 47Bien Ă©videmment, ce grand dĂ©ploiement de prouesses ferroviaires avait un prix, qui dĂ©passa trĂšs tĂŽt et de trĂšs loin les estimations d’origine, de quatre millions de francs. Le rapport de Baude, en date du 28 juin 184779, donne d’intĂ©ressantes prĂ©cisions quant aux dĂ©penses utiles » du systĂšme atmosphĂ©rique pour la seule section entre le VĂ©sinet et Saint-Germain, Ă  l’exclusion donc des dĂ©penses en travaux d’art ou de construction de la nouvelle locomotive. Sur une somme totale de 1 400 000 F - que l’on peut comparer d’emblĂ©e aux 275 000 F dĂ©pensĂ©s pour l’appareillage atmosphĂ©rique en Irlande ou, moins directement, aux 10 822 950 F dĂ©pensĂ©s pour celui de la ligne du South Devon80 - les machines, avec leurs accessoires et les chaudiĂšres, avaient coĂ»tĂ© 410 000 F, soit 29,2 % du total, un peu moins que le tube et son l’installation81, valant 440 000 F 31,43 %. Les bĂątiments abritant les machines et les chaudiĂšres reprĂ©sentaient 280 000 F 20 %, les wagons directeurs 50 000 F 3,5 % et la soupape longitudinale 42 000 F 3 %. Le reste de la dĂ©pense Ă©tait reprĂ©sentĂ© par les soupapes d’entrĂ©e et de sortie du tube et par divers dispositifs pour la manƓuvre des trains des chariots hydrauliques, utilisĂ©s en gare de Saint-Germain pour faire passer les wagons d’une voie sur l’autre lors de la composition des trains ; un cabestan, Ă©galement Ă  Saint-Germain, pour dĂ©tacher le piston de son chĂąssis et le poser en travers du wagon directeur pour le voyage de retour ; un autre cabestan, mĂ» par une petite machine Ă  deux cylindres oscillants, marchant Ă  l’air rarĂ©fiĂ© et servant Ă  treuiller le convoi par cĂąble le long du palier horizontal jusqu’au sommet de la pente ; une grue tournante, enfin, utilisĂ©e au VĂ©sinet pour ressaisir le piston et le remettre en place sur son chĂąssis Ă  l’entrĂ©e du tube. On peut remarquer ici que lors de la descente du train, le chĂąssis avec la tige restait dans le tube, glissant sans trop de friction mais ouvrant nĂ©anmoins la soupape longitudinale lors de son passage. 82 ÂŁ35 000 le devis initial Ă©tait de ÂŁ25 000. AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la compagnie du 27 mars 1844, ar ... 83 Journal des Chemins de Fer, 27 fĂ©vrier 1847. 48DĂšs l’origine, toutefois, les dĂ©penses atmosphĂ©riques ne devaient reprĂ©senter que le quart du devis total. Faisant le bilan des dĂ©penses globales d’établissement du chemin devant l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires tenue le 27 mars 1848, Pereire arriva Ă  la somme, Ă©tonnamment prĂ©cise, de 6 592 609 francs et 49 centimes, somme sur laquelle, aprĂšs dĂ©duction des subventions du gouvernement et de la ville de Saint-Germain, ainsi que de l’indemnitĂ© rĂ©clamĂ©e aux fournisseurs de tubes mais pas encore fixĂ©e, 4 602 609 F restaient Ă  la charge de la compagnie. Au total, quatre annĂ©es auparavant, l’extension atmosphĂ©rique entre Kingstown et Dalkey n’avait coĂ»tĂ© que 875 000 F82. L’attrait de la nouveautĂ© prĂ©dit par le Journal des Chemins de Fer - pendant un an tout au moins, tout Paris, tous les Ă©trangers et provinciaux, visiteurs de la capitale, voudront voir le chemin de fer atmosphĂ©rique83 » - n’avait eu que peu d’impact, le nombre de voyageurs entre Paris et Saint-Germain poursuivant sa chute et s’établissant Ă  seulement 256 391 Ă  la fin de l’annĂ©e 1847. Quant aux premiers mois de l’annĂ©e 1848
 n’en parlons pas, du moins pour l’instant. Le chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain vers l’abandon 84 Combes rapporteur. Avis de la commission chargĂ©e des expĂ©riences sur le chemin de fer atmosphĂ©riq ... 49Au vu des sacrifices faits par la compagnie pour assurer le succĂšs de l’expĂ©rience, sa direction se croyait autorisĂ©e Ă  rĂ©clamer des adoucissements » aux termes de la convention du 20 septembre 1844, signĂ©e donc sous l’empire de donnĂ©es et d’espĂ©rances qui ne se sont point rĂ©alisĂ©es ». Ainsi, dĂšs le mois de juin 1847, Ă  peine deux mois aprĂšs l’inauguration du service public, la compagnie commençait Ă  demander Ă  l’administration d’ĂȘtre dispensĂ©e de l’obligation de poursuivre le systĂšme atmosphĂ©rique entre Le VĂ©sinet et Nanterre84. Apportant par la suite d’autres Ă©lĂ©ments pour appuyer cette demande, Émile Pereire exposa que les dĂ©penses faites par sa compagnie pour l’établissement du chemin de fer atmosphĂ©rique s’élevaient, au 30 septembre 1847, Ă  6 830 088 F, dont 3 279 554 pour la construction du chemin et 3 559 534 pour l’établissement des machines, tubes et autres dĂ©pendances du systĂšme atmosphĂ©rique proprement dit. Pour ces derniĂšres dĂ©penses, la diffĂ©rence notable avec la somme de 1 400 000 F annoncĂ©e dans le rapport de Baude au mois de juin 1847 s’expliquerait par l’addition du prix payĂ© pour les 5,914 km de tube de 38 cm de diamĂštre, partiellement livrĂ©, et celui des bĂątiments construits et des machines effectivement installĂ©es Ă  Nanterre et Ă  Chatou, mais aussi, peut-ĂȘtre, par une exagĂ©ration volontaire de la part de la compagnie. Toujours est-il que les dĂ©penses d’ensemble dĂ©passaient Ă©normĂ©ment les prĂ©visions ayant servi de base Ă  la convention du 10 septembre, par laquelle le ministre et la compagnie avaient regardĂ© la subvention de 1 790 000 F comme suffisante pour faire face Ă  la moitiĂ© de la dĂ©pense totale. Les dĂ©penses imprĂ©vues, expliquait Pereire, avaient mis la compagnie dans une situation trĂšs fĂącheuse, aggravĂ©e par la crise financiĂšre de 1847 et l’insuccĂšs de l’exploitation partielle du chemin de fer entre Le VĂ©sinet et le plateau de Saint-Germain. Suivant les Ă©valuations de Flachat, la poursuite de l’exploitation du systĂšme atmosphĂ©rique sur tout le parcours entre Nanterre et Saint-Germain exigerait une dĂ©pense double de celle qui serait nĂ©cessaire en opĂ©rant la traction par des locomotives. 50Par ailleurs, argua Pereire - en passant sous silence le problĂšme des passages Ă  niveau -, toutes les expĂ©riences indiquĂ©es dans le programme Ă©tabli par le Conseil des Ponts et ChaussĂ©es avaient pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©es, Ă  l’exception de celles relatives aux changements de voie et aux passages du piston d’un tube Ă  l’autre. Se rĂ©fĂ©rant ici aux moyens essayĂ©s en Angleterre, il remarqua que ceux employĂ©s pour les changements de voie s’étaient avĂ©rĂ©s trĂšs dĂ©fectueux et, exigeant l’interruption du tube, ne pouvaient ĂȘtre pratiquĂ©s qu’aux stations et encore par une manƓuvre trĂšs lente. Le passage Ă  grande vitesse d’un tube Ă  un autre de mĂȘme diamĂštre exigerait un jeu de soupapes qui pourrait donner lieu Ă  de graves incidents ; sur le South Devon, le tube n’était interrompu qu’aux stations. Quant au passage d’un tube Ă  un autre tube d’un diamĂštre diffĂ©rent, on n’a ni essayĂ©, ni proposĂ© aucune solution ; on est obligĂ© d’arrĂȘter complĂštement le train et de changer le piston. » Dans cet Ă©tat des choses, la compagnie demanda que ses obligations soient limitĂ©es Ă  l’exploitation du chemin en service entre Saint-Germain et le bois du VĂ©sinet, et qu’elle fĂ»t dispensĂ©e de poursuivre l’exĂ©cution du systĂšme sur la deuxiĂšme section de la ligne, jusqu’à Nanterre. Par la mĂȘme occasion, elle rĂ©clama le paiement du dernier acompte de 440 000 F dĂ» par l’État pour complĂ©ter sa subvention de 1 790 000 F. 51Ces demandes furent examinĂ©es par la commission chargĂ©e des expĂ©riences sur le chemin de fer atmosphĂ©rique, donnant lieu en dĂ©cembre 1847 Ă  un rapport rĂ©digĂ© par l’ingĂ©nieur des Mines, Combes, au nom d’une sous-commission composĂ©e de Piobert, Mallet, Baude et Bineau. Ce rapport commença par quelques observations gĂ©nĂ©rales sur l’état de l’exploitation un tableau montrant les vitesses moyennes par seconde sur diffĂ©rentes sections de la ligne, mises en rapport avec la longueur et l’ascension verticale et le degrĂ© de vide mesurĂ© dans le tube ; la mesure de la durĂ©e de marche des machines pneumatiques quatre minutes et cinquante secondes au total pour chaque convoi, dont une minute vingt-cinq secondes pour la prĂ©paration du vide et trois minutes vingt-cinq secondes pour l’ascension du train ; des chiffres, fournis par Flachat, sur la consommation de houille par jour et par train
 Le rapporteur ne pouvait que constater des pertes Ă©normes de travail et, par consĂ©quent, d’argent. Il n’était pas difficile de les prĂ©voir Ă  l’avance ; aussi ne sommes-nous surpris ni de l’opinion soutenue, dĂšs l’origine, par de trĂšs habiles ingĂ©nieurs sur les immenses difficultĂ©s sinon l’impossibilitĂ© absolue que prĂ©senterait la mise en pratique du systĂšme atmosphĂ©rique, ni des Ă©checs Ă©prouvĂ©s par ceux qui ont tentĂ© d’appliquer ce systĂšme, et du dĂ©goĂ»t qui s’en est suivi. » Bref, il faut en convenir, les locomotives, telles qu’elles sont aujourd’hui, avec les perfectionnements qui y ont Ă©tĂ© apportĂ©s pendant vingt-cinq ans d’usage, par les essais et les mĂ©ditations des constructeurs et des ingĂ©nieurs les plus Ă©minents de l’Europe et des Etats-Unis d’AmĂ©rique, ont, pour la traction sur les voies de niveau ou lĂ©gĂšrement inclinĂ©es, une supĂ©rioritĂ© incontestable sur les procĂ©dĂ©s du systĂšme atmosphĂ©rique, encore dans l’enfance. Les manƓuvres de changement de voie, de l’arrĂȘt du train aux stations ou en un point quelconque de la ligne, les croisements de routes ordinaires et de la voie de fer Ă  niveau, si faciles pour les trains remorquĂ©s par des locomotives, prĂ©sentent dans le systĂšme atmosphĂ©rique des difficultĂ©s dont la solution pratique est encore Ă  trouver, c’est-Ă -dire que l’exploitation d’un chemin de fer par locomotives est aujourd’hui une question rĂ©solue, tandis que son exploitation par le procĂ©dĂ© atmosphĂ©rique est Ă  l’état de problĂšme. » 52Pour autant, la commission ne voulait pas condamner dĂ©finitivement le systĂšme atmosphĂ©rique. Le principe sur lequel il Ă©tait fondĂ© n’avait rien d’irrationnel et les causes de son infĂ©rioritĂ© rĂ©sidaient uniquement dans les appareils, les machines et le mode d’application expĂ©rimentĂ©s elles sont, par consĂ©quent, de l’ordre de celles que l’esprit humain peut surmonter et surmonte toujours. Mais tout le monde sait que le temps et des essais persĂ©vĂ©rants sont des Ă©lĂ©ments essentiels au succĂšs des grandes entreprises [
] Nous ne sommes donc ni surpris, ni effrayĂ©s des Ă©checs qui ont suivi les premiers essais du systĂšme atmosphĂ©rique en Angleterre et en France, et nous regardons mĂȘme comme un succĂšs rĂ©el et d’une assez grande importance les rĂ©sultats obtenus de l’exploitation partielle entre Le VĂ©sinet et le plateau de Saint-Germain, continuĂ©e pendant huit mois. » 85 Courrier enregistrĂ© le 12 janvier 1848, Sommier des chemins de fer, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Cha ... 53DĂšs lors, la commission pensait qu’il y avait lieu, de la part du ministre des Travaux publics, d’accueillir la requĂȘte de la compagnie du Saint-Germain, en modifiant les obligations qui rĂ©sultaient pour elle de la convention du 10 septembre. Certes, selon les termes de celle-ci, le gouvernement serait parfaitement en droit d’insister sur son exĂ©cution intĂ©grale et la rĂ©alisation du systĂšme atmosphĂ©rique entre Le VĂ©sinet et Nanterre. Mais, au bout de six mois d’une exploitation onĂ©reuse, la compagnie userait sans doute de son droit de revenir Ă  une exploitation avec des locomotives Ce serait lĂ , pour le systĂšme atmosphĂ©rique, un Ă©chec complet dont il ne se relĂšverait que trĂšs difficilement. » La commission pensait donc qu’il fallait accepter la demande de la compagnie, pourvu qu’en retour celle-ci consente Ă  maintenir indĂ©finiment l’exploitation du systĂšme atmosphĂ©rique dĂ©jĂ  en place sur la partie du chemin entre le bois du VĂ©sinet et le plateau de Saint-Germain. Plus tard, avec les perfectionnements qui pourraient rĂ©sulter des essais faits dans le comtĂ© de Devon, il serait peut-ĂȘtre possible, et dans un avenir pas trop Ă©loignĂ©, d’appliquer le systĂšme sur la partie comprise entre le VĂ©sinet et Nanterre. En consĂ©quence, il convenait Ă©galement d’interdire Ă  la compagnie la vente ou le dĂ©placement de ses machines fixes Ă©tablies Ă  Nanterre et Ă  Chatou, du moins jusqu’au 1er janvier 1850. La sous-commission n’adopta les termes de cet avis qu’à trois voix contre deux, l’un des membres, ne croyant plus du tout Ă  l’avenir du systĂšme atmosphĂ©rique, Ă©tant d’avis qu’il Ă©tait inutile d’exiger la conservation de ces machines. La commission dĂ©cida donc, par compromis, que la compagnie serait autorisĂ©e Ă  les utiliser Ă  d’autres fins industrielles, pourvu qu’elle ne les dĂ©nature pas de maniĂšre Ă  les rendre impropres Ă  un Ă©ventuel retour au travail auquel elles Ă©taient primitivement destinĂ©es. Enfin, si la compagnie acceptait toutes ces conditions, il y avait lieu de lui payer le dernier acompte de la subvention, de 440 000 F. Le 28 dĂ©cembre 1847, la commission, approuvant les considĂ©rations et motifs dĂ©veloppĂ©s dans le rapport de Combes, adopta cet avis, François Arago, prĂ©sident de la commission, le remettant Ă  l’administration des Ponts et ChaussĂ©es le 12 janvier 184885. 86 Voir le rapport de Pereire, s’adressant aux actionnaires de la compagnie le 29 mai 1848, AMT, 76 AQ ... 54Le 27 mars 1848, lors de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires, Pereire put annoncer donc que le ministre - celui du gouvernement provisoire, Marie - venait, le 3 mars, de rendre sa dĂ©cision, dispensant effectivement la compagnie du prolongement du chemin atmosphĂ©rique jusqu’à Nanterre. Mais Ă  cette date, aprĂšs les Ă©vĂ©nements survenus au cours des semaines prĂ©cĂ©dentes, la direction de la compagnie avait des prĂ©occupations autrement plus sĂ©rieuses et plus immĂ©diates que la poursuite, ou non, de l’expĂ©rience atmosphĂ©rique ou la revente, un jour, des inutiles machines fixes de Nanterre et de Chatou. En ce printemps de l’annĂ©e 1848, elle devait rĂ©sister, avec les autres compagnies, aux projets politiques tendant Ă  la reprise de possession des chemins de fer par l’État, c’est-Ă -dire leur nationalisation. En ce qui concernait particuliĂšrement le chemin atmosphĂ©rique, expliqua Pereire, jamais sa compagnie n’aurait acceptĂ© les charges de cette entreprise si elle n’avait pas cru y trouver un dĂ©dommagement dans la durĂ©e d’une longue concession86. 87 Rapport d’Émile Pereire Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ordinaire des actionnaires, du 26 mars 1849. Parmi l ... 88 Sur cette tentative de grĂšve du 5 juin et, plus gĂ©nĂ©ralement, sur le mouvement social dans le monde ... 55En mĂȘme temps que ces menaces de rachat », levĂ©es en fait aprĂšs les journĂ©es de Juin, la compagnie se trouvait confrontĂ©e pour la premiĂšre fois dans son histoire Ă  une contestation ouvriĂšre organisĂ©e qui la contraignit, ne serait-ce que temporairement, Ă  des augmentations de salaire87. En outre, les revendications, soutenues par la SociĂ©tĂ© fraternelle des mĂ©caniciens français, visaient aussi les Anglais employĂ©s par les compagnies de Rouen et du Saint-Germain. Un courrier adressĂ© le 17 juin 1848 au Journal des Chemins de Fer et signĂ© conjointement par E. Flachat et A. Rouen, inspecteur gĂ©nĂ©ral du service au Saint-Germain, donne des dĂ©tails sur cette regrettable dissidence » entre la compagnie et ses mĂ©caniciens Peu de jours aprĂšs la RĂ©volution de fĂ©vrier, les mĂ©caniciens du chemin de fer de Saint-Germain exigĂšrent le renvoi de cinq mĂ©caniciens anglais qui, depuis onze ans, conduisent les machines du premier chemin de fer qui ait Ă©tĂ© inaugurĂ© Ă  Paris. Ces cinq mĂ©caniciens sont le reste d’un nombre beaucoup plus considĂ©rable, tirĂ©s d’Angleterre Ă  l’époque oĂč l’art de conduire les machines locomotives Ă©tait entiĂšrement inconnu en France [
] La Compagnie du Saint-Germain a pris l’engagement de congĂ©dier, dans un dĂ©lai de trois mois, les cinq mĂ©caniciens dont il s’agit. » Parmi ces Anglais, un nommĂ© Cree exerçait, depuis les origines du chemin, les fonctions d’inspecteur des machines. Tous les mĂ©caniciens français qui avaient appris Ă  conduire les machines locomotives sur le chemin de fer de Saint-Germain Ă©taient passĂ©s par ses mains. Le courrier prĂ©cise, d’ailleurs, que le pauvre homme avait eu deux fois, la cuisse cassĂ©e dans son service ». L’échĂ©ance fixĂ©e pour le renvoi des Anglais tombait le 2 juin. À cette date, la compagnie renvoya effectivement quatre d’entre eux, mais conserva Cree, qui, entre-temps, s’était fait naturaliser français. Il fut remplacĂ©, toutefois, dans son poste d’inspecteur par l’un de ses monteurs les plus habiles ». Mais, refusant de reconnaĂźtre l’autoritĂ© de ce nouveau chef, les mĂ©caniciens français prĂ©sentĂšrent trois candidats pris dans leur sein, parmi lesquels, selon eux, la compagnie avait la facultĂ© de choisir son nouvel inspecteur des machines. La compagnie cĂ©da alors sur la question des personnes, mais dĂ©clara sa volontĂ© de maintenir Cree dans ses fonctions. Soutenus par des dĂ©lĂ©guĂ©s de la SociĂ©tĂ© fraternelle, les mĂ©caniciens français s’opposĂšrent encore Ă  cette position et, Ă©tant donnĂ© que Cree Ă©tait français de trop fraĂźche date », annoncĂšrent une grĂšve gĂ©nĂ©rale sur tous les chemins de fer pour le 5 juin. Face Ă  cette menace, pour se soustraire Ă  l’oppression » de la SociĂ©tĂ© fraternelle, la compagnie rĂ©engagea aussitĂŽt les quatre Anglais congĂ©diĂ©s l’avant-veille et prit dans ses ateliers un certain nombre d’autres ouvriers français, en tant qu’élĂšves Ă  former. Le 4 juin, la SociĂ©tĂ© fraternelle dĂ©cida apparemment d’ajourner sa grĂšve gĂ©nĂ©rale et le 5, les mĂ©caniciens et chauffeurs français se prĂ©sentĂšrent pour le service. La compagnie dĂ©clara alors qu’ils Ă©taient considĂ©rĂ©s comme dĂ©missionnaires et leur proposa l’alternative suivante ou rentrer immĂ©diatement et en masse sans distinction de meneurs et de menĂ©s, dans le service de la traction en laissant la compagnie libre de garder ou de congĂ©dier les mĂ©caniciens anglais, ou bien rentrer en masse dans les ateliers de rĂ©paration de la compagnie, avec un salaire accordĂ© Ă  chaque ouvrier proportionnĂ© Ă  la somme de ses services. » Les mĂ©caniciens français ayant rejetĂ© ces deux propositions, la compagnie les informa qu’elle reprenait sa libertĂ© ceux qui dĂ©siraient rentrer au service de la compagnie pouvaient adresser individuellement leur demande, sur laquelle le conseil d’administration statuerait. Nous ne connaissons pas la suite de cet Ă©pisode, l’ exposĂ© fidĂšle » des faits donnĂ© par Flachat et Rouen s’arrĂȘtant sur ces entrefaites. On peut imaginer toutefois la teneur des rĂ©ponses du conseil d’administration aux lettres Ă©manant des meneurs du mouvement88. 89 Terme employĂ© dĂšs le 4 mars 1848 par le Journal des Chemins de Fer. 90 Ces manifestations anti-anglaises Ă©taient particuliĂšrement importantes Ă  Rouen, oĂč le viaduc d’Eaup ... 91 Compte rendu par les dĂ©lĂ©guĂ©s du gouvernement provisoire, les citoyens FĂ©lix Avril et Hippolyte Dus ... 56Hormis cette rĂ©volutionnaire remise en cause de son autoritĂ©, ainsi matĂ©e, l’atteinte la plus grave aux intĂ©rĂȘts de la compagnie, et de ses actionnaires, consistait toutefois dans les sauvages dĂ©vastations » dont la ligne avait Ă©tĂ© victime dans les journĂ©es du 25 au 27 fĂ©vrier suivant le soudain effondrement de la Monarchie de Juillet. Aux cris de A bas Guizot ! A bas les chemins de fer ! On n’en veut plus ! », des bandes d’incendiaires s’étaient attaquĂ©es Ă  toute l’infrastructure de la ligne, depuis les Batignolles jusqu’à la gare du VĂ©sinet. MalgrĂ© les tentatives de rĂ©sistance d’EugĂšne Flachat, venu de Paris d’abord avec quatre gardes nationaux et un Ă©lĂšve de l’École polytechnique, puis, plus tard, avec une quarantaine de gardes nationaux, le pont en bois Ă  AsniĂšres fut brĂ»lĂ© dans l’aprĂšs-midi du 25 fĂ©vrier, ses piles renversĂ©es dans l’eau interrompant la navigation. D’autres attaques eurent lieu Ă  Clichy, Colombes, Nanterre, Rueil et Chatou ; rien Ă  signaler, toutefois, Ă  Saint-Germain ! Ces actes de vandalisme »89, subis en mĂȘme temps par les lignes de Versailles, de Rouen et du Nord, sont gĂ©nĂ©ralement interprĂ©tĂ©s en terme de haine irrĂ©flĂ©chie » Ă  l’égard du chemin de fer en tant qu’irruption brutale d’une certaine modernitĂ© industrielle dans les territoires traversĂ©s. De nature luddite, les violences auraient Ă©tĂ© inspirĂ©es, entre autres, par ceux du fleuve ou de la route - mariniers, Ă©clusiers, conducteurs de voitures
 - qui se sentaient menacĂ©s dans leur gagne-pain. Elles Ă©taient fortement teintĂ©es, comme nous venons de le voir chez les mĂ©caniciens, des mĂȘmes ressentiments anti-anglais qui avaient contribuĂ© Ă  la grande impopularitĂ© du ministĂšre Guizot90. DĂšs l’annonce de ces attaques contre le chemin de fer s’était formĂ© Ă  Paris un corps expĂ©ditionnaire », commandĂ© par un Ă©lĂšve de Polytechnique et composĂ© de jeunes Ă©lĂšves des Ă©coles et de citoyens encore couverts de la poussiĂšre des barricades ». Sous la banniĂšre RĂ©publique française, expĂ©dition contre les incendiaires », il poussa jusqu’à Rouen, trop tard pour arrĂȘter les incendies mais parvenant quand mĂȘme Ă  mettre en arrestation certains individus dĂ©signĂ©s par la notoriĂ©tĂ© publique ». Ainsi furent arrĂȘtĂ©s, par exemple, des membres de l’équipage du bateau Ă  vapeur l’Amiral-DuperrĂ©, soupçonnĂ©s d’avoir mis le feu au pont du Manoir91. 92 Gazette des Tribunaux, cour d’assises de la Seine, audience du 12 avril 1848, Chemin de fer - Incen ... 57Sans rentrer ici dans des analyses plus nuancĂ©es des mobiles de cette violence que la chute du rĂ©gime avait laissĂ© Ă©clater, violence dans laquelle ivresse et tapage carnavalesque avaient aussi leur part sans doute, on peut noter qu’en ce qui concernait le seul chemin du Saint-Germain, elle se confinait aux communes de banlieue limitrophes de la ligne, celles de Nanterre, de Rueil et de Chatou. Pour les tribunaux, qui distinguaient le comportement des Ă©meutiers de banlieue de celui du peuple de Paris, qui, lui, n’avait pas souillĂ© sa victoire en s’attaquant Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e, il s’agissait d’une espĂšce de dĂ©lire inexplicable. Les accusĂ©s, d’honnĂȘtes cultivateurs, quelques propriĂ©taires mĂȘme, et des ouvriers ordinairement paisibles et laborieux », Ă©taient tous dans l’impossibilitĂ© d’allĂ©guer un motif quelconque Ă  la conduite qu’ils avaient tenue ; mĂȘme incertitude quant Ă  l’existence d’agents secrets qui les auraient poussĂ©s Ă  mal faire92. 93 Gazette des Tribunaux, audience du 28 mars 1848, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒu ... 94 Le 28 mars 1848, devant la cour d’assises, le maire lui-mĂȘme, Charles Delahaye, raconta son arrivĂ©e ... 58À travers la lecture des comptes rendus dans la Gazette des Tribunaux des procĂšs des incendiaires en Cour d’assises de la Seine, citĂ©s notamment par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil - pour qui il s’agissait tout simplement d’une jacquerie -, on peut se demander si le chemin de fer atmosphĂ©rique n’était pas spĂ©cialement visĂ©. En effet, les bĂątiments des machines Ă  Nanterre et Ă  Chatou furent tous les deux attaquĂ©s. À Nanterre, vers 10 heures ou 11 heures, le 26, encouragĂ©s par leur impunitĂ©, les malfaiteurs se portĂšrent vers les bĂątiments renfermant les machines du chemin de fer atmosphĂ©rique situĂ©s prĂšs de la station de Nanterre. Ils se mirent Ă  dĂ©vaster les bĂątiments, cassant les vitres et les meneaux des portes et des fenĂȘtres, brisant les Ă©crous, les robinets et conduits en cuivre, crevant les tuyaux, dĂ©truisant, en un mot, Ă  l’aide de barres de fer, de marteaux, de cognĂ©es et autres outils trouvĂ©s sur les lieux, toutes les parties des machines qui, par leur dimension ou par leur poids, n’offraient pas une rĂ©sistance suffisante Ă  l’action des dĂ©vastateurs93. » Des planches de bois furent entassĂ©es sur les chaudiĂšres de maniĂšre Ă  incendier tout le bĂątiment mais, Ă  l’arrivĂ©e du maire94 accompagnĂ© des gardes nationaux, on put faire jouer les pompes pour se rendre maĂźtre du feu. À ce moment-lĂ , aussi, l’attention des incendiaires, estimĂ©s Ă  une cinquantaine, s’était dĂ©tournĂ©e vers le bĂątiment de la gare oĂč l’on venait de trouver les rĂ©serves de vin du chef de station. Un accusĂ© - JĂ©rĂŽme-Bernard Castillon, 63 ans, cultivateur demeurant Ă  Nanterre - fut spĂ©cialement inculpĂ© d’avoir abattu les poteaux et les fils de fer du tĂ©lĂ©graphe Ă©lectrique ; un autre encore - Adolphe-Jean Conain, 18 ans, garçon-maçon de Nanterre - d’avoir cassĂ© les ustensiles de pharmacie et mĂȘme une boĂźte de chirurgie dĂ©posĂ©e Ă  la gare en cas d’accident On disait qu’il n’y en aurait pas besoin, puisqu’il n’y aurait plus de chemins de fer ! » 95 Rappelons ici, en passant, que les allumettes chimiques sont une invention diffusĂ©e sensiblement en ... 96 Gazette des Tribunaux, audience du 12 avril 1848, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒ ... 59À Chatou, le mĂȘme jour du 26 fĂ©vrier, aprĂšs avoir mis le feu Ă  des banquettes amoncelĂ©es dans la salle d’attente de la station de Rueil, au moyen d’allumettes chimiques rĂ©clamĂ©es d’autoritĂ© chez un marchand de vin voisin de la station95, la bande de dĂ©vastateurs se porta aux bĂątiments des machines et Ă  ceux de la station de Chatou. Aux bĂątiments des machines, tous les carreaux des portes et des fenĂȘtres ont Ă©tĂ© brisĂ©s, les chĂąssis cassĂ©s ou tordus. Si les portes et les fenĂȘtres elles-mĂȘmes n’ont pas Ă©tĂ© brisĂ©es, c’est qu’elles sont en fer. Les machines n’ont dĂ» leur salut qu’à leur masse, que ne pouvaient entamer les outils des dĂ©molisseurs. Mais les robinets en cuivre et les conduites n’ont pas Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©s96. » 60En fin de compte, les interrogatoires des inculpĂ©s - 24 pour Nanterre et 19 pour Rueil et Chatou - rĂ©vĂ©laient une volontĂ© de destruction Ă  l’encontre de tout ce qui appartenait Ă  la compagnie, volontĂ© sans trop de discrimination, pour ne pas dire aveugle. Les toutes nouvelles machines de Nanterre et de Chatou, comme les ponts, les gares, les bĂątiments de forge ou les poteaux tĂ©lĂ©graphiques, subirent des attaques parce qu’ils Ă©taient lĂ . Voici un extrait de l’interrogatoire de l’accusĂ© LĂ©on Bonnard, 17 ans, mĂ©canicien, demeurant Ă  Nanterre D. Vous avez pris part Ă  la destruction des machines ? R. J’ai frappĂ© sur un cylindre avec une baĂŻonnette. D. C’était pour dĂ©truire ? R. Non, c’était pour faire du bruit on rit. » 61L’accusĂ© Charles-Protais Courcou, 31 ans, Ă©picier, demeurant Ă©galement Ă  Nanterre D. Vous disiez Ă  chaque coup que vous frappiez En voilĂ  pour mille francs, et j’en ai frappĂ© plus de cinquante’. R. Si j’avais dit ça, je serais un homme incomparable Rires. D. Il n’y a rien d’exagĂ©rĂ© dans votre Ă©valuation, car les dĂ©gĂąts se sont Ă©levĂ©s Ă  55 000 francs. » 62Nicolas Garreau, 50 ans, cultivateur Ă  Nanterre D. Garreau, vous Ă©tiez armĂ© d’une clĂ© anglaise avec laquelle vous brisiez les machines ? R. C’est faux. D. Comment ? Mais vous l’aviez avouĂ© dans l’instruction ! R. J’ai avouĂ© que j’avais frappĂ© avec un outil, mais non pas avec une clĂ© anglaise. Rire gĂ©nĂ©ral. » 63Jean-Michel Nourry, dit Saint-Denis, 24 ans, couvreur, demeurant Ă  Rueil D. Et vous, Nourry, vous avez pris part Ă  la destruction des machines ? R. Je suis allĂ© pour prendre connaissance de la construction des machines. Rires. » 64Femme Thomas, cardeuse de matelas tĂ©moin pour les accusĂ©s M. Courcou nous a vu passer, il a pris sa casquette et nous a suivis aux machines oĂč il a entrĂ© par une croisĂ©e. D. Qu’alliez-vous faire lĂ  ? R. Dam ! Nous avions toujours entendu dire que c’était si beau, la machine, que nous voulions voir un peu en dedans. Nous sommes entrĂ©s, que c’était une dĂ©solation du Bon Dieu. Quel dĂ©luge ! Quelle dĂ©vastation ! [
] Courcou a dit que c’était trĂšs mal d’avoir cassĂ© de si belles machines. » 97 Dans l’affaire de Nanterre, sur 24 accusĂ©s, douze - dont Courcou, Garreau et Nourry - furent acquit ... 65Mais si les mobiles, comme les dĂ©fenses, pouvaient ĂȘtre confus, les dĂ©gĂąts Ă©taient bien rĂ©els et chiffrables. DĂšs le mois de mars 1848, aprĂšs un constat d’urgence dressĂ© par l’ingĂ©nieur et l’architecte de la compagnie, ils furent Ă©valuĂ©s Ă  977 928 F, dont 53 595 Ă  Nanterre, 16 080 Ă  Chatou et 781 917 pour le pont d’AsniĂšres. La direction de la compagnie se tourna aussitĂŽt vers le gouvernement provisoire pour se faire indemniser mais, enlisĂ©e ensuite dans les assemblĂ©es constituante et lĂ©gislative, cette indemnisation n’intervint qu’en 1851, au lendemain du coup d’État. Par un dĂ©cret en date du 24 dĂ©cembre 1851, un crĂ©dit de 5 600 000 F fut ouvert au ministĂšre de l’IntĂ©rieur pour la liquidation des indemnitĂ©s Ă  accorder aux particuliers dont les propriĂ©tĂ©s avaient souffert des dommages matĂ©riels par suite des Ă©vĂ©nements de fĂ©vrier et de juin 1848. Sur ce crĂ©dit, la compagnie du Saint-Germain reçut la somme de 1 229 620 F. Nous nous fĂ©licitons, put dire Pereire aux actionnaires le 27 mars 1852, de la solution qui est intervenue, et nous devons ĂȘtre reconnaissants envers le Gouvernement de l’empressement qu’il a mis Ă  nous rendre justice. En effaçant les dĂ©plorables traces de nos troubles rĂ©volutionnaires, le Gouvernement a consolidĂ© la propriĂ©tĂ© des chemins de fer et a puissamment contribuĂ© ainsi Ă  relever le crĂ©dit de cette grande industrie. » À cette date-lĂ , neuf accusĂ©s jugĂ©s en mars ou en avril 1848 purgeaient encore des peines de rĂ©clusion, de travaux forcĂ©s ou de prison97. 98 Rapport d’Émile Pereire, assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ordinaire du 25 mars 1850. 99 Conçu par EugĂšne Flachat et rĂ©alisĂ© en fers laminĂ©s assemblĂ© par rivets, ce pont reprĂ©sentait Ă©gale ... 100 Rapport d’Émile Pereire, assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ordinaire du 27 mars 1852. 66Pour la compagnie, la sortie de la crise s’était amorcĂ©e en fait dĂšs 1850. Au dĂ©but de cette annĂ©e, elle Ă©tait rentrĂ©e dans la majeure partie de ses revenus et se retrouvait dans une voie dĂ©finitivement normale »98. HĂątivement rĂ©parĂ©, le pont d’AsniĂšres avait pu ĂȘtre rĂ©ouvert Ă  la circulation dĂšs le mois de juin 1848, avant d’ĂȘtre entiĂšrement reconstruit en fer, en 1853, et sur quatre voies au lieu de deux99. GrĂące Ă  de grands efforts de publicitĂ©, la foule de promeneurs commençait Ă  revenir Ă  Saint-Germain, la circulation retrouvant son niveau de 1847 et augmentant trĂšs considĂ©rablement par la suite, pour atteindre au total 2 444 660 voyageurs en 1853. Le procĂšs engagĂ© avec les entreprises mĂ©tallurgiques s’était soldĂ© par une transaction par laquelle toutes les sections de tube non utilisĂ©es furent reprises par ces fournisseurs, la compagnie n’ayant Ă  payer que les sections de grand diamĂštre effectivement utilisĂ©es. La nĂ©gociation des 6 000 actions supplĂ©mentaires Ă©mises en septembre 1845 avait finalement produit un bĂ©nĂ©fice de trois millions de francs, portĂ©s en dĂ©duction du compte du chemin atmosphĂ©rique. DiminuĂ©e Ă©galement de la valeur des machines fixes de Nanterre et de Chatou - pour lesquelles des repreneurs semblent avoir Ă©tĂ© trouvĂ©s au cours de l’annĂ©e 1851 -, la dĂ©pense d’ensemble pour le chemin atmosphĂ©rique se trouvait ainsi rĂ©duite, en 1852, Ă  1 500 000 F Moyennant cette dĂ©pense, la compagnie aura obtenu un prolongement de sa ligne qui Ă©vite aux voyageurs une montĂ©e trĂšs difficile du Pecq sur le plateau de Saint-Germain100. » 101 BAUDE, Louis-Alphonse. Rapport Ă  la commission sur les expĂ©riences du chemin de fer atmosphĂ©rique f ... 67De grandes simplifications avaient Ă©tĂ© introduites dans le service du chemin atmosphĂ©rique permettant, en 1849, un abaissement de la dĂ©pense de traction Ă  2,71 F par kilomĂštre parcouru, comparĂ© Ă  4,80 F en 1847. Ainsi, cette partie de notre exploitation va en s’amĂ©liorant. Elle n’a, d’ailleurs, rien laissĂ© Ă  dĂ©sirer sous le rapport de la rĂ©gularitĂ© du service. » Parmi ces amĂ©liorations, des essais de charbon avaient rĂ©ussi Ă  identifier les qualitĂ©s qui se prĂȘtaient le mieux Ă  des intermittences de combustion. Les chauffeurs, quant Ă  eux, avaient appris Ă  mieux mĂ©nager le feu dans l’intervalle des trains pour l’activer rapidement au moment du travail. En revanche, on avait cessĂ© d’utiliser le ventilateur, celui-ci, en fin de compte, n’ayant eu d’autre effet que de soulever les cendres du foyer ; on se contentait du seul tirage de la cheminĂ©e101. D’autres tĂątonnements avaient permis de trouver un bon mĂ©lange pour le graissage de la soupape qui, on le reconnut, avait une grande influence sur la tenue du vide. Dans un premier temps, sur les conseils de Joseph Samuda lui-mĂȘme, la rainure recevait deux couches, une premiĂšre composĂ©e de caoutchouc, de cire vĂ©gĂ©tale, d’huile de phoque ou de cheval, d’argile et d’huile de goudron, et une seconde suivant la mĂȘme recette, mais sans argile. Mais, au dĂ©but, cet enduit devait ĂȘtre retouchĂ© par les graisseurs aprĂšs le passage de chaque train. En outre, si elle Ă©tait efficace pendant l’hiver, la composition devenait trop fluide pendant l’étĂ©. On y mĂ©langea donc une proportion de la graisse utilisĂ©e Ă  l’intĂ©rieur du tube, composĂ©e de suif d’os, de talc, d’huile de cheval et d’huile crĂ©osotĂ©e, donnant de meilleurs rĂ©sultats et permettant de rĂ©duire de moitiĂ© la dĂ©pense mensuelle en fourniture de graisses pour la soupape et le tube. Figure 20 Wagon directeur du chemin atmosphĂ©rique de Saint-Germain. FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes, 1867, p. 385. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 68Au VĂ©sinet, on avait Ă©galement rĂ©ussi Ă  simplifier le raccrochage du train au wagon directeur. Au commencement de l’exploitation, ces trains Ă©taient poussĂ©s jusqu’au wagon par la locomotive mais, assez rapidement, on trouva un systĂšme nĂ©cessitant moins de manƓuvres. La locomotive, sĂ©parĂ©e de son tender, prenait une courte voie parallĂšle et, avec une corde de 12 m de longueur, tirait le train jusqu’au wagon directeur, dont le piston Ă©tait dĂ©jĂ  engagĂ© dans le tube. Le temps d’arrĂȘt en gare du VĂ©sinet fut ainsi rĂ©duit Ă  seulement deux minutes. En 1849, on parvint Ă©galement Ă  supprimer le wagon directeur, qui ne faisait que les allers-retours entre Le VĂ©sinet et Saint-Germain et qui reprĂ©sentait un poids mort de douze tonnes. Le piston propulseur fut dorĂ©navant attachĂ© Ă  un fourgon Ă  bagages qui faisait partie des trains ordinaires fig. n° 20. La tige raccrochant le wagon au nouveau piston pouvait recevoir un mouvement de rotation grĂące Ă  un levier manipulĂ© par le conducteur. Ainsi, lorsqu’il n’était pas utilisĂ© dans la montĂ©e Ă  Saint-Germain, ce piston pouvait rester sous le wagon, mais relevĂ© au-dessus du tube et de la voie. DĂšs lors, la soupape longitudinale n’était ouverte qu’à la montĂ©e et se trouvait moitiĂ© moins fatiguĂ©e. La suppression du wagon propulseur permettait en plus de rajouter deux voitures utiles aux trains. Enfin, dernier perfectionnement, l’allongement du tube, de 36 m, sur la partie horizontale de la voie avant l’arrivĂ©e en gare Ă  Saint-Germain. À l’origine, le tube s’arrĂȘtait au sommet de la rampe, l’effort de traction cessant donc lorsque le train tout entier restait encore sur le plan inclinĂ©. Il fallait donc une vitesse acquise considĂ©rable pour faire rentrer le train en gare. L’extension du tube permit d’épargner l’effort supplĂ©mentaire des pompes et de diminuer d’autant les dĂ©penses en combustible. Rendant compte de ces diffĂ©rentes amĂ©liorations, le Journal du Chemin des Fers du 8 septembre 1849 publia un compte des frais d’exploitation pour le mois de juillet une dĂ©pense totale de 4 575 F, dont 3 568 pour les machines et 1 006 pour la voie. Aux machines, ces dĂ©penses se dĂ©composaient en 2 724 F pour cent tonnes de houille, 61 F en suif et 783 F en salaires du personnel de conduite des machines encore une Ă©conomie, comparĂ©e au taux de ces salaires en 1847 !. Quant Ă  la voie, 540 F avaient Ă©tĂ© dĂ©pensĂ©s pour les matiĂšres servant Ă  l’entretien de la soupape et du piston propulseur, et 466 F en salaires du personnel d’entretien, de surveillance et de conduite. Pour le nombre de trains montĂ©s Ă  Saint-Germain au cours du mois, ces diffĂ©rentes dĂ©penses donnaient un prix de revient de 1,840 F par train et par kilomĂštre. D’aprĂšs le Journal, ces rĂ©sultats sont de nature Ă  ramener la confiance sur un systĂšme qui, gĂ©nĂ©ralisĂ©, serait mauvais, mais qui, dans certaines circonstances, peut rendre des services signalĂ©s. » Figure 21 RĂ©seau de banlieue de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, 1859. Rapport du Conseil d’administration Ă  l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires, 29 mars 1859. Archives nationales du Monde du Travail, 76 AQ 8. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 102 JOANNE, Adolphe. De Paris Ă  Saint-Germain, Ă  Poissy et Ă  Argenteuil. Paris L. Hachette, 1856, p. ... 103 Cette ligne, concĂ©dĂ©e Ă  l’origine, comme on l’a vu, Ă  l’inventeur Antoine Andraud, avait Ă©tĂ© cĂ©dĂ©e ... 104 Compagnie des chemins de fer de l’Ouest. Rapport du conseil d’administration Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ... 69Ainsi, le systĂšme atmosphĂ©rique semble-t-il avoir trouvĂ© sa place et, pour ainsi dire, sa vitesse de croisiĂšre. Saint-Germain et ses 12 000 habitants en semblaient satisfaits, le chemin de fer atmosphĂ©rique contribuant au dĂ©veloppement de la ville selon Adolphe Joanne, Ă©crivant en 1856, sous l’influence de la merveilleuse voie atmosphĂ©rique, qui met le haut plateau en communication directe avec la capitale, des quartiers nouveaux se sont bĂątis102. » Dans les rapports de Pereire aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales de la compagnie du 29 mars 1853 et du 30 mars 1854, il n’est plus du tout question du chemin de fer atmosphĂ©rique. À partir de 1855 et la fusion donnant lieu Ă  la crĂ©ation de la Compagnie de l’Ouest, le chemin de Saint-Germain se trouvait intĂ©grĂ© Ă  l’ensemble des 68 km de lignes de banlieue, Ă  cĂŽtĂ© des deux chemins de Versailles, le chemin d’Auteuil et celui d’Argenteuil103 fig. n° 21. Les rapports aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales de la nouvelle compagnie de l’Ouest n’évoquent pas non plus le systĂšme atmosphĂ©rique sauf, de maniĂšre plutĂŽt allusive, le 29 mars 1862, dans un paragraphe dĂ©taillant les besoins ayant entraĂźnĂ© des dĂ©penses supplĂ©mentaires pour des travaux sur cet ancien rĂ©seau Tel est d’abord le renouvellement des voies et du matĂ©riel roulant que le temps a usĂ©s, et qu’il faut de toute nĂ©cessitĂ© remettre en bon Ă©tat, si l’on ne veut pas courir des chances d’accidents aussi dĂ©plorables pour le public que pour les compagnies. Telle est encore la nĂ©cessitĂ© de complĂ©ter et de retoucher des travaux dont le systĂšme de construction premiĂšre ne pouvait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme dĂ©finitif, ou qui ne rĂ©pondent plus aux besoins que crĂ©ent, chaque jour, les perfectionnements apportĂ©s soit dans le matĂ©riel roulant, soit dans les divers services de l’exploitation des chemins de fer104. » Figure 22 L’accident ferroviaire du VĂ©sinet du 6 septembre 1858. Gravure anonyme, collection particuliĂšre. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 105 DĂ©tails dans La Presse des 7, 9 et 10 septembre 1858. Il ne s’agissait pas, d’ailleurs, des premier ... 106 CARRIERE, Bruno. Le chemin de fer atmosphĂ©rique une expĂ©rience sans lendemain. Rail Passion, sept ... 107 Information communiquĂ©e par Serge BenoĂźt, d’aprĂšs le journal d’un Ă©lĂšve-ingĂ©nieur des mines de 1861 ... 70Le lundi 6 septembre 1858, un de ces dĂ©plorables accidents avait eu lieu sur le chemin atmosphĂ©rique fig. n° 22. Un train composĂ© de douze voitures, partant de Saint-Germain Ă  10 h 25 du soir, connut une dĂ©faillance de freins et descendit la rampe Ă  une vitesse vertigineuse. Au VĂ©sinet, le mĂ©canicien qui attendait sur sa locomotive, voyant venir le convoi Ă  une vitesse incontrĂŽlable, donna de la vapeur pour se mettre sur une voie d’évitement, mais le convoi heurta le tender le premier wagon fut brisĂ© et renversĂ© sur la voie ; le wagon suivant monta sur le dĂ©bris du premier et la troisiĂšme voiture, une diligence, subit une secousse considĂ©rable. Dans le sauve-qui-peut qui s’en suivit, de nombreux voyageurs furent blessĂ©s en se prĂ©cipitant sur la voie. Le bilan de l’accident Ă©tait de trois morts, dont le conducteur, M. LacĂŽte, et deux passagĂšres, Mmes Michel et Roger, avec 28 blessĂ©s, dont six graves105. Cet accident, mettant Ă  mal la rĂ©putation du systĂšme atmosphĂ©rique en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, prĂ©cipita sans doute la dĂ©cision de l’abandonner. Le 28 aoĂ»t 1859, Adolphe Jullien, appelĂ© depuis peu Ă  la direction gĂ©nĂ©rale de la Compagnie de l’Ouest, informa la municipalitĂ© de Saint-Germain de son intention de supprimer l’exploitation atmosphĂ©rique. La principale raison invoquĂ©e incriminait la soupape et son usure, non seulement par les trains mais aussi sous l’influence de la sĂ©cheresse, de l’humiditĂ© et du froid. Le vide de plus en plus imparfait dans le tube obligeait la compagnie Ă  avoir constamment des locomotives en feu au VĂ©sinet pour parer aux absences » du systĂšme. Autre problĂšme mais celui-ci n’était pas propre au systĂšme atmosphĂ©rique l’impossibilitĂ© de communication entre les conducteurs des trains et les mĂ©caniciens Ă  Saint-Germain. Lorsque, pour une raison ou une autre, le convoi s’arrĂȘtait Ă  mi-pente, l’incertitude quant Ă  son redĂ©marrage incitait les voyageurs Ă  descendre du train pour poursuivre leur chemin Ă  pied, d’oĂč un risque d’accidents. AprĂšs une enquĂȘte ouverte au Pecq et Ă  Saint-Germain, qui ne suscita aucune opposition Ă  la suppression du systĂšme, son abandon dĂ©finitif fut autorisĂ© par dĂ©cision ministĂ©rielle du 23 juin 1860. À dater du 2 juillet 1860, le chemin de fer atmosphĂ©rique cessa donc ses opĂ©rations, la traction effectuĂ©e dorĂ©navant par quatre machines spĂ©ciales, Ă  six roues accouplĂ©es, livrĂ©es par l’entreprise Cail106. Le tube fut envoyĂ© Ă  la fonte mais les machines construites par Hallette furent rĂ©cupĂ©rĂ©es, vendues aux aciĂ©ries des frĂšres Jackson Ă  Saint-Seurin et transformĂ©es en machines soufflantes utilisĂ©es pour les premiers essais français, en 1861, d’un convertisseur Bessemer107. HĂ©ritage 108 On peut noter ici que dans le systĂšme de classification prĂ©vu pour l’Exposition universelle de 1855 ... 109 Seguin AĂźnĂ©. Note sur les chemins de fer atmosphĂ©riques, en employant comme moteur l’action de l’ai ... 110 D’aprĂšs Michel Cotte, ces projets atmosphĂ©riques de Marc Seguin auraient donnĂ© lieu Ă  des brevets p ... 71Le systĂšme atmosphĂ©rique Ă  la Clegg et Samuda rendit ainsi son dernier soupir opĂ©rationnel. Mais, en dĂ©pit de ses coĂ»ts excessifs, et d’installation et d’exploitation, pleinement constatĂ©s dĂšs 1848, les dĂ©cennies suivantes connurent encore plusieurs propositions pour relancer le systĂšme sous d’autres formes108, revenant de fait aux premiĂšres idĂ©es de George Medhurst. Ainsi, par exemple, en 1854, l’un des pionniers des chemins de fer français, le cĂ©lĂšbre Marc Seguin, citait justement les travaux antĂ©rieurs de Medheurst sic et de Vallence sic dans la prĂ©sentation du systĂšme qu’il s’était imaginĂ©109. Dans celui-ci, le convoi devait agir lui-mĂȘme comme un piston Ă  l’intĂ©rieur d’un tunnel, mis en mouvement par l’effet d’un courant d’air dilatĂ© ou comprimĂ© produit au moyen de pompes aspirantes et foulantes actionnĂ©es par de puissantes machines Ă  vapeur. Le tunnel, de forme elliptique, et de sept Ă  huit mĂštres carrĂ©s de section, serait maçonnĂ© ou cuvelĂ©, et clos de toutes parts pour empĂȘcher la communication avec l’air extĂ©rieur. À l’intĂ©rieur, si le besoin s’en faisait sentir, ce tunnel pourrait ĂȘtre Ă©clairĂ© de distance en distance. Il y aurait deux rails infĂ©rieurs pour supporter les voitures et deux autres sur les cĂŽtĂ©s pour empĂȘcher les sorties de voie. Les stations, Ă©tablies partie Ă  ciel ouvert et partie sous hangar, auraient une longueur d’environ mille mĂštres. Vers leur milieu, la voie formerait un dos d’ñne de trois ou quatre mĂštres de hauteur, sur lequel les convois s’élĂšveraient par leur vitesse acquise, redescendant ensuite par l’effet de la gravitĂ©. Pour laisser passer les convois, les cloisons, portes et soupapes, installĂ©es comme autant d’écluses Ă  air aux stations et auprĂšs des machines fixes, seraient manƓuvrĂ©es par des cantonniers, placĂ©s dans des loges mises en communication avec l’air extĂ©rieur. Au-delĂ  de son Ă©conomie globale, objet de savants calculs, Seguin dĂ©tailla d’autres avantages de son systĂšme, en matiĂšre surtout de sĂ©curitĂ© l’isolement de la ligne, sauf aux stations, des voies de communication ordinaires et de tous les lieux habitĂ©s ; l’impossibilitĂ© des collisions ; la disparition du poids Ă©norme des locomotives, remplacĂ©es par des voitures utiles ; l’élimination, Ă©galement, des inconvĂ©nients des grandes vitesses on pourra voyager aussi vite que le comporteront les moteurs. » Son systĂšme, conclut Seguin, paraissait particuliĂšrement recommandĂ© pour les rĂ©gions froides oĂč la construction de tunnels en bois cerclĂ©s en fer, engagĂ©s Ă  moitiĂ© dans le sol, serait possible Ă  des prix trĂšs bas et donnerait la facilitĂ© de voyager aussi promptement au milieu des frimas que dans la belle saison110. Figure 23 Projet de propulsion atmosphĂ©rique pour franchir les grandes chaĂźnes de montagnes. DAIGREMONT, J. Étude sur les chemins de fer atmosphĂ©riques, 1865, planche 1. © Institution of Civil Engineers. 111 DAIGREMONT, J. Étude sur les chemins de fer atmosphĂ©riques. Turin Établissement de Joseph Civelli ... 72En 1865, l’ingĂ©nieur J. Daigremont, directeur des travaux et de l’entretien aux chemins de fer de la Haute-Italie et intĂ©ressĂ©, par ce fait, aux possibilitĂ©s des tunnels ferroviaires pour traverser les montagnes, publia, en langue française, une Ă©tude sur les chemins de fer atmosphĂ©riques. Il y identifie, comme vice radical dans le systĂšme essayĂ© et dorĂ©navant abandonnĂ© Ă  Saint-Germain, les fuites par la soupape longitudinale. Ce vice disparaĂźtrait avec l’utilisation de tubes Ă  grande section, un tunnel mĂ©tallique de 4,50 m de diamĂštre dans lequel un piston propulseur en queue de chaque train serait poussĂ© par l’air comprimĂ©111 fig. n° 23. Un systĂšme proche fut effectivement expĂ©rimentĂ© en Angleterre Ă  cette Ă©poque, Ă  Sydenham, dans le parc oĂč avait Ă©tĂ© remontĂ© le palais de cristal de l’exposition de 1851. Il fut construit par Josiah Latimer Clark et Thomas Webster Rammell, le premier ayant dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© des systĂšmes de transport pneumatique de courrier dans des tubes Ă©tanches de petite section, utilisant soit l’air comprimĂ©, soit l’air rarĂ©fiĂ©. Sur une grande Ă©chelle, ce systĂšme donna lieu Ă  un tunnel de 550 m de longueur et de 3,20 m de diamĂštre, construit en briques, dans lequel la force propulsive Ă©tait fournie par une machine aĂ©romotrice Ă  rotation continue, autrement dit un immense ventilateur de 6,7 m de diamĂštre, mĂ» par une machine Ă  vapeur de fait, une locomotive louĂ©e pour l’occasion et tournant dans un sens pour aspirer le wagon-piston, ou dans l’autre pour le souffler fig. n° 24. Figure 24 Chemin de fer pneumatique de Sydenham, 1865. FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes, 1867, p. 393. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 112 FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire ... 113 The Daily Telegraph, 29 dĂ©cembre 1989. 73Emmenant 35 passagers dans un voyage qui durait moins d’une minute et coĂ»tait six pence, le wagon Ă©tait dotĂ©, Ă  l’une de ses extrĂ©mitĂ©s, d’un disque en bois s’adaptant Ă  la section du souterrain. Sur le pourtour de ce disque, un cordon en peluche de soie, formant une brosse et balayant la paroi du tunnel, suffisait pour intercepter le passage de l’air. DĂ©crivant ce chemin de fer pneumatique vers 1867, lorsqu’il Ă©tait encore une merveille toute nouvelle, Figuier annonça qu’il inspirait de grands espoirs pour un rĂ©seau de chemins de fer souterrains Ă  Londres ou encore pour un tunnel sous-marin reliant Douvres Ă  Calais. L’intĂ©rieur de la voiture Ă©tant parfaitement Ă©clairĂ©, le trajet n’a rien de dĂ©sagrĂ©able ni d’effrayant. Seulement, le voyageur n’a d’autre vue que celle de l’intĂ©rieur de la voiture. OĂč est, hĂ©las ! la poĂ©sie du voyage ? 
 Partir, arriver, voilĂ , disent bien des gens, les deux termes d’un voyage. A ceux-lĂ , le systĂšme, qui a Ă©tĂ© essayĂ© Ă  Sydenham, ne laissera rien Ă  dĂ©sirer. Mais il ne peut s’attendre qu’aux justes malĂ©dictions des touristes112. » À la suite de cette ligne expĂ©rimentale, la Waterloo & Whitehall Railway Company fut créée, et entama mĂȘme, en 1865, la rĂ©alisation d’un tunnel sous la Tamise, mais les travaux furent abandonnĂ©s un an plus tard, faute de finances. En fin de compte, la tentative, relevant davantage Ă  Sydenham de l’attraction de foire que d’un systĂšme de transport, tomba dans l’oubli, du moins jusqu’en 1989 lorsque quelques vestiges furent mis Ă  jour par des archĂ©ologues industriels113. 114 Scientific American, an illustrated journal of art, science and mechanics, 5 mars 1870. 115 La station et l’équipement de soufflerie furent dĂ©truits dans un incendie en 1898. L’histoire de ce ... 74En 1869 cependant, aux Etats-Unis, la Beach Pneumatic Transport Company, fondĂ©e par l’entrepreneur Alfred Ely Beach 1826-1896, directeur depuis 1846 de la revue Scientific American et propriĂ©taire d’une importante agence de brevets, crĂ©a un systĂšme souterrain de chemin de fer pneumatique directement copiĂ© sur celui de Clark et Ramell. Employant un bouclier comme celui qu’avait utilisĂ© Marc Brunel sous la Tamise, un tunnel de section circulaire, de 2,7 m de diamĂštre intĂ©rieur et 90 m de longueur, fut creusĂ© Ă  sept mĂštres de profondeur sous Broadway, Ă  New York. Il Ă©tait en maçonnerie de briques mais avec une partie en courbe cuvelĂ©e avec de fortes plaques en fonte, dues Ă  l’ingĂ©nieur britannique Joseph Dixon, associĂ© de Beach et directeur du chantier. La petite ligne expĂ©rimentale fonctionnait avec un grand blower », ou ĂŠolor », une machine soufflante Ă  pales rotatives, qui, par l’inversion d’une soupape, poussait l’air, et les voitures, dans un sens et les aspirait dans l’autre. Cette machine Ă©tait installĂ©e dans le sous-sol d’un grand magasin sur Broadway, actionnĂ©e par une machine Ă  vapeur de cent chevaux. Les voitures, individuelles ou attachĂ©es par deux en trains, Ă©taient Ă©galement de section ronde et dotĂ©es de quatre roues indĂ©pendantes logĂ©es sous les banquettes. Avec des places pour une vingtaine de passagers, ces voitures Ă©taient assez luxueusement tapissĂ©es, et Ă©clairĂ©es grĂące Ă  des lampes Ă  zircon ou Ă  kĂ©rosĂšne. Le systĂšme marcha comme attraction pendant plusieurs mois entre 1870 et 1871, le prix des billets donnĂ© Ă  une Ɠuvre charitable, une fondation pour des orphelins de soldats et de marins, car Beach n’avait pas encore obtenu une concession lĂ©gale pour un chemin de fer114. Mais, face Ă  la concurrence d’un systĂšme de rapid transit » par un chemin de fer sur viaducs, utilisant la traction par cĂąbles ou par locomotives Ă  vapeur le Elevated Railroad, ou El, l’entreprise de Beach fit faillite et sa modeste amorce d’un rĂ©seau de transports souterrain fut oubliĂ©e Ă  son tour115. 116 Moniteur Universel, 4 juillet 1844. Devant la commission parlementaire britannique sur la ligne de ... 75En 1844, lors de la discussion du projet de loi relatif au chemin de fer de Paris Ă  Strasbourg, Arago, dans sa premiĂšre prĂ©sentation du systĂšme atmosphĂ©rique, avait remarquĂ© que celui-ci n’avait aucune limite thĂ©orique en matiĂšre de pentes et qu’une ligne verticale serait parfaitement imaginable Si vous voulez, vous monterez tout droit aux tours de Notre Dame !116 » Une trentaine d’annĂ©es plus tard, un tel systĂšme vertical fut installĂ© aux houillĂšres d’Épinac-les-Mines SaĂŽne-et-Loire dans la mine Hottinguer, foncĂ©e Ă  partir de 1863. Un systĂšme d’extraction sans cĂąble » y fonctionna Ă  partir de 1876. Dans un puits moisĂ© de 4,25 m de diamĂštre, le tube vertical, de 1,60 m de diamĂštre, Ă©tait rĂ©alisĂ© par 485 viroles en tĂŽle de 8 millimĂštres d’épaisseur, les joints scellĂ©s avec des lames de caoutchouc. La colonne ainsi formĂ©e, fabriquĂ©e aux usines du Creusot, descendait Ă  une profondeur de 603 m. Le train » comportait deux pistons construits en bois et acier, leur garniture de cuir tenue en place avec des ressorts en fil de laiton, permettant souplesse et Ă©tanchĂ©itĂ© Ă  la fois. Entre le piston supĂ©rieur et le piston infĂ©rieur, dans une cage Ă  trois Ă©tages, prenaient place autant de wagonnets pour l’extraction du charbon, les mĂȘmes cages servant au transport des ouvriers. Au-dessus de l’orifice du puits, le tube, qui montait sur encore 20 m Ă  l’intĂ©rieur d’une grande tour, avait trois portiĂšres amĂ©nagĂ©es dans ses parois pour la sortie des wagonnets et du personnel, le train restant bloquĂ© par des taquets. Une structure mĂ©tallique indĂ©pendante soutenait, au sommet du tube, l’appareil de prise d’air de la machine pneumatique et, en-dessous, trois planchers pour la recette fig. n° 25. Figure 25 SystĂšme atmosphĂ©rique d’extraction Ă  la mine Hottinguer, Épinac-les-Mines SaĂŽne-et-Loire. Recette du jour avec trois planchers. Planche des Annales des Mines, 1878, reproduite par GUIOLLARD, Pierre-Christian. Les chevalements des houillĂšres françaises, 1993, p. 91. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 117 Inscription sur l’Inventaire supplĂ©mentaire des monuments historiques, en raison du tĂ©moignage de ... 76Capable de porter le vide Ă  une demi-atmosphĂšre, la machine pneumatique, actionnĂ©e par une machine Ă  vapeur de 1 500 chevaux installĂ©e en 1882, hissait le train du fond au jour en trois minutes ; la descente s’effectuait par gravitĂ©, en six minutes, sa vitesse rĂ©glĂ©e par des vannes d’échappement d’air au fond. Ce systĂšme pneumatique promettait de faire reculer la limite extrĂȘme des profondeurs d’extraction que l’on pouvait atteindre alors, les cĂąbles textiles de l’époque rĂ©sistant mal sur de telles longueurs. Il avait l’avantage supplĂ©mentaire de contribuer Ă  l’aĂ©rage du fond, chassant l’air viciĂ© et le grisou. Ce procĂ©dĂ© atmosphĂ©rique resta en service Ă  Épinac jusqu’en 1887, mais ne connut pas d’autres applications il nĂ©cessitait des investissements considĂ©rables, que rendaient peu utiles des progrĂšs accomplis entre temps dans la fabrication des cĂąbles en acier. La monumentale tour carrĂ©e, considĂ©rĂ©e localement comme une tour Malakoff, subsiste, protĂ©gĂ©e depuis 1992 au titre des monuments historiques117 fig. n° 26. Figure 26 Puits Hottinguer Ă  Épinac-les-Mines, carte postale du dĂ©but du XXe siĂšcle reproduit dans GUIOLLARD, Pierre-Christian. Les chevalements des houillĂšres françaises, 1993, p. 87. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 118 BERLIER, Étude et avant-projet d’une transmission pneumatique de dĂ©pĂȘches et colis postaux en ... 119 CLEMENT, Alain et THOMAS, Gilles dir.. Atlas du Paris souterrain, la doublure sombre de la Ville ... 77La principale postĂ©ritĂ© technique des chemins de fer atmosphĂ©riques rĂ©siderait donc dans les systĂšmes de transport pneumatique non pas de passagers ou de bennes de charbon et de mineurs, mais de courrier, enfermĂ© dans des boĂźtes Ă©tanches appelĂ©es curseurs. De tels rĂ©seaux furent installĂ©s dans de trĂšs nombreuses grandes villes Ă  partir des annĂ©es 1860 Londres, Liverpool, Manchester, Birmingham, Glasgow, Dublin, Philadelphie, New York, Boston, Berlin, Vienne
 En 1885, Jean-Baptiste Berlier, mieux connu en tant que promoteur et ingĂ©nieur de la ligne Nord-Sud du mĂ©tro parisien, proposa une canalisation pneumatique pour la transmission de dĂ©pĂȘches et de colis postaux entre Paris et Londres. La conduite en fonte de 30 cm de diamĂštre devait avoir une longueur totale de 500 km, aller-retour, dans laquelle des trains » de dix kilogrammes voyageraient Ă  500 km Ă  l’heure118. Le rĂ©seau des pneus » de la poste parisienne, dont la premiĂšre ligne d’essai, fonctionnant Ă  l’air comprimĂ© par des cuves d’eau, fut exĂ©cutĂ©e en 1866 entre la place de la Bourse et le Grand HĂŽtel, boulevard des Capucines, ne fut abandonnĂ© qu’en 1984, aprĂšs l’avĂšnement des fax. Un autre rĂ©seau pneumatique particulier, reliant l’HĂŽtel de Ville de Paris Ă  ses services situĂ©s de l’autre cĂŽtĂ© de la rue Lobau, fonctionne encore de nos jours mais, apparemment, plus pour longtemps119. Conclusion Un Ă©chec ? 120 La sociĂ©tĂ© Aeromovel, fondĂ©e en 1994, a construit deux courtes lignes pneumatiques Ă  voie unique, t ... 121 AssemblĂ©es gĂ©nĂ©rales ordinaires de la compagnie du Dublin & Kingstown Railway Company, 10 avril 185 ... 78Pour les chemins de fer, le systĂšme atmosphĂ©rique s’avĂ©ra partout un Ă©chec. Aucune ligne - ou presque120 - ne fonctionne aujourd’hui selon ses principes. Les vestiges physiques du systĂšme sur les quatre lignes des annĂ©es 1840 se rĂ©sument Ă  presque rien. Le souvenir mĂȘme de l’existence du systĂšme semble se limiter aux seuls spĂ©cialistes intĂ©ressĂ©s par les dĂ©buts des chemins de fer ou par l’histoire locale des lieux concernĂ©s. Mais la qualitĂ© de l’échec mĂ©rite d’abord d’ĂȘtre nuancĂ©e. Sur les deux lignes anglaises, les plus ambitieuses, essayant d’introduire une circulation dans les deux sens Ă  l’instar d’une ligne Ă  locomotives ordinaire, cet Ă©chec fut retentissant, quasi immĂ©diat et sans appel la propulsion atmosphĂ©rique fut abandonnĂ©e au bout de 15 mois Ă  Croydon et de seulement 12 mois sur le South Devon. Sur les lignes irlandaise et française, en revanche, oĂč, avec le retour par gravitĂ©, le systĂšme remplaçait plutĂŽt celui de la traction par cĂąble, l’échec Ă©tait moins flagrant, et moins immĂ©diat. Pour l’Irlande, on serait mĂȘme en droit, peut-ĂȘtre, de parler d’un demi-succĂšs. Le chemin atmosphĂ©rique de Kingstown Ă  Dalkey fonctionna aprĂšs tout pendant dix ans. Les archives de la compagnie permettent d’établir le bilan des neuf annĂ©es pleines de son activitĂ©121. Year ending last day in February AnnĂ©e arrĂȘtĂ©e au dernier jour de fĂ©vrier Receipts Recettes arrondies Ă  la livre sterling Expenses DĂ©penses arrondies Ă  la livre sterling Number of passengers carried Nombre de voyageurs transportĂ©s Number of trains despatched Nombre de trains expĂ©diĂ©s Number of miles travelled Nombre de milles parcourus Coaches per train Voitures par train Passengers per train Voyageurs par train Total expense per mile travelled DĂ©pense totale par mille parcouru en shillings et pence 1846 ÂŁ2 501 ÂŁ2 797 240 731 21 708 36 352 1 /6 œ 1847 ÂŁ2 361 ÂŁ3 979 226 576 22 876 38 203 2 /1 1848 ÂŁ2 078 ÂŁ2 730 198 068 22 420 37 441 1 /5 œ 1849 ÂŁ1 970 ÂŁ2 913 293 763 19 658 32 828 15 1 /9 ÂŒ 1850 ÂŁ1 842 ÂŁ2 288 319 785 23 176 38 704 1 /2 œ 1851 ÂŁ1 964 ÂŁ2 340 342 471 23 632 39 465 1 /2 ÂŒ 1852 ÂŁ1 935 ÂŁ2 070 338 065 24 330 40 631 1/- 1853 ÂŁ2 141 ÂŁ2 592 371 973 23 338 38 974 1 /3 Ÿ 1854 ÂŁ2 642 ÂŁ2 384 447 379 24 034 40 136 1 /2 ÂŒ Total ÂŁ19 434 ÂŁ24 093 2 778 811 181 540 342 737 Average ÂŁ2 159 ÂŁ2 677 308 757 20 171 38 082 1 /6 53 975 F 66 925 F 61 286 km 1,17 F/km Observations Fares 2nd class - 3d, 3rd class - 2d, reduced in 1849 to 2nd class - 2d, 3rd class - 1dObservations Tarifs 2e classe - 3d, 3e classe - 2d, rĂ©duits en 1849 Ă  2e classe - 2d, 3e classe - 1d. 122 HADFIELD, Charles. Atmospheric Railways, a Victorian Adventure in Silent Speed. Newton Abbot Davi ... 123 MURRAY, K. A. Ireland’s First Railway. Dublin Irish Railway Record Society, 1981, p. 84-92. 124 HADFIELD, Charles. Atmospheric Railways, a Victorian Adventure in Silent Speed. Newton Abbot Davi ... 79La ligne subit une brĂšve interruption Ă  la fin de l’annĂ©e 1845 pour le renouvellement de la soupape, au prix de ÂŁ867 21 675 F122. Une seconde interruption, plus longue, eut lieu Ă  partir du 24 novembre 1848, Ă  la suite d’une fracture arrivĂ©e Ă  l’une des pompes Ă  air. Rapidement adaptĂ©e - sa cheminĂ©e Ă©courtĂ©e et un toit installĂ© pour protĂ©ger la tĂȘte des mĂ©caniciens -, une locomotive, Princess, se montra capable de tracter les trains lĂ©gers de trois voitures, utilisĂ©s pendant l’hiver, quoique plus lentement qu’avec le systĂšme atmosphĂ©rique. Le 5 fĂ©vrier 1849, aprĂšs rĂ©paration de la pompe, la marche atmosphĂ©rique fut rĂ©tablie, fonctionnant ensuite, comme on le rĂ©pĂ©ta rĂ©guliĂšrement devant les actionnaires, avec la plus grande rĂ©gularitĂ© ». Ainsi, en neuf ans, le systĂšme transporta plus de deux millions et demi de voyageurs. À l’exception de la derniĂšre annĂ©e, les dĂ©penses de fonctionnement dĂ©passaient systĂ©matiquement les recettes, mais pour la compagnie ce manque Ă  gagner, de ÂŁ518 en moyenne par an 12 950 F, Ă©tait largement compensĂ© par l’augmentation de la circulation sur la ligne entre Dublin et Kingstown. La majoritĂ© des voyageurs utilisant l’extension atmosphĂ©rique avait dĂ©jĂ  pris cette partie de la ligne, oĂč les tarifs Ă©taient de 1 shilling, 8d et 6d selon la classe, avec un ticket aller-retour spĂ©cial baigneurs » en 2e classe, Ă  1s 4d123. Dans l’ensemble, donc, le systĂšme atmosphĂ©rique donnait satisfaction aux directeurs de la compagnie et, apparemment, au public. Et on peut souligner ici les bĂ©nĂ©fices enfin dĂ©gagĂ©s au cours de la derniĂšre annĂ©e de fonctionnement entre fĂ©vrier 1853 et fĂ©vrier 1854 ÂŁ258 ou 6 450 F, ainsi que la tendance Ă  la baisse de la dĂ©pense totale par mille parcouru. Celle-ci Ă©tait moins Ă©levĂ©e, d’ailleurs, que sur la section exploitĂ©e avec des locomotives entre Dublin et Kingstown, calculĂ©e, en 1849, Ă  3 shillings, comparĂ© Ă  1s 9ÂŒ d sur la section atmosphĂ©rique124. Ainsi, l’abandon du systĂšme sur cette ligne irlandaise, intervenu le 12 avril 1854, ne serait imputable ni Ă  ses dĂ©faillances ni Ă  un coĂ»t d’exploitation excessif ou en augmentation. Il rĂ©sulta plutĂŽt, en fait, d’une extension et d’une modernisation du chemin de fer au-delĂ  de Dalkey, sous l’égide d’une nouvelle compagnie, le Dublin & Wicklow Railway, et d’une mise aux normes de l’écartement des rails. 125 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle et extraordinaire de la Compagnie du Saint-Germain en date du 26 mars 1 ... 126 Rapport d’Émile Pereire, assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ordinaire des actionnaires, 24 mars 1851. 80Ni pour les lignes de Croydon et du South Devon, ni pour la ligne française, il ne semble possible d’établir de tels bilans. À partir de 1847, les rapports aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales de la Compagnie du Saint-Germain ne donnent que le total des voyageurs sur tout le parcours de la ligne, sans distinguer entre ceux allant jusqu’à Saint-Germain et ceux montant ou descendant en chemin Ă  l’une des stations intermĂ©diaires. On peut noter toutefois qu’en 1849, suite aux simplifications introduites dans le service du chemin atmosphĂ©rique, la compagnie pouvait dĂ©clarer que ce mode de traction n’était plus onĂ©reux pour l’exploitation125. En 1851, la direction de la compagnie, tout en Ă©tant soulagĂ©e d’ĂȘtre exonĂ©rĂ©e de l’obligation de poursuivre le systĂšme atmosphĂ©rique entre le bois du VĂ©sinet et Nanterre, et n’ayant pas envisagĂ© son application sur la petite ligne d’AsniĂšres Ă  Argenteuil, n’exprimait pas que des regrets pour la somme restant Ă  sa charge pour l’installation du systĂšme jusqu’à Saint-Germain le prolongement de notre ligne Ă©tait indispensable pour conserver Ă  notre chemin une clientĂšle que lui aurait disputĂ©e avec succĂšs les nouveaux chemins aboutissant Ă  Paris si nous n’avions pas franchi Le Pecq pour nous Ă©lever sur le plateau de Saint-Germain126. » Édouard Rodrigues, rentrĂ© au conseil d’administration en 1850, allait dans le mĂȘme sens, convaincu maintenant que le chemin atmosphĂ©rique a sauvĂ© votre ligne qui perdait sa clientĂšle de promeneurs, attirĂ©s qu’ils Ă©taient par les autres chemins ». Mais en mĂȘme temps, comme nous l’avons vu, la dĂ©cision de poursuivre l’exploitation atmosphĂ©rique entre le bois du VĂ©sinet et le plateau n’était pas prise par la compagnie elle-mĂȘme, mais imposĂ©e plutĂŽt par l’administration des Ponts et ChaussĂ©es. En fin de compte, et malgrĂ© tout, le systĂšme fonctionna Ă  Saint-Germain un peu plus de treize ans, pendant lesquels il transporta plusieurs millions de voyageurs. 127 BUCHANAN, R. A. The Atmospheric Railway of I. K. Brunel, article citĂ© note 110. Voir aussi l’intr ... 81Selon Adolphe Jullien, en 1859, le systĂšme Ă©tait Ă  supprimer en raison surtout de l’usure de la soupape, et c’était cette partie constituante qui reprĂ©sentait sa principale faiblesse matĂ©rielle, son impossible hermĂ©ticitĂ© incriminĂ©e dans tous les Ă©checs. Tout au long de ce texte, nous avons dĂ©libĂ©rĂ©ment insistĂ© sur les matĂ©riaux employĂ©s Ă  l’époque dans les diffĂ©rents systĂšmes envisagĂ©s cuir de bƓuf, suif et cire d’abeilles, glu marine... D’un point de vue technique, on peut conjecturer qu’avec des matĂ©riaux modernes, encore Ă  dĂ©velopper ou inventer, le caoutchouc vulcanisĂ©, par exemple, des matiĂšres plastiques ou des compositions d’étanchĂ©itĂ© Ă  base de produits pĂ©troliers, la soupape longitudinale de Clegg et Samuda, voire les lĂšvres pneumatiques Hallette, auraient pu mieux conserver le vide. Mais mĂȘme une suppression totale des fuites d’air n’aurait rien pu contre le deuxiĂšme talon d’Achille du systĂšme, l’intermittence de marche des machines motrices, occasionnant, selon le rapport de Combes en 1847, des pertes Ă©normes de travail et, par consĂ©quent, d’argent ». C’était en effet l’économie d’ensemble du systĂšme, ses coĂ»ts d’installation et d’exploitation qui le privait, en fin de compte, de toute possibilitĂ© de concurrencer le systĂšme Ă  locomotives. Pendant ces mĂȘmes annĂ©es, ce systĂšme avait fait, lui aussi, de notables progrĂšs. L’idĂ©e, Ă©voquĂ©e par Angus Buchanan dans son analyse de l’insuccĂšs de Brunel sur le South Devon127, que l’apparition d’une nouvelle technologie peut agir comme un aiguillon pour une ancienne, l’encourageant Ă  rattraper des retards redoutĂ©s, trouve, dans l’arrivĂ©e de la locomotive l’Hercule sur le Saint-Germain, une illustration frappante, dont la portĂ©e Ă©tait bien comprise d’ailleurs par les observateurs contemporains. Dans les capacitĂ©s grimpantes de la nouvelle locomotive de Flachat, ils voyaient dĂ©jĂ  la condamnation des prĂ©tendus avantages du systĂšme atmosphĂ©rique, avant mĂȘme son inauguration. À partir de ces annĂ©es 1840, d’amĂ©lioration en perfectionnement, la locomotive Ă  vapeur allait dominer les transports ferroviaires du monde entier, y compris sur les premiers rĂ©seaux mĂ©tropolitains Ă  Londres et Ă  New York, jusqu’à l’avĂšnement de la traction Ă©lectrique dans la derniĂšre dĂ©cennie du siĂšcle. Celle-ci, on peut le souligner, reprend en quelque sorte le principe de base du systĂšme atmosphĂ©rique l’énergie gĂ©nĂ©rĂ©e par des machines fixes, des centrales Ă©lectriques, est prise par un wagon-directeur » comparativement lĂ©ger, non pas dans un tube en fonte, mais sur une catĂ©naire ou un troisiĂšme rail. 128 ATMORE, Henry. Railway interests and the rope of air’, 1840-1848. British Journal for the History ... 82Dans son article de septembre 2004128, Henry Atmore apporte d’autres nuances Ă  l’interprĂ©tation de l’échec du systĂšme, relativisant ses seules faiblesses techniques par une mise en contexte plus large. Il passe d’abord en revue les diffĂ©rents groupes d’intĂ©rĂȘt concernĂ©s par les nouvelles technologies ferroviaires dans les annĂ©es 1840 les intĂ©rĂȘts purement opĂ©rationnels d’une bonne exploitation des chemins de fer ; les groupements professionnels vivant directement ou indirectement des chemins de fer, les ingĂ©nieurs, en premier lieu, mais aussi des entrepreneurs de construction, des banquiers, des architectes, des notaires, des avocats ; les compagnies ferroviaires, plĂ©thoriques, et leurs directeurs ; la finance, en province et Ă  Londres ; la presse ; l’administration ; et, enfin, le public, celui des voyageurs mais aussi les propriĂ©taires des terrains sur lesquels les chemins de fer furent construits, et les porteurs, souvent petits, des actions dans les compagnies. Le nouvel intĂ©rĂȘt » atmosphĂ©rique qui surgissait au dĂ©but des annĂ©es 1840, avec Clegg et les Samuda comme principaux porte-Ă©tendard, parvint, un moment donnĂ© - celui de l’apparent triomphe du systĂšme Ă  Dalkey Ă  partir de l’étĂ© 1843 -, Ă  faire coĂŻncider les intĂ©rĂȘts de plusieurs de ces groupes ceux des ingĂ©nieurs, des actionnaires, de la majoritĂ© de la presse, et du public. Ces deux annĂ©es, de 1843 Ă  1845, peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme l’ñge d’or du systĂšme atmosphĂ©rique, son Ă©phĂ©mĂšre moment de gloire. Mais au cours de l’annĂ©e 1846, les dĂ©buts troublĂ©s de l’exploitation de la nouvelle ligne de Croydon - interrompue par des pannes inattendues des machines fixes puis, pendant six semaines en mai et juin, par l’obligation de remplacer les cuirs de la soupape - intervenaient dans un contexte soudainement trĂšs diffĂ©rent. Depuis l’automne 1845, Ă  Londres, l’euphorique bulle spĂ©culative autour des chemins de fer s’était brutalement effondrĂ©e. En juin 1846, la crise s’installa en France, faisant plonger les cours ferroviaires. Avec cette fin de la Railway Mania », un nouvel opprobre s’attachait Ă  toute spĂ©culation sur les chemins de fer et une mĂ©fiance particuliĂšre Ă  l’égard des innovations aventureuses, dont le systĂšme atmosphĂ©rique Ă©tait le plus visible. En un mot, les dĂ©boires techniques sur la ligne de Croydon et ceux, ensuite, sur le South Devon, n’arrivaient vraiment pas au bon moment. Au double Ă©chec technique et financier venait se rajouter un problĂšme de timing, le facteur contingent de pas de chance ». 129 COILLY, Nathalie et REGNIER, Philippe. Le siĂšcle des saint-simoniens, du Nouveau christianisme au c ... 130 Entre l’Angleterre et la France, le mĂȘme Ă©cart existe encore aujourd’hui en matiĂšre d’intĂ©rĂȘt pour ... 83À plusieurs Ă©gards, les catĂ©gories d’ intĂ©rĂȘt » dĂ©taillĂ©es par Atmore sont difficilement transposables Ă  la situation contemporaine en France. Autour des saints-simoniens du Saint-Germain, le lobby français en faveur des chemins de fer, lobby financier, mĂ©diatique et technique, fut inspirĂ© par une idĂ©ologie d’accompagnement complĂštement absente en Angleterre129. Les investisseurs, en France, Ă©taient davantage reprĂ©sentĂ©s par la haute banque que par de petits porteurs impuissants, caractĂ©ristiques du systĂšme privĂ© anglais. ComparĂ© Ă  la multitude de titres ferroviaires en Angleterre, la presse spĂ©cialisĂ©e en France se limitait Ă  l’époque au seul Journal des Chemins de Fer130. Enfin, le systĂšme mixte public-privĂ©, consacrĂ© en France par la loi de 1842, donnait Ă  l’administration, et notamment Ă  son puissant corps des ingĂ©nieurs des Ponts et ChaussĂ©es, un poids de tutelle qui n’avait pas non plus son Ă©quivalent en Angleterre, mĂȘme si, comme nous l’avons vu, au sein du Conseil des Ponts et ChaussĂ©es, les avis n’étaient pas nĂ©cessairement monolithiques. N’empĂȘche, l’analyse d’Atmore, replaçant la dĂ©confiture anglaise du systĂšme atmosphĂ©rique dans une conjoncture plus large de la fin de la Railway Mania », Ă©claire l’échec du systĂšme en France ou, plus prĂ©cisĂ©ment peut-ĂȘtre, sa non-application ailleurs que sur l’extension, fortement subventionnĂ©e, du Saint-Germain. L’aventure atmosphĂ©rique Ă©tait en effet, et dĂšs le dĂ©but, une aventure internationale, dans laquelle la rĂ©putation des ingĂ©nieurs partisans du systĂšme jouait un rĂŽle essentiel dans sa diffusion. Une escapade europĂ©enne ? 131 Journal des Chemins de Fer, 19 juillet 1845. Le Danois Ă©tait bien Ă©videmment l’inventeur anglais qu ... 84Tout au long de ce texte, de Denis Papin Ă  Alfred Beach, l’attention a Ă©tĂ© attirĂ©e sur les dimensions transfrontaliĂšres du mouvement atmosphĂ©rique ses premiĂšres applications expĂ©rimentales Ă  Paris et au Havre, son dĂ©veloppement Ă  Londres puis en Irlande, et son retour dans la rĂ©gion parisienne, via la banlieue de Londres et le Devon. Charles Vignoles espĂ©rait introduire le systĂšme Ă  Stuttgart et Brunel sur une ligne de l’Italie du Nord. Dans l’Empire austro-hongrois, on l’aurait envisagĂ© pour la ligne de Semmering. Cet internationalisme a Ă©tĂ© notĂ© par les contemporains. Le ministre français des Travaux publics, en 1844, opposait ainsi le systĂšme anglais de Clegg et Samuda au systĂšme français de Hallette, une concurrence des deux nations que L’Illustration, par exemple, se plaisait ensuite Ă  mettre en relief. DirigĂ© par un Anglais, le Journal des Chemins de Fer remarqua quant Ă  lui qu’on avait tort de mĂȘler Ă  tout cela des questions de nationalitĂ©, car, Ă  bien examiner le fond des choses, on reconnaĂźtrait peut-ĂȘtre que ce qu’on appelle le systĂšme anglais appartient Ă  un Danois et que le procĂ©dĂ© dit français est l’Ɠuvre d’un Polonais131 ». 132 COTTE, Michel. De l’espionnage industriel Ă  la veille technologique. Belfort PĂŽle Ă©ditorial de l’ ... 133 Un exemplaire en langue anglaise du rapport de Mallet, conservĂ© comme tirĂ© Ă  part dans le carton su ... 85Dans un ouvrage rĂ©cent, Michel Cotte, Ă  partir d’études de cas, a esquissĂ© une typologie des chemins pris par la circulation des idĂ©es techniques aux dĂ©buts de l’industrialisation132. Par la force des choses, ce sont surtout les chemins de papier que peuvent pister les historiens et, autour des techniques atmosphĂ©riques, nous avons dĂ»ment constatĂ© le rĂŽle jouĂ© dans la diffusion d’information en France par des publications officielles ou semi-officielles comme les Comptes rendus de l’AcadĂ©mie des Sciences, les Annales des Ponts et ChaussĂ©es ou le Bulletin de la SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, relayĂ© par la presse spĂ©cialisĂ©e comme le Journal des Chemins de Fer. Parmi les publications anglaises auxquelles la SociĂ©tĂ© d’Encouragement Ă©tait abonnĂ©e Ă  l’époque, on peut noter Ă©galement deux sources importantes pouvant tenir ses membres parisiens au courant des progrĂšs atmosphĂ©riques outre-Manche, l’hebdomadaire The Mechanics’ Magazine, Museum, Register, Journal and Gazette, fondĂ©e en 1823, et les comptes rendus des dĂ©bats organisĂ©s par l’Institution of Civil Engineers, publiĂ©s annuellement Ă  partir de 1841. Quelques textes importants bĂ©nĂ©ficiĂšrent aussi d’une traduction en langue française. La brochure de Joseph Samuda, parue en anglais en mars 1841, fut publiĂ©e en français dĂšs l’annĂ©e suivante. Le rapport de Robert Stephenson ainsi que les tĂ©moignages d’ingĂ©nieurs devant la commission d’enquĂȘte parlementaire sur le projet de Croydon, furent Ă©galement traduits en français, sur l’initiative du Journal des Chemins de Fer. Dans l’autre sens, et bien plus exceptionnellement, certains textes français connurent une version anglaise. Le rapport de Mallet de janvier 1844 parut la mĂȘme annĂ©e en anglais dans les Quarterly Papers on Engineering, tout comme le rapport fait Ă  la Chambre par François Arago en faveur de la subvention de l’État pour un essai du systĂšme en France. On constate qu’il s’agit lĂ  de deux textes pro-atmosphĂ©riques, et il n’est pas exclu d’imaginer Clegg lui-mĂȘme ou les Samuda Ă  l’initiative de leur traduction ces rapports français, de nature officielle, apportaient du vent, pour ainsi dire, Ă  leur moulin133. De la mĂȘme maniĂšre, mais dans l’autre direction, l’ouvrage en français de H. A. Dubern, publiĂ© en 1846 en tant que RĂ©sumĂ© des opinions des ingĂ©nieurs français et anglais sur les chemins de fer atmosphĂ©riques rĂ©sume surtout des opinions favorables au systĂšme, dans lequel Dubern avait son propre intĂ©rĂȘt, dans le projet HĂ©diard Ă  Saint-Ouen. 86Certains organes de la presse française - L’Illustration, le Journal des Chemins de Fer, La Presse
- prĂȘtaient, comme nous l’avons vu, une grande attention aux expĂ©riences atmosphĂ©riques outre-Manche. Dans l’autre sens, l’intĂ©rĂȘt d’un Mechanics’ Magazine pour des dĂ©veloppements en France semble nettement moins marquĂ©. Dans l’ensemble, tout en exprimant un respect convenu pour de prestigieux savants français comme Arago, cette revue n’avait que peu de considĂ©ration pour les capacitĂ©s pratiques des ingĂ©nieurs des chemins de fer en France. Un article du 17 aoĂ»t 1844 intitulĂ© French atmospheric railway » tourne en dĂ©rision les idĂ©es d’Andraud pour un tube propulseur flexible placĂ© entre les rails. Mais les lĂšvres pneumatiques de Hallette, dĂ©crites dans un article du 9 mars 1844, suivant leur prĂ©sentation Ă  l’AcadĂ©mie des Sciences, ne suscitent aucun commentaire particulier. Et, le 19 aoĂ»t 1843, Ă  la veille de l’ouverture de la ligne de Kingstown Ă  Dalkey, on peut noter la traduction de l’article d’Edmond Teisserenc - qualifiĂ© d’ingĂ©nieur Ă©minent - publiĂ© par La Presse le 7 aoĂ»t, et promettant un grand retentissement pour cette initiative irlandaise. Le 30 dĂ©cembre 1843, le magazine donne Ă©galement Ă  ses lecteurs les principales conclusions du rapport Mallet sur le succĂšs complet de cette expĂ©rience, reprises d’un article publiĂ© dans Le Journal des DĂ©bats. 134 BUCHANAN, Angus. Brunel, The Life and Times of Isambard Kingdom Brunel. London Hambledon Continuu ... 135 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires, 8 novembre 1844, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent d ... 136 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du 17 mars 1847. Pereire ne rentre pas dans les dĂ©tails sur la nature de ces exp ... 87Mais de telles traductions, pour reprendre les analyses de Michel Cotte, auraient Ă©tĂ© un accompagnement du mouvement plus qu’un Ă©lĂ©ment moteur. Les contacts personnels et directs entre les acteurs, Ă  l’occasion de missions d’étude officielles comme celles de Teisserenc et de Mallet, ou de voyages privĂ©s comme ceux de Vuigner ou d’Isaac Pereire et EugĂšne Flachat, constitueraient un maillon plus crucial dans le transfert et l’adaptation des idĂ©es. Encore une fois, avec les visites attestĂ©es Ă  Saint-Germain par Samuel Clegg, Joseph Samuda, Charles Vignoles et Isambard Kingdom Brunel, ou celle encore de William Cubitt aux ateliers de Hallette Ă  Arras, on peut remarquer que ces voyages n’étaient plus Ă  sens unique. La langue pouvait-elle constituer un obstacle aux Ă©changes au sein des milieux relativement restreints des ingĂ©nieurs et des directeurs des compagnies concernĂ©s ? Ni plus, ni moins, sans doute, que lors d’un colloque international de nos jours, rassemblant des intervenants ayant besoin d’interprĂštes - le trĂšs cosmopolite Vignoles jouait ce rĂŽle pour Teisserenc Ă  Wormwood Scrubs et, plus tard, pour le ministre Dumon Ă  Croydon, et James Bonfil servait d’interprĂšte auprĂšs de Mallet Ă  Dublin - et d’autres, plus ou moins bilingues. Brunel, par son pĂšre et par ses deux annĂ©es de formation passĂ©es Ă  Paris, dont une partie, au moins, sous la tutelle du cĂ©lĂšbre horloger Louis BrĂ©guet, appartenait Ă  cette derniĂšre catĂ©gorie134. Loin de toute notion d’espionnage industriel, ces rencontres avaient lieu dans un milieu de gentlemen » et Émile Pereire se fĂ©licite, comme nous l’avons vu, de la libĂ©ralitĂ© » et de l’empressement bienveillant » avec lequel les renseignements avaient Ă©tĂ© fournis aux deux envoyĂ©s de la Compagnie135. Et la communication de renseignements ne prenait pas fin avec le dĂ©part d’Angleterre des deux voyageurs. En mars 1847, Pereire expliqua aux actionnaires de la compagnie que des expĂ©riences faites sur le chemin atmosphĂ©rique de Londres Ă  Croydon avaient amenĂ© des modifications dans les appareils du Saint-Germain136. En 1847, parmi les arguments pouvant motiver l’abandon du systĂšme sur la partie de la ligne entre le bois du VĂ©sinet et Nanterre, il met en avant les difficultĂ©s techniques rencontrĂ©es par Brunel sur le South Devon. 137 Moniteur Universel, 4 juillet 1844. 138 Lettre de Samuel Clegg adressĂ©e au Railway Times le 5 juin 1844, citĂ©e dans SystĂšme atmosphĂ©rique, ... 139 Rapport du 19 aoĂ»t 1844, citĂ© par Isambard Brunel. BRUNEL, Isambard. The Life of Isambard Kingdom B ... 88Comme nous l’avons vu aussi, l’autoritĂ© des ingĂ©nieurs britanniques ayant fait le pari atmosphĂ©rique constituait en elle-mĂȘme un argument en faveur du systĂšme, argument que l’on retrouve notamment dans la bouche d’un François Arago. Si des experts en chemins de fer aussi expĂ©rimentĂ©s que Vignoles, Cubitt et Brunel avaient adoptĂ© le nouveau systĂšme, ne craignant ni pour leur propre rĂ©putation ni pour les investissements des actionnaires dans leurs compagnies respectives, le systĂšme devait forcĂ©ment avoir un avenir ; son essai en France, demandĂ© par des ingĂ©nieurs dont tout le monde connaĂźt l’habiletĂ© », comme Teisserenc, Mallet et Vuigner, devenait dĂšs lors une question de dignitĂ© nationale Il me semble, Messieurs, opina le savant, que la France doit toujours prendre sa part dans les perfectionnements de tous genres qui s’opĂšrent dans le monde. Suivant moi, quand elle n’est pas sur le premier rang, c’est qu’elle a perdu sa place TrĂšs-bien !137 » Ici aussi, les arguments fondĂ©s sur des rĂ©putations d’ingĂ©nieurs Ă©trangers n’étaient pas Ă  sens unique. Samuel Clegg, en rĂ©pondant aux critiques de son systĂšme faites par Robert Stephenson, parla, sans citer de noms, des divers rapports ayant Ă©tĂ© publiĂ©s par des ingĂ©nieurs Ă©trangers du plus grand talent et de la plus haute expĂ©rience ; leurs opinions devant ĂȘtre supposĂ©es impartiales Ă  cause de la grande responsabilitĂ© qui s’attachait Ă  leur mission et que le gouvernement de leurs pays respectifs leur avait imposĂ©e138. » Les avis de Mallet, ingĂ©nieur envoyĂ© Ă  Dalkey par le gouvernement français », furent mis en avant par Jacob Samuda devant la commission chargĂ©e d’examiner le projet de ligne Ă  Croydon, ainsi que par Brunel dans un rapport aux directeurs du South Devon139. 140 Dans un article Ă  paraĂźtre, Les migrants britanniques en France, 1814-1851 », Fabrice BENSIMON Ă©t ... 89Ainsi, autour du chemin de fer atmosphĂ©rique, se seraient tissĂ©s des liens entre des ingĂ©nieurs anglais et français, tendus peut-ĂȘtre par un certain esprit de rivalitĂ© mais portĂ©s par une volontĂ© partagĂ©e de faire triompher un nouveau systĂšme, fondĂ©, de part et d’autre de la Manche, sur le mĂȘme brevet d’invention. Du point de vue social, cette entente cordiale entre ingĂ©nieurs d’origines diverses mais de culture technique de plus en plus commune contraste trĂšs fortement avec la xĂ©nophobie des mĂ©caniciens français Ă  l’encontre des mĂ©caniciens anglais. D’un point de vue technique, le contraste est frappant aussi entre la construction du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain et celle d’une autre ligne sensiblement contemporaine, le chemin de fer de Paris Ă  la mer, par Rouen et Le Havre. Cette ligne relevait plutĂŽt d’une importation clĂ©s en main des procĂ©dĂ©s et de l’expĂ©rience des Anglais ; elle fut conduite avec des capitaux pour moitiĂ© britanniques, sous la direction d’un ingĂ©nieur britannique, Joseph Locke, avec des entrepreneurs britanniques, Mackenzie et Brassey, des navvies » britanniques140 et un architecte britannique, William Tite, pour certaines gares. Au dĂ©but, mĂȘme le charbon pour les locomotives construites par la firme anglaise d’Allcard et Buddicom, Ă©tablie Ă  Sotteville, Ă©tait importĂ© d’outre-Manche. 141 BELHOSTE, Jean-François. La crĂ©ation d’une ingĂ©nierie ferroviaire française et son exportation en E ... 142 FLACHAT, EugĂšne. Les chemins de fer en 1862 et en 1863. Paris Librairie Hachette, 1863, p. 108. 90À la diffĂ©rence de cette grande ligne, la courte ligne de Saint-Germain affichait des compĂ©tences acquises en France dans tous les aspects de la construction d’un chemin de fer compĂ©tences financiĂšres dans la mobilisation de crĂ©dits bancaires, et compĂ©tences techniques dans les Ă©tudes prĂ©liminaires du tracĂ©, l’exĂ©cution d’ouvrages d’art en tous genres, la conception de jolies gares, et, surtout, la maĂźtrise non seulement d’une nouvelle forme de propulsion, mais aussi de l’ancienne, Ă  locomotives. La compagnie du Saint-Germain confirmait ici son rĂŽle de laboratoire, de chemin-Ă©cole, nourrissant un savoir-faire spĂ©cifiquement français. Et, en effet, Ă  partir des annĂ©es 1850, la France pouvait commencer Ă  concurrencer la Grande-Bretagne sur les marchĂ©s de l’exportation ferroviaire, en Espagne, dans l’Empire austro-hongrois, en Russie
141 Ainsi, en 1863, EugĂšne Flachat pouvait-il conclure Ă  la supĂ©rioritĂ© dans tous les services et dans toutes les tendances de l’exploitation française, sur l’exploitation anglaise142 ». En 1865, les Schneider commençaient Ă  vendre leurs locomotives outre-Manche
 Post-scriptum traces 143 Une coupure de presse du 16 aoĂ»t 1936, conservĂ©e dans le dossier sur le chemin de fer atmosphĂ©rique ... 91En matiĂšre de vestiges physiques, autres que papier, les quatre chemins de fer atmosphĂ©riques ne laissent que peu de chose. En tant qu’élĂ©ments de l’appareillage atmosphĂ©rique proprement dit, on ne connaĂźt guĂšre que quelques longueurs du tube de 15 pouces de diamĂštre, provenant du chemin de Croydon et dĂ©terrĂ©es lors de travaux entrepris en 1933143 fig. n° 27, ou quelques autres encore, de 22 pouces, venant du South Devon, mais jamais employĂ©es et vendues localement, lors de l’abandon de la traction atmosphĂ©rique. Le musĂ©e des chemins de fer de York, le musĂ©e Steam » Ă  Swindon ainsi que les musĂ©es d’histoire locale Ă  Teignmouth et Ă  Newton Abbot conservent des sections de ces tubes fig. n° 28. Figure 27 Sections du tube atmosphĂ©rique dĂ©terrĂ©es Ă  Croydon en 1933. Dossier sur le chemin de fer atmosphĂ©rique Ă  Croydon Public Library. © Croydon Public Library. Figure 28 Section du tube atmosphĂ©rique du South Devon, conservĂ©e au Newton Abbot Town and Great Western Railway Museum. Photo Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 144 William Dawson, surveyor gĂ©omĂštre expert, nĂ© en 1790 et mort Ă  Exeter en 1877, rĂ©alisa en 1847 et ... 145 ÉlĂ©ment de soupape du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Ouen », CNAM Inventaire 18523-0000. 92Dans sa section consacrĂ©e au Great Western Railway ce dernier musĂ©e prĂ©sente Ă©galement une maquette animĂ©e Ă  l’électricitĂ© de la gare de Newton Ă  son Ă©poque atmosphĂ©rique, inspirĂ©e d’une aquarelle de William Dawson144 fig. n° 29. Trois autres sections du tube 22 pouces, rĂ©cupĂ©rĂ©es sur la plage de Goodrington Sands en 1993, oĂč elles servaient encore de tuyaux de drainage, ont Ă©tĂ© remontĂ©es en 2000 - sans la soupape longitudinale - au Didcot Railway Centre, prĂšs d’Oxford, centre consacrĂ© Ă  l’histoire du Great Western fig. n° 30. En France, les rĂ©serves du Conservatoire national des arts et mĂ©tiers Ă  Saint-Denis conservent un Ă©chantillon de la soupape HĂ©diard aux lĂšvres d’acier, mais sans le tube en fonte145 voir fig. n° 42 et n° 43, premiĂšre partie. Figure 29 Maquette du bĂątiment des machines Ă  Newton en 1848, rĂ©alisĂ©e par Peter Parks d’aprĂšs l’aquarelle de William Dawson. Newton Abbot Town and Great Western Railway Museum. Photo Paul Smith. © Paul Smith. Figure 30 Section du tube atmosphĂ©rique montĂ©e au Didcot Railway Centre. Photo Wikimedia Commons, 2006. Repro Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 93Sur le terrain, le patrimoine atmosphĂ©rique est essentiellement composĂ© du tracĂ© pĂ©renne de la voie permanente. Ainsi, en Irlande, la ligne exploitĂ©e aujourd’hui par la compagnie Dart suit-elle le parcours ex-atmosphĂ©rique entre DĂșn Laoghaire Kingstown et Dalkey, pour poursuivre ensuite jusqu’à Bray et au-delĂ  Ă  Wicklow et Waterford. L’élĂ©gante station house » nĂ©o-classique, construite Ă  Kingstown par Samuel Roberts en 1843, subsiste toujours, transformĂ©e aujourd’hui en restaurant fig. n° 31. Figure 31 Station de DĂșn Laoghaire Kingstown. Photo Paul Smith, 2007. © Paul Smith. Figure 32 Emplacement du terminus du chemin de fer atmosphĂ©rique Ă  Dalkey. Photo Paul Smith, 2007. © Paul Smith. 94La ligne emprunte toujours la tranchĂ©e longeant le port, mais celle-ci a Ă©tĂ© approfondie et Ă©largie en 1878 pour l’installation d’une deuxiĂšme voie. À Dalkey, le bĂątiment de la machine fixe n’existe plus et l’emplacement d’origine du terminus atmosphĂ©rique n’est qu’une une vague dĂ©clivitĂ© parallĂšle aux voies actuelles, partiellement inondĂ©e et envahie par la vĂ©gĂ©tation fig. n° 32 fig. n° 33. Ouvert en 1998, le Dalkey Castle & Heritage Centre prĂ©sente la maquette d’un train atmosphĂ©rique en gare Ă  Kingstown, inspirĂ©e par la gravure publiĂ©e dans The Illustrated London News en janvier 1844 fig. n° 34. Figure 33 Atmospheric Road Ă  Dalkey. Photo Paul Smith, 2007. © Paul Smith. Figure 34 Maquette du chemin de fer atmosphĂ©rique Ă  Kingstown, Dalkey Castle & Heritage Centre. Photo Paul Smith, 2007. © Paul Smith. Figure 35 Croydon, bĂątiments de la station de pompage d’eau de Surrey Street, intĂ©grant des Ă©lĂ©ments du bĂątiment des machines atmosphĂ©riques de Croydon. Photo Paul Smith, 2007. © Paul Smith. Figure 36 Le bĂątiment des machines de Starcross. Comparer avec le mĂȘme bĂątiment reprĂ©sentĂ© en 1847 dans l’aquarelle de William Dawson, Figure 31, premiĂšre partie. Photo Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 146 Voir BLACKMORE, D. W. The Re-Birth of Croydon in 1851. Croydon Natural History and Scientific Socie ... 147 Voir la base de donnĂ©es illustrĂ©e d’English Heritage, 01/12/08 ... 95De la ligne de Londres Ă  Croydon, dans la banlieue sud de la capitale, subsistent quelques Ă©lĂ©ments architecturaux de l’une des stations de pompage nĂ©o-gothiques. En 1850, le service municipal des eaux de Croydon se rendit acquĂ©reur de ces Ă©lĂ©ments, rĂ©employĂ©s pour la construction d’une usine de distribution d’eau Ă  Surrey Street. Agrandi par la suite, ce bĂątiment existe toujours, rĂ©cemment reconverti en lofts146 fig. n° 35. Sur la ligne du South Devon, des Ă©lĂ©ments de trois des bĂątiments des machines, dessinĂ©s par Brunel dans le style italien, sont toujours en existence, le premier Ă  Starcross, diversement utilisĂ© aprĂšs la fin du systĂšme atmosphĂ©rique comme hangar Ă  locomotives, chapelle wesleyenne et club de voile et de pĂȘche. Sa tour de cheminĂ©e, en forme de campanile, a perdu son couronnement fig. n° 36. Un pub en face de la gare de Starcross porte le nom de Atmospheric Railway Inn » fig. n° 37. À Totnes, auprĂšs de la gare, subsiste un des bĂątiments de la station de pompage, mais sans sa cheminĂ©e d’origine fig. n° 38. Enfin, la station de pompage, Ă  Torre, au nord de Torquay, garde sa cheminĂ©e intacte mais, situĂ©e sur l’embranchement au-delĂ  de Newton, cette station ne fut jamais utilisĂ©e pour le service atmosphĂ©rique fig. n° 39. Les Ă©difices Ă  Starcross et Ă  Torre sont protĂ©gĂ©s listĂ©s depuis 1952 et 1975 respectivement, Ă  grade I et Ă  grade II*, sensiblement l’équivalent donc d’un classement en France147. Figure 37 The Atmospheric Railway Inn Ă  Starcross. L’enseigne, assez paradoxalement, montre une locomotive Ă  vapeur. Photo Paul Smith, 2008. © Paul Smith. Figure 38 BĂątiments des machines Ă  la station de Totnes. Comparer aux mĂȘme bĂątiments photographiĂ©s dans les annĂ©es 1960, Figure 33. Photo Paul Smith, 2008. © Paul Smith. 148 BUSSIERE, Roselyne. Le PassĂ© recomposĂ©, Saint-Germain-en-Laye, 1800-1940, Yvelines. Paris Inventa ... 149 Dossier d’Inventaire sur le pont de chemin de fer du Pecq, Ă©tabli en 1987 par Sophie Cueille. Voir ... 96Sur la ligne atmosphĂ©rique française, enfin, la gare d’arrivĂ©e Ă  Saint-Germain fut arasĂ©e en 1972, remplacĂ©e par rien, le traitement des voyageurs s’effectuant dorĂ©navant en souterrain148. Sans emploi Ă  partir de 1860, le bĂątiment des machines au dĂ©bouchĂ© de la rampe figure encore sur une photographie des annĂ©es 1880 mais n’existe plus de nos jours. Plus bas, le pont sur la Seine a Ă©tĂ© remplacĂ© par une nouvelle structure mĂ©tallique en 1885149. Ainsi, exceptĂ© quelques bouts de tube en fonte Ă©ventuellement oubliĂ©s sur les bords de la ligne dans l’épaisse vĂ©gĂ©tation de l’üle de la CorbiĂšre, le seul Ă©lĂ©ment subsistant de cette entreprise atmosphĂ©rique Ă  la française serait le viaduc parabolique construit sous la direction de Flachat en 1845. Il est empruntĂ© tous les jours par les rames de la ligne A du RER, tĂ©moin mĂ©connu d’un perdant magnifique », un beautiful loser » des origines des chemins de fer fig. n° 40. Figure 39 BĂątiment des machines Ă  Torre, prĂšs de Torquay, occupĂ© de nos jours par un marchand en gros de fruits et de lĂ©gumes. Photo Paul Smith, 2008. © Paul Smith. Figure 40 Viaduc de Saint-Germain-en-Laye, vu depuis la berge de la Seine. Photo Paul Smith, 2007. © Paul Smith. Mes remerciements Ă  Annick Arnaud, Laurent Poupard, Pascal LiĂ©vaux et Catherine Gros pour la relecture de ce texte et l’élimination des anglicismes. Remerciements aussi Karen Bowie pour ses commentaires, Ă  Serge BenoĂźt pour son accueil et son aide Ă  la SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, Ă  Carol Morgan dans les archives de l’Institution of Civil Engineers Ă  Londres, Ă  Frances Sugrue dans les archives dĂ©tenues par CĂłras Iompair Éirann Ă  Heuston station, Dublin, ainsi qu’à Jean-François Belhoste pour la communication de documents en provenance des archives de Brunel Ă  Bristol et pour des renseignements concernant ses ingĂ©nieurs centraliens. Haut de page Notes 1 AN F 14 10912/107. 2 BOULET, François. Les Pereire et l’arrivĂ©e du chemin de fer au travers des dĂ©bats saint-germanois. La ligne Paris-Saint-Germain dans le rĂ©seau ferroviaire de l’Ouest parisien, actes du colloque du 1er avril 2006, Bulletin des Amis du Vieux Saint-Germain, 2006, n° 43, p. 27-50. DĂšs 1832, les Pereire avaient Ă©tĂ© Ă  l’origine d’un lotissement concertĂ© Ă  Saint-Germain, la citĂ© MĂ©dicis, situĂ©e en bordure du parc et amĂ©nagĂ©e, Ă  l’anglaise, autour d’un square central. Voir BUSSIERE, Roselyne. Le PassĂ© recomposĂ©, Saint-Germain-en-Laye, 1800-1940, Yvelines. Paris Inventaire gĂ©nĂ©ral des monuments et des richesses artistiques de la France, 1997, p. 71 Images du patrimoine, n° 159. 3 Un banquet d’inauguration fut organisĂ© Ă  Saint-Germain pour la reine Marie-AmĂ©lie et sa famille, les ducs d’OrlĂ©ans, d’Aumale et de Montpensier, la duchesse d’OrlĂ©ans et autres jeunes princesses. Des voitures de la cour stationnaient au Pecq pour emmener la famille royale Ă  Saint-Germain ; voir Le centenaire du premier chemin de fer Ă  voyageurs, L’Illustration, 28 aoĂ»t 1937 ; et JANIN, Jules. Mon premier voyage en chemin de fer, de Paris Ă  Saint-Germain, 24 aoĂ»t 1837. Reproduit dans Les Annales politiques et littĂ©raires, 7 octobre 1900, p. 234-235. 4 En fait, dans la pensĂ©e qui avait prĂ©sidĂ© Ă  la fondation du chemin de Saint-Germain, d’aprĂšs Émile Pereire, celui-ci Ă©tait destinĂ© aussi Ă  servir de tĂȘte aux futurs chemins de Normandie et de l’Ouest les travaux de construction et les frais d’établissement avaient Ă©tĂ© calculĂ©s dans ce but, les ponts, souterrains et tranchĂ©es disposĂ©s pour plusieurs voies. Voir le rapport de Pereire, s’adressant aux actionnaires de la compagnie le 29 mai 1848, ANMT, 76 AQ 1. Sur les origines et la construction du chemin de fer de Saint-Germain, voir RATCLIFFE, Barrie Origins of the Paris - Saint-Germain Railway, et The Building of the Paris - Saint-Germain railway. Journal of Transport History. Septembre 1972, p. 197-219, et fĂ©vrier 1973, p. 20-40. 5 D’aprĂšs les dĂ©penses relatives Ă  l’établissement de la ligne, prĂ©sentĂ©es Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la compagnie en date du 1er mars 1839, la gare de Paris avait coĂ»tĂ© 246 358 F et celle du Pecq 512 394 F. Voir aussi SAUGET, StĂ©phanie. Les aventures de la premiĂšre gare terminus parisienne enjeux, usages et nostalgie autour de la gare Saint-Lazare. La ligne Paris-Saint-Germain dans le rĂ©seau ferroviaire de l’Ouest parisien, op. cit., p. 79-90. 6 BREANT, Adolphe et REBIERE, Julien. Notice historique, statistique et biographique sur prĂ©cĂ©dĂ©e de l’itinĂ©raire par le chemin de fer suivie de l’historique des chemins de fer et des notes sur le service de Paris Ă  et stations intermĂ©diaires. Paris Bocquet Je. Editeur, 1838, p. 6. 7 Le chĂąteau, Ă  cette Ă©poque, ne comptait pas parmi les attractions touristiques, servant jusqu’en 1855 de pĂ©nitencier militaire. La fĂȘte des Loges, cĂ©lĂ©brĂ©e pendant trois jours suivant le premier dimanche aprĂšs la Saint-Fiacre 30 aoĂ»t, Ă©tait alors l’une des plus populaires et les plus tumultueuses des environs de Paris. D’aprĂšs Adolphe Joanne, en 1830, avant l’arrivĂ©e du chemin de fer, le premier jour de cette fĂȘte attirait 15 000 personnes, une population mĂȘlĂ©e de Parisiens et d’habitants de Saint-Germain et de ses environs, venue pour des spectacles de saltimbanques et pour le plaisir de la danse, si cher Ă  la jeunesse ». JOANNE, Adolphe. De Paris Ă  Saint-Germain, Ă  Poissy et Ă  Argenteuil. Paris L. Hachette, 1856. 8 Selon le Journal des Chemins de Fer, 26 octobre 1844. Les voyageurs devaient dĂ©bourser 25 centimes pour la montĂ©e Ă  Saint-Germain et 20 centimes pour le retour au Pecq assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la compagnie du 17 mars 1847. 9 Il s’agit ici de la circulation de Paris jusqu’au Pecq, sans comptabiliser les voyageurs descendus en chemin chiffres dans le rapport d’Émile Pereire Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires de la Compagnie du Chemin de fer de Paris Ă  Saint-Germain du 17 mars 1847. Une collection, pas tout Ă  fait complĂšte, des comptes rendus des assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales du Paris - Saint-Germain portant le tampon d’EugĂšne Flachat, ingĂ©nieur est conservĂ©e Ă  la BibliothĂšque historique de la Ville de Paris sous la cote 139 487. Une autre collection est consultable sur microfilm aux Archives nationales du monde du travail, Ă  Roubaix, 76 AQ 1. 10 Rapport d’Émile Pereire Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires de la Compagnie du Chemin de fer de Paris Ă  Saint-Germain, 2 mars 1840. De nouvelles stations intermĂ©diaires furent créées en 1844 Ă  Rueil et Ă  Colombes. 11 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire de la Compagnie de Saint-Germain, 8 novembre 1844, reproduite dans VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. I 1832-1845, p. 509. 12 Les passages Ă  niveau ne prĂ©sentaient aucune difficultĂ© pratique sur des lignes exploitĂ©es par des locomotives mais, dans le systĂšme atmosphĂ©rique, la hauteur du tube de propulsion constituait un obstacle Ă  la circulation. En 1845, Joseph Samuda imagina une solution un cylindre et un piston attachĂ© au tube pouvaient soulever automatiquement une plate-forme de passage au moment de la crĂ©ation du vide. Cette plate-forme soulevĂ©e servirait d’annonce pour le passage imminent d’un train et constituerait en mĂȘme temps une barriĂšre empĂȘchant la traversĂ©e de la voie. Voir les remarques de Joseph Samuda lors du dĂ©bat organisĂ© Ă  l’Institution of Civil Engineers le 25 fĂ©vrier 1845, Institution of Civil Engineers, vol. IV, Session 1845, p. 143. 13 Charles-Joseph Minard fut chargĂ© des cours de chemin de fer ouverts Ă  l’École d’application des Ponts et ChaussĂ©es en 1834 ; il y assignait aux locomotives Ă  vapeur une seule fonction dans le transport rapide de voyageurs, pensant que la traction animale suffisait largement pour les marchandises ; voir RIBEILL, Georges. La rĂ©volution ferroviaire, la formation des compagnies de chemins de fer en France 1823-1870. Paris Belin, 1993, p. 303. 14 Celui-ci est reproduit dans VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. I 1832-1845, p. 481-482. 15 Ce rapport, publiĂ© par le Journal des Chemins de Fer dans son numĂ©ro du 20 juillet 1844, est repris dans les ƒuvres complĂštes de François Arago, Notices scientifiques, tome 2e, Paris Legrand, Pomey et Crouzet, p. 426-460. Il est Ă©galement reproduit dans VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. I 1832-1845, p. 482-491. 16 Brevet du 19 juin 1844, par MM. Pecqueur, Bontemps et Zambaux, pour plusieurs systĂšmes de chemins de fer atmosphĂ©riques, et de locomotives mises en mouvement par l’air rarĂ©fiĂ© ou comprimĂ© au moyen de moteurs fixes et d’un rĂ©servoir placĂ© dans toute l’étendue de la voie », Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre. Tome sixiĂšme, Paris, 1848, p. 76-77 et 139-144. L’invention de Pecqueur avait les faveurs du Journal des Chemins de Fer 10 aoĂ»t 1844, qui notait le fait qu’avec ce systĂšme le conducteur restait maĂźtre de son convoi et gardait la possibilitĂ© de renverser la marche ; le journal y voyait la rĂ©union des avantages du systĂšme des locomotives et de ceux du systĂšme atmosphĂ©rique, mais exempte de la plupart des inconvĂ©nients reprochĂ©s Ă  chacun. Sur l’inventeur touche-Ă -tout OnĂ©siphore Pecqueur 1792-1852, voir PAYEN, Jacques. Technologie de l’énergie vapeur en France dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle, La machine Ă  vapeur fixe. Paris 1985, p. 141-142 et DAUMAS, Maurice. Les mĂ©caniciens autodidactes français et l’acquisition des techniques britanniques. L’acquisition des techniques par les pays non-initiateurs, Pont-Ă -Mousson, 28 juin-5 juillet 1970. Paris Éditions du CNRS, 1973 colloques internationaux du CNRS, n° 538, organisĂ© avec la collaboration du International Co-operation in History of Technology Committee ICOHTEC, p. 317. 17 Notons ici que ce rapport d’Arago, comme celui de Mallet, fut intĂ©gralement traduit en langue anglaise, peut-ĂȘtre Ă  l’instigation des Samuda tout en dĂ©clarant leur soupape susceptible d’amĂ©liorations, le savant français Ă©tait globalement favorable au systĂšme atmosphĂ©rique. La traduction, faite par J. T. F. » et datĂ©e de septembre 1844, parut dans Quarterly Papers on Engineering, Edited and Published by John Weale. London, vol. III, 1845 Mons. Arago’s report on the atmospheric railway system, and on the proposed atmospheric railway at Paris, seven miles and a half long. Mons. Arago’s report on the bill proposed to open a credit for an experiment of the atmospheric system of railway. 12 p. Le traducteur se permet, dans une note, de s’étonner de l’importance attachĂ©e par Arago au systĂšme Ă  air comprimĂ© de M. Pecqueur ; le succĂšs du systĂšme atmosphĂ©rique, selon ce traducteur, progresserait davantage en se limitant au perfectionnement du systĂšme de Clegg et Samuda. 18 Journal des Chemins de Fer, 10 aoĂ»t 1844. 19 Ce programme est publiĂ© dans le Journal des Chemins de Fer du 14 septembre 1844. 20 Voir RATCLIFFE, Barrie Origins of the Paris - Saint-Germain Railway, et The Building of the Paris - Saint-Germain railway. Journal of Transport History. Septembre 1972, p. 197-219, et fĂ©vrier 1973, p. 206-207. 21 Explications du ministre donnĂ©es aux membres du Conseil des Ponts et ChaussĂ©es dans sa sĂ©ance du 2 dĂ©cembre 1844, consacrĂ©e Ă  l’examen du projet prĂ©sentĂ© par EugĂšne Flachat et Émile Pereire pour le chemin de fer atmosphĂ©rique entre le bois du VĂ©sinet et le plateau de Saint-Germain, AN F 14 10912/108. 22 Le texte de cette convention est annexĂ© Ă  l’ordonnance royale du 2 novembre 1844, Bulletin des Lois, 1844, p. 715-718. 23 BOULET, François. Les Pereire et l’arrivĂ©e du chemin de fer au travers des dĂ©bats saint-germanois. La ligne Paris-Saint-Germain dans le rĂ©seau ferroviaire de l’Ouest parisien, actes du colloque du 1er avril 2006, Bulletin des Amis du Vieux Saint-Germain, 2006, n° 43, p. 40-41. 24 VILBACK, Alphonse Renaud de. Chemins de fer atmosphĂ©riques, extraits du Moniteur industriel, 7 juillet - 7 novembre 1844. Paris Le Moniteur industriel, 1844. 15 et 8 p. La citation vient d’un article publiĂ© le 7 novembre 1844. 25 Courrier de la compagnie de Rouen enregistrĂ© Ă  l’administration des Ponts et ChaussĂ©es le 17 septembre 1844, Sommier des chemins de fer », citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. III, p. 1980. 26 Selon Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil, qui le cite trĂšs abondamment, le Journal des Chemins de Fer Ă©tait tout simplement l’organe de la compagnie de Rouen », servant les rancunes de celle-ci contre la compagnie de Saint-Germain, VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. I 1832-1845, p. 480. Sur l’investissement britannique dans les compagnies de Paris-Rouen-Le Havre, Ă  hauteur d’environ 50 %, voir MARECHAL, Virginie. La construction des lignes de chemin de fer de Paris Ă  Rouen et de Rouen au Havre, 1839-1847. MĂ©moire de maĂźtrise en histoire. Paris UniversitĂ© de Paris I, 1993-1994, et BOCARD, HĂ©lĂšne, introduction Ă  l’ouvrage collectif. De Paris Ă  la mer, la ligne de chemin de fer Paris-Rouen-Le Havre. Paris 2005, p. 9-45 Images du Patrimoine n° 239. 27 Journal des Chemins de Fer, 14 et 21 septembre et 5 et 26 octobre 1844. La couverture des quais de la nouvelle gare de Saint-Lazare, utilisant le systĂšme des fermes de Camille Polonceau encore en place aujourd’hui par-dessus les quais des voies 9 Ă  2, ne fut achevĂ©e qu’au dĂ©but de l’annĂ©e 1847. 28 DĂ©bats des 19 et 20 juin 1845, transcrits dans CALLITE, Anne. La construction du matĂ©riel roulant ferroviaire en France, l’exemple nordiste 1828-1939. ThĂšse de doctorat en histoire. Lille UniversitĂ© de Lille III, [2006], p. 65-67. Dans son analyse de l’échec d’Alexis Hallette, Anne Callite Ă©voque l’isolement de l’inventeur arrageois, n’ayant, pour influer sur le choix du gouvernement, que son propre savoir-faire technique et le soutien du savant parisien. Ceux-ci ne faisaient pas le poids face Ă  la solide compagnie ferroviaire. Elle Ă©voque aussi des intrigues de banquiers dĂ©favorables Ă  Hallette, et le fait que certains actionnaires du Saint-Germain Ă©taient anglais, ce qui est une erreur, les actions Ă©tant partagĂ©es entre quatre grandes banques parisiennes. La compagnie anglaise » de cette Ă©poque Ă©tait plutĂŽt celle de Rouen. En revanche, il n’est pas exclu d’imaginer une certaine entente entre les frĂšres Pereire et les frĂšres Samuda, de par leurs origines juives sĂ©farades communes. 29 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire de la Compagnie de Saint-Germain, 8 novembre 1844, reproduite dans VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. I 1832-1845, p. 507-511. D’aprĂšs son biographe, Vignoles fut invitĂ© en France par la Compagnie du Paris-Saint-Germain pour donner des conseils sur l’extension atmosphĂ©rique VIGNOLES, K. H. Charles Blacker Vignoles romantic engineer. Cambridge Cambridge University Press, 1982, p. 107. 30 Sommier des chemins de fer, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. III, p. 1981. 31 ApprouvĂ©e par l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires du 1er mars 1845, cette augmentation du capital, nĂ©cessitant une modification des statuts de la compagnie, fut autorisĂ©e par une ordonnance royale en date du 29 septembre 1845. La baisse survenue Ă  cette Ă©poque sur toutes les actions des chemins de fer eut comme consĂ©quence une mĂ©vente des actions, 923 seulement trouvant preneurs. En attendant une conjoncture plus favorable, des membres du conseil d’administration de la compagnie se trouvaient contraints d’avancer les sommes nĂ©cessaires pour les travaux. 32 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires du Saint-Germain, 11 dĂ©cembre 1844, reproduite dans VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. I 1832-1845, p. 512-513 et dans le Journal des Chemins de Fer du 14 dĂ©cembre 1844. À cette Ă©poque, le bois du VĂ©sinet, entretenu depuis le XVIIe siĂšcle comme Ă©lĂ©ment de la composition des jardins du chĂąteau de Saint-Germain, n’était dĂ©frichĂ© que sur le site du hameau du Pecq et dans sa partie centrale, pour un champ de manƓuvre de cavalerie. Profitant de la prĂ©sence du chemin de fer, et intĂ©grant son tracĂ© dans son urbanisme paysager, la colonie » du VĂ©sinet ne se dĂ©veloppera qu’à partir de 1860, Ă  l’instigation du duc de Morny et de l’industriel Alphonse Pallu. Voir CUEILLE, Sophie. Le VĂ©sinet, modĂšle français d’urbanisme paysager, 1858-1930. Paris Inventaire gĂ©nĂ©ral des Monuments et des Richesses artistiques de la France, Imprimerie nationale Ă©ditions, 1989 Cahiers de l’Inventaire, n° 17. 33 AN F 14 10912/108 ; un plan, datĂ© du 7 dĂ©cembre 1844 fig. 52, signĂ© par l’ingĂ©nieur des domaines de la couronne et intitulĂ© TracĂ© du chemin de fer atmosphĂ©rique entre Le Pecq et St Germain, traversant le Bois du VĂ©sinet, la Terrasse et la ForĂȘt de St Germain et arrivant par le Parterre sur la Place du chĂąteau » se trouve dans AN F 14 10337 2 N° 1. 34 BOULET, François. Les Pereire et l’arrivĂ©e du chemin de fer au travers des dĂ©bats saint-germanois. La ligne Paris-Saint-Germain dans le rĂ©seau ferroviaire de l’Ouest parisien, actes du colloque du 1er avril 2006, Bulletin des Amis du Vieux Saint-Germain, 2006, n° 43, p. 41. 35 ETIENNE, Ch. Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, Notice descriptive des travaux d’art et calculs relatifs Ă  l’application du principe atmosphĂ©rique. Paris Librairie scientifique industrielle L. Mathias, 1846. 36 Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre. Tome sixiĂšme, Paris, 1848, p. 150-158. Une autre description du chemin de fer atmosphĂ©rique, due Ă  Armengaud aĂźnĂ© et s’attachant surtout Ă  la prĂ©sentation des dĂ©tails des machines Ă  vapeur, des pompes et des chaudiĂšres, se trouve dans le portefeuille industriel, manuscrit de 44 feuillets accompagnĂ© de 22 plans, CNAM 13571/23. 37 L’Illustration, 29 novembre 1845. Flachat s’était entourĂ©, pour ce chantier considĂ©rable, d’une Ă©quipe d’ingĂ©nieurs recrutĂ©s Ă  leur sortie de l’École centrale. Par l’annuaire de l’école de 1847-1848, les noms de certains d’entre eux sont connus Ernest Deligny, chef de section, Dregel et Charles RhĂŽnĂ©, ingĂ©nieurs au chemin de fer atmosphĂ©rique, ce dernier Ă©tant le gendre d’Émile Pereire informations communiquĂ©es par Jean-François Belhoste. Par ailleurs, Ernest GoĂŒin 1815-1885, entrĂ© au Saint-Germain Ă  son retour d’un sĂ©jour en Angleterre passĂ© auprĂšs du constructeur de locomotives Sharp, de Manchester, et aprĂšs avoir Ă©tĂ© chef des ateliers de fabrication, se serait occupĂ©, en tant qu’ingĂ©nieur, des machines atmosphĂ©riques de Saint-Germain voir BARJOT, Dominique. Un grand entrepreneur du XIXe siĂšcle Ernest GoĂŒin 1815-1885. Revue d’histoire des chemins de fer. Automne 1991-printemps 1992, nos 5-6, p. 67. 38 Journal des Chemins de Fer, 9 aoĂ»t 1845. 39 Journal des Chemins de Fer, 26 avril et 4 octobre 1845 et 11 avril 1846. 40 L’Illustration, 29 novembre 1845. 41 Celle-ci ne montre pas le cadran d’horloge au-dessus de l’entrĂ©e de la gare, attestĂ© par des photographies et cartes postales ultĂ©rieures. Voir le dossier Ă©tabli en 1992 par Catherine Gueissaz pour l’Inventaire gĂ©nĂ©ral Île-de-France. Voir dans la base MĂ©rimĂ©e notice IA78000016. 42 Voir ZIRMI, Tiphaine. Alfred Armand 1805-1886, un architecte collectionneur. ThĂšse de l’École des Chartes, soutenue en 2003. 43 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires de la Compagnie du Saint-Germain, 8 mars 1844, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. I 1832-1845, p. 510. 44 La coĂŻncidence chronologique entre les deux initiatives est frappante au mois de dĂ©cembre 1844, pendant qu’Isambard Kingdom Brunel prĂ©parait les spĂ©cifications pour les machines fixes et les appareils pneumatiques de sa ligne, l’équipe de Flachat faisait de mĂȘme en prĂ©parant les commandes pour la ligne française. 45 Voir d’AUCLAIR, Alain. Les ingĂ©nieurs et l’équipement de la France, EugĂšne Flachat 1802-1873. Le Creusot ÉcomusĂ©e de la CommunautĂ© urbaine Le Creusot-Montceau-les-Mines, 1999, p. 49. Michel Cotte, en examinant le rĂ©seau d’information et d’affaires de Marc Brunel, signale les Ă©changes entre Brunel et Flachat en 1827 au sujet de plans pour un dock COTTE, Michel. De l’espionnage industriel Ă  la veille technologique. Belfort PĂŽle Ă©ditorial de l’UniversitĂ© de Technologie de Belfort-MontbĂ©liard/Presses universitaires de Franche-ComtĂ©, 2005, p. 145. Flachat lui-mĂȘme, lors d’une notice nĂ©crologique lue Ă  la sociĂ©tĂ© des ingĂ©nieurs civils le 21 octobre 1859, revient sur ses premiers contacts avec les Brunel en 1826, dĂ©crivant la conduite hĂ©roĂŻque du jeune Isambard lors d’une des inondations du tunnel. Le texte n’évoque pas leurs travaux atmosphĂ©riques. MĂ©moires et compte rendu des travaux de la SociĂ©tĂ© des ingĂ©nieurs civils, 1859, vol. 12, p. 411. 46 Brunel avait des relations Ă©pistolaires avec Adolphe d’Eichthal, mais, dans les photocopies de documents communiquĂ©es par Jean-François Belhoste, le chemin de fer atmosphĂ©rique n’est pas directement abordĂ©. Des recherches plus poussĂ©es dans les papiers de Brunel conservĂ©s Ă  l’UniversitĂ© de Bristol pourraient apporter des lumiĂšres sur ses rapports avec Flachat. On sait, en revanche, qu’à cĂŽtĂ© de celles de Robert Stephenson, John Manby, John Rennie et William Cubitt, la signature d’Isambard Kingdom Brunel figure en tant que parrain seconder » pour la candidature d’EugĂšne Flachat, en 1852, Ă  l’Institution of Civil Engineers. Cette candidature fut proposĂ©e par Joseph Locke en faisant particuliĂšrement Ă©tat de la prĂ©sidence de Flachat Ă  la SociĂ©tĂ© des IngĂ©nieurs civils de France, fondĂ©e en 1848 sur le modĂšle de l’institution britannique archives ICE. Lors de ses obsĂšques, Molinos, prĂ©sident de la SociĂ©tĂ©, remarqua que Flachat est peut-ĂȘtre le seul ingĂ©nieur français dont la carriĂšre puisse ĂȘtre comparĂ©e Ă  celle de ces grands ingĂ©nieurs anglais qui ont rĂ©pandu leur activitĂ© sur toutes les branches de l’industrie. » MĂ©moires et compte rendu des travaux de la SociĂ©tĂ© des ingĂ©nieurs civils, 1873, vol. 26, p. 267. 47 Journal des Chemins de Fer, 12 septembre 1846. 48 Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre. Tome sixiĂšme, Paris, 1848, p. 147. 49 Il s’agissait, d’aprĂšs les relevĂ©s mensuels de la compagnie sur le mouvement des voyageurs et le poids des convois, d’une moyenne assez Ă©levĂ©e, prenant en compte les jours ordinaires, les dimanches et les jours fĂ©riĂ©s. En septembre seulement, mois oĂč la circulation Ă©tait la plus forte en raison de la fĂȘte des Loges, des convois pourraient atteindre 70 tonnes. Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre. Tome sixiĂšme, Paris, 1848, p. 156. 50 Rappelons ici l’expĂ©rience acquise par Flachat dans la conception de machines soufflantes - auxquelles ces machines Ă  vide s’apparentaient - pour les usines mĂ©tallurgiques Ă  l’anglaise » Ă©tablies par son cabinet entre 1834 et 1842 ; voir AUCLAIR, Alain. Les ingĂ©nieurs et l’équipement de la France, EugĂšne Flachat 1802-1873. Le Creusot ÉcomusĂ©e de la CommunautĂ© urbaine Le Creusot-Montceau-les-Mines, 1999. 51 Sur les Ă©tablissements Meyer et Cie, fondĂ©s Ă  Mulhouse en 1835 et devenus en 1844 l’un des Ă©tablissements français oĂč il se faisait le plus de machines Ă  vapeur, voir PAYEN, Jacques. Capital et machine Ă  vapeur au XVIIIe siĂšcle. Les frĂšres PĂ©rier et l’introduction en France de la machine Ă  vapeur de Watt. Paris Mouton, 1969, p. 122-127. 52 HypothĂšse de Jacques Payen pour qui cette installation Ă  Saint-Germain, destinĂ©e Ă  renflouer l’entreprise d’Arras, reprĂ©sentait en fait son chant du cygne ». Payen confond toutefois Alexis Hallette et son fils Alfred. PAYEN, Jacques. Capital et machine Ă  vapeur au XVIIIe siĂšcle. Les frĂšres PĂ©rier et l’introduction en France de la machine Ă  vapeur de Watt. Paris Mouton, 1969, p. 99-100. PrĂ©cisons ici, d’ailleurs, que la construction de grandes machines Ă  vapeur comme celle du Saint-Germain n’avait rien d’inĂ©dite pour l’entreprise au dĂ©but des annĂ©es 1840, celle-ci avait dĂ©jĂ  livrĂ© des machines de 450 chevaux Ă  la marine. Voir CALLA [François-Christophe]. Rapport citĂ© de M. Calla note 169. Bulletin de la SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale. DĂ©cembre 1842, p. 475-477. 53 FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes. Paris Furne, Jouvet et Cie Éditeurs, 1867, tome 1er, p. 386-387. 54 Une description dĂ©taillĂ©e des machines, accompagnant la planche, est donnĂ©e par Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre. Tome sixiĂšme, Paris, 1848, p. 169-178. Une version manuscrite, un peu diffĂ©rente, de ce texte se trouve dans le portefeuille industriel du CNAM Inv. 13571 692/23. RĂ©digĂ©e par F. Julien, Ă©lĂšve Ă  l’École des mines en 1856, une autre description de la machine de Saint-Germain est donnĂ©e en tant que Journal de voyage, Chemins de Fer de l’Ouest », bibliothĂšque de l’École des mines, J 1856/176, ff. 55-60. 55 Pompe Ă  Ă©puiser l’air dans le tube du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, dessin de P. Blanchard », Le Magasin Pittoresque, 1851, p. 45. Le bref article qui accompagne la gravure pour dĂ©crire ce chef-d’Ɠuvre de science et d’exĂ©cution » est d’un enthousiasme conforme aux tendances saint-simoniennes de cette revue, fondĂ©e par Édouard Charton en 1833 Vous voyez ce mĂ©canisme colossal en comparaison duquel la taille de l’homme est si petite et sa force si peu considĂ©rable [
] Dans une salle magnifique, le fer, la fonte, l’acier, le cuivre et le bronze Ă©tincellent. Toutes les piĂšces fonctionnent ; les unes seulement par leur force de rĂ©sistance, les autres en suivant, soit avec une lenteur majestueuse, soit avec une vitesse redoutable, les mouvements que le mĂ©canicien leur a assignĂ©s d’avance [
] Ces machines Ă  faire le vide vomissent Ă  chaque instant par torrents, avec un bruit formidable de soufflet, par de larges trous placĂ©s Ă  leurs parties infĂ©rieure et supĂ©rieure, les masses d’air qu’ils ont Ă©tĂ© puiser jusqu’à 2 400 mĂštres de lĂ . » 56 Sur ces machines verticales Ă  mouvement direct les pistons de la pompe Ă  air sont liĂ©s directement aux pistons des cylindres Ă  vapeur, voir surtout CLAYTON, Howard. The Atmospheric Railways. Lichfield published by the author, 1966, p. 99-111. Une machine de 80 chevaux fournie par Boulton & Watt pour la station de Dainton ne fut jamais mise en activitĂ©. 57 Baude, Louis-Alphonse. Note sur le chemin de fer atmosphĂ©rique de South-Devon Devonshire en Angleterre. Bulletin de la SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale. 1er septembre 1847, n° DXIX, p. 539-544. 58 FondĂ©s en 1818 et spĂ©cialisĂ©s tout d’abord dans la fabrication du matĂ©riel pour l’industrie sucriĂšre de canne et de betterave, les ateliers du chimiste Charles Derosne 1780-1846 et du mĂ©canicien Jean-François Cail 1804-1871 devinrent, sous le Second Empire, l’une des principales entreprises françaises de construction mĂ©canique, avec des locaux Ă  Paris sur le quai de Grenelle, Ă  Denain et Ă  Bruxelles. Vers 1848, elle avait repris l’ancienne fonderie de Chaillot des frĂšres PĂ©rier, Ă  la suite de leur abandon par Henry-Hind Edwards. Voir PAYEN, Jacques. Technologie de l’énergie vapeur en France dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle, La machine Ă  vapeur fixe. Paris 1985, p. 136-137 et DAUMAS, Maurice. Les mĂ©caniciens autodidactes français et l’acquisition des techniques britanniques. L’acquisition des techniques par les pays non-initiateurs, Pont-Ă -Mousson, 28 juin-5 juillet 1970. Paris Éditions du CNRS, 1973 colloques internationaux du CNRS, n° 538, organisĂ© avec la collaboration du International Co-operation in History of Technology Committee ICOHTEC. 59 Sur les chaudiĂšres, voir Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre. Tome sixiĂšme, Paris, 1848, p. 179-189. 60 C’est le 18 septembre 1846 que le ministre belge des Travaux publics transmet Ă  l’administration française une demande de la sociĂ©tĂ© John Cockerill demandant l’entrĂ©e en franchise du matĂ©riel pneumatique destinĂ© Ă  la station de Chatou. La demande est refusĂ©e le matĂ©riel exige le paiement des droits pour l’importation de piĂšces de machines, Sommier des chemins de fer, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. III, p. 1991. 61 En 1856, Adolphe Joanne prĂ©cise que le bĂątiment des machines est effectivement ouvert aux visiteurs On peut visiter les appareils, qu’il est curieux de voir mis en mouvement quelques instants avant l’arrivĂ©e du convoi On entre du cĂŽtĂ© de l’avenue des Loges ». JOANNE, Adolphe. De Paris Ă  Saint-Germain, Ă  Poissy et Ă  Argenteuil. Paris L. Hachette, 1856, p. 52. 62 Rapport d’Émile Pereire Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires, 17 mars 1847. 63 Courrier enregistrĂ© le 11 novembre 1845, Sommier des chemins de fer, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. III, p. 1988. 64 Rapport d’Émile Pereire Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la compagnie, 27 mars 1848. 65 Le Constitutionnel, 17 janvier 1847, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. III, p. 2002. Parmi ces Anglais familiers avec les lignes de Dalkey et de Croydon, on pense, bien sĂ»r, Ă  James Bonfil. 66 Journal des Chemins de Fer, 27 fĂ©vrier 1847. 67 Le Journal des Chemins de Fer du 17 mai 1845, rendant compte de ces premiers essais, immortalise le premier Ă©change tĂ©lĂ©graphique entre la commission, Ă  la gare Saint-Lazare, et Louis BrĂ©guet, Ă  Rouen, Ă  137 km de distance Comment se porte M. BrĂ©guet ? - Je me porte trĂšs bien, et je fume mon cigare. La commission me permettra-t-elle de lui demander si elle est contente de ce premier essai ? - TrĂšs contente. » 68 Dans une notice nĂ©crologique sur Paul Garnier, EugĂšne Flachat Ă©voqua cet indicateur totalisateur du travail » utilisĂ© sur les cylindres pneumatiques Ă  Saint-Germain et servant Ă  apprĂ©cier exactement la puissance dĂ©veloppĂ©e par ces cylindres pour faire mouvoir le convoi, en comparant cette puissance Ă  celle des cylindres Ă  vapeur et Ă  celle du piston propulseur, le degrĂ© de rarĂ©faction de l’air et le jeu des soupapes. MĂ©moires et compte rendu des travaux de la SociĂ©tĂ© des ingĂ©nieurs civils, 1869, vol. 22, p. 354. 69 L’Illustration, 17 avril 1847. 70 Suivant des expĂ©riences conduites par Thomas Bergin en novembre 1843, fĂ©vrier 1844 et mars 1844, les fuites d’air dans le tube du Kingstown-Dalkey ressortaient, en moyenne, Ă  186 pieds cube d’air par minute et par mille. Voir STEPHENSON, Robert. Report on the Atmospheric Railway System. London John Weale, 1844 rapport datĂ© du 9 avril 1844, p. 6. 71 BAUDE, Louis-Alphonse. Rapport Ă  la commission sur les expĂ©riences du chemin de fer atmosphĂ©rique faites entre le bois du VĂ©sinet et Saint-Germain. Paris 29 juin 1847, rapport paginĂ© p. 33 Ă  54 fait au nom de la commission composĂ©e de MM Piobert, Ch. Combes, Bineau et Baude secrĂ©taire, BibliothĂšque de l’ENPC, cote PrĂ©cisons ici que le vide dans le tube n’était jamais total, le mot servant pour dĂ©signer l’abaissement opĂ©rationnel de la pression Ă  un quart d’atmosphĂšre environ. 72 La Presse, 17 avril 1847. 73 Sainte-Preuve. Note relative aux expĂ©riences de remorquage par locomotive faites sur une rampe de 3,5 cm du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain. Bulletin de la SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale. Juillet 1846, n° DV, p. 398-400. L’auteur prĂ©cise que les calculs habituels selon lesquels le poids moyen des passagers devrait ĂȘtre comptĂ© Ă  80 kg chacun pouvait ĂȘtre abaissĂ© Ă  70 kg pour le Saint-Germain pour ces excursions aux environs de Paris, les voyageurs allaient lĂ©gĂšrement vĂȘtus et sans attirail. Une autre prĂ©sentation des essais de la locomotive fut faite par Émile Clapeyron dans la sĂ©ance de l’AcadĂ©mie des Sciences du 22 juin 1846. 74 Journal des Chemins de Fer, 27 juin 1846. 75 L’Illustration, 29 aoĂ»t 1846. 76 BAUDE, Louis-Alphonse. Rapport Ă  la commission sur les expĂ©riences du chemin de fer atmosphĂ©rique faites entre le bois du VĂ©sinet et Saint-Germain. Paris 29 juin 1847, rapport, p. 52-53. 77 Le fils de Gaia, invincible tant qu’il resta en contact avec le sol. 78 Journal des Chemins de Fer, 26 mai 1849. La locomotive, une des plus puissantes qui aient Ă©tĂ© construites jusqu’ici pour la voie Ă©troite », est dĂ©crite dans LE CHATELIER, L., FLACHAT, E., PETIET, J. et POLONCEAU, C. Guide du mĂ©canicien constructeur et conducteur de machines locomotives. Paris Paul Dupont, 1851, p. 37. 79 BAUDE, Louis-Alphonse. Rapport Ă  la commission sur les expĂ©riences du chemin de fer atmosphĂ©rique faites entre le bois du VĂ©sinet et Saint-Germain. Paris 29 juin 1847, rapport, p. 53. 80 L’ouvrage de GILL, Thomas. Address to the Proprietors of the South Devon Railway. London 1848, fournit p. 48 un bilan dĂ©taillĂ© des dĂ©penses atmosphĂ©riques sur la ligne jusqu’au 1er novembre 1848, offrant quelques Ă©lĂ©ments de comparaison sur les principaux chapitres des dĂ©penses Voir le fichier en annexe. A detailed statement of the expenditure upon the atmospheric system, to Nov. Ist, 1848 ». Si, sur les lignes de Flachat et de Brunel, les tubes, les machines fixes et la soupape longitudinale reprĂ©sentent des pourcentages assez comparables de la dĂ©pense totale, on est surpris par la relative modestie du coĂ»t des bĂątiments, plutĂŽt somptuaires, conçus par Brunel pour la ligne anglaise. 81 Ce mĂȘme rapport de Baude p. 48 nous apprend que le marchĂ© pour l’installation du tube Ă©tait Ă  forfait, deux Ă©quipes de deux ouvriers dirigĂ©es par un contremaĂźtre pouvant couler quinze joints par jour. L’entreprise ayant pris en charge ce travail restait encore responsable de l’entretien des joints pendant deux ans. BAUDE, Louis-Alphonse. Rapport Ă  la commission sur les expĂ©riences du chemin de fer atmosphĂ©rique faites entre le bois du VĂ©sinet et Saint-Germain. Paris 29 juin 1847, rapport, p. 48. 82 ÂŁ35 000 le devis initial Ă©tait de ÂŁ25 000. AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la compagnie du 27 mars 1844, archives de la compagnie conservĂ©es par CĂłras Iompair Éirann, Dublin. 83 Journal des Chemins de Fer, 27 fĂ©vrier 1847. 84 Combes rapporteur. Avis de la commission chargĂ©e des expĂ©riences sur le chemin de fer atmosphĂ©rique, concernant la demande formĂ©e par la compagnie du chemin de fer de Saint-Germain, Ă  l’effet d’ĂȘtre exonĂ©rĂ©e de l’obligation de continuer le chemin dans le systĂšme atmosphĂ©rique entre le bois du VĂ©sinet et Nanterre. Paris Imprimerie royale, fĂ©vrier 1848. Fait au nom de la commission composĂ©e de F. Arago, L. Cordier, Pouillet, Kermaingant, Mallet, H. Busche, Combes, Bineau, Piobert et Louis-Alphonse Baude, cet avis porte la date du 28 dĂ©cembre 1847. Exemplaire dans la bibliothĂšque de l’ENPC sous la cote 85 Courrier enregistrĂ© le 12 janvier 1848, Sommier des chemins de fer, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. III, p. 2620. 86 Voir le rapport de Pereire, s’adressant aux actionnaires de la compagnie le 29 mai 1848, AMT, 76 AQ 1. La concession pour le Paris - Saint-Germain avait une durĂ©e de quatre-vingts-dix-neuf ans. 87 Rapport d’Émile Pereire Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ordinaire des actionnaires, du 26 mars 1849. Parmi les causes de la baisse gĂ©nĂ©rale des revenus de la compagnie enregistrĂ©e au cours de l’exercice 1848 les exigences d’une portion de nos ouvriers, un moment Ă©garĂ©s
 » la compagnie avait dĂ» subir, temporairement, des augmentations de salaires et un relĂąchement dans le service de la traction, Ă  la suite de la rĂ©volution. La Compagnie du Nord dut, de mĂȘme, cĂ©der Ă  de semblables demandes d’augmentation de salaire. CARON, François. Histoire de l’exploitation d’un grand rĂ©seau, La compagnie du chemin de fer du Nord, 1846-1937. Paris Mouton, 1973, p. 63. 88 Sur cette tentative de grĂšve du 5 juin et, plus gĂ©nĂ©ralement, sur le mouvement social dans le monde ferroviaire en 1848, voir RIBEILL, Georges. Le personnel des compagnies de chemins de fer, matĂ©riaux pour une contribution Ă  la sociologie historique des professions, 1 - des origines Ă  1914. Paris Rapport, Mission de la Recherche, socio-Ă©conomie des transports, 1980, ff. 318-323, et RIBEILL, Georges. La rĂ©volution ferroviaire, la formation des compagnies de chemins de fer en France 1823-1870. Paris Belin, 1993, p. 396-406. 89 Terme employĂ© dĂšs le 4 mars 1848 par le Journal des Chemins de Fer. 90 Ces manifestations anti-anglaises Ă©taient particuliĂšrement importantes Ă  Rouen, oĂč le viaduc d’Eauplet, dit pont des Anglais, fut partiellement incendiĂ© et les grands ateliers de construction de locomotives créés Ă  Sotteville par William Buddicom et William Allcard, oĂč travaillaient 700 ouvriers, pour la plupart britanniques, furent attaquĂ©s, dĂ©but juin, par des ouvriers rouennais, drapeau rouge en tĂȘte avec le cri Mort aux Anglais ». Voir BROOKE, David ed.. The Diary of William Mackenzie, the First International Railway Contractor. London Thomas Telford, 2000, p. 476, et RIBEILL, Georges. Le personnel des compagnies de chemins de fer, matĂ©riaux pour une contribution Ă  la sociologie historique des professions, 1 - des origines Ă  1914. Paris Rapport, Mission de la Recherche, socio-Ă©conomie des transports, 1980, f. 319. 91 Compte rendu par les dĂ©lĂ©guĂ©s du gouvernement provisoire, les citoyens FĂ©lix Avril et Hippolyte Dussard, 3 mars 1848, reproduit dans le Journal des Chemins de Fer, 11 mars 1848. Sur cette campagne contre les dĂ©vastateurs, voir Garnier-PagĂšs. Histoire de la RĂ©volution de 1848. Paris Pagnerre, 1866 2e Ă©dition, vol 3, p. 69-76. 92 Gazette des Tribunaux, cour d’assises de la Seine, audience du 12 avril 1848, Chemin de fer - Incendie des stations de Rueil et du Chatou, Pont de Chatou, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. III, p. 2405-2418. 93 Gazette des Tribunaux, audience du 28 mars 1848, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. III, p. 2385-2404. 94 Le 28 mars 1848, devant la cour d’assises, le maire lui-mĂȘme, Charles Delahaye, raconta son arrivĂ©e sur les lieux, oĂč il se trouva confrontĂ© Ă  des hommes ivres. Ils demandaient le maire. Il y en a mĂȘme qui me demandaient Connaissez-vous le maire ?’ - Qu’est-ce que vous lui voulez ? - Nous voulons le mettre Ă  bas et le tuer. - Je ne le connais pas’ HilaritĂ© bruyante et prolongĂ©e ». 95 Rappelons ici, en passant, que les allumettes chimiques sont une invention diffusĂ©e sensiblement en mĂȘme temps que les chemins de fer, au cours des annĂ©es 1830 et 1840. 96 Gazette des Tribunaux, audience du 12 avril 1848, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. III, p. 2405-2518. 97 Dans l’affaire de Nanterre, sur 24 accusĂ©s, douze - dont Courcou, Garreau et Nourry - furent acquittĂ©s et douze autres condamnĂ©s Ă  des peines allant d’un an d’emprisonnement pour Bonnard Ă  cinq ans de rĂ©clusion sous exposition ; pour l’affaire de Chatou, sur 19 accusĂ©s, il y eut dix acquittements et huit condamnations, dont une, pour Manger dit Cartouche, Ă  cinq annĂ©es de travaux forcĂ©s et 200 F d’amende. 98 Rapport d’Émile Pereire, assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ordinaire du 25 mars 1850. 99 Conçu par EugĂšne Flachat et rĂ©alisĂ© en fers laminĂ©s assemblĂ© par rivets, ce pont reprĂ©sentait Ă©galement l’entrĂ©e de la compagnie GoĂŒin des Batignolles dans la carriĂšre de la construction mĂ©tallique. 100 Rapport d’Émile Pereire, assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ordinaire du 27 mars 1852. 101 BAUDE, Louis-Alphonse. Rapport Ă  la commission sur les expĂ©riences du chemin de fer atmosphĂ©rique faites entre le bois du VĂ©sinet et Saint-Germain. Paris 29 juin 1847, rapport, p. 45. 102 JOANNE, Adolphe. De Paris Ă  Saint-Germain, Ă  Poissy et Ă  Argenteuil. Paris L. Hachette, 1856, p. 63. 103 Cette ligne, concĂ©dĂ©e Ă  l’origine, comme on l’a vu, Ă  l’inventeur Antoine Andraud, avait Ă©tĂ© cĂ©dĂ©e Ă  la compagnie en mars 1851. Construite sous la direction d’EugĂšne Flachat, la ligne - Ă  locomotives - fut inaugurĂ©e le 28 avril 1851 ; selon le Journal des Chemins de Fer du 3 mai 1851, sa construction n’avait coĂ»tĂ© que 400 000 F mais la ligne ne comportait, Ă  l’origine, qu’une seule voie. D’aprĂšs Alain Auclair, Flachat utilisa pour ce chemin des rails conçus par Brunel. AUCLAIR, Alain. Les ingĂ©nieurs et l’équipement de la France, EugĂšne Flachat 1802-1873. Le Creusot ÉcomusĂ©e de la CommunautĂ© urbaine Le Creusot-Montceau-les-Mines, 1999, p. 95. 104 Compagnie des chemins de fer de l’Ouest. Rapport du conseil d’administration Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires du 29 mars 1862. Paris Imprimerie administrative de Paul Dupont, 1862, p. 18. Exemplaire Ă  Roubaix, CNAMT, 76 AQ 8. 105 DĂ©tails dans La Presse des 7, 9 et 10 septembre 1858. Il ne s’agissait pas, d’ailleurs, des premiers morts sur la ligne le 6 dĂ©cembre 1851, un accident en gare de Saint-Germain avait coĂ»tĂ© la vie Ă  l’ouvrier Crosse voir le sommier des chemins de fer, citĂ© VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. V, p. 3912. 106 CARRIERE, Bruno. Le chemin de fer atmosphĂ©rique une expĂ©rience sans lendemain. Rail Passion, septembre 1996, n° 11. 107 Information communiquĂ©e par Serge BenoĂźt, d’aprĂšs le journal d’un Ă©lĂšve-ingĂ©nieur des mines de 1861. 108 On peut noter ici que dans le systĂšme de classification prĂ©vu pour l’Exposition universelle de 1855, la septiĂšme section matĂ©riel des chemins de fer envisageait l’exposition d’objets relevant du matĂ©riel du systĂšme atmosphĂ©rique » systĂšme publiĂ© dans L’Illustration du 9 septembre 1854. 109 Seguin AĂźnĂ©. Note sur les chemins de fer atmosphĂ©riques, en employant comme moteur l’action de l’air dans les tunnels d’une longue Ă©tendue, dont la section est Ă©gale Ă  l’espace que les convois y occupent. Comptes rendus de l’AcadĂ©mie des Sciences, sĂ©ances des 5 juin et 4 septembre 1854, tome 38, p. 993-998, et tome 39, p. 456-462. À la diffĂ©rence des autres auteurs français, Seguin reconnaĂźt bien Ă  Medhurst sa nationalitĂ© anglaise, citant d’ailleurs sa brochure de 1827 dans laquelle il jeta les premiers fondements des idĂ©es qui ont donnĂ© naissance au systĂšme atmosphĂ©rique que l’on a tentĂ© infructueusement de substituer Ă  celui des locomotives. » 110 D’aprĂšs Michel Cotte, ces projets atmosphĂ©riques de Marc Seguin auraient donnĂ© lieu Ă  des brevets pris en 1846 et 1847, mais ceux-ci ne sont pas mentionnĂ©s dans l’étude rĂ©trospective d’Armengaud aĂźnĂ©. L’intĂ©rĂȘt de Seguin pour l’idĂ©e serait inspirĂ© aussi par la difficultĂ© d’utiliser des trains classiques dans les grands tunnels, en raison des fumĂ©es produites par la locomotive voir COTTE, Michel. Le choix de la rĂ©volution industrielle, les entreprises de Marc Seguin et ses frĂšres 1815-1835. Rennes Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 512. 111 DAIGREMONT, J. Étude sur les chemins de fer atmosphĂ©riques. Turin Établissement de Joseph Civelli, 1865 [ICE]. 112 FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes. Paris Furne, Jouvet et Cie Éditeurs, 1867, tome 1er, p. 391-393. Sur cette affaire, voir aussi HADFIELD, Charles. Atmospheric Railways, a Victorian Adventure in Silent Speed. Newton Abbot David & Charles, 1967, chapitre 6. 113 The Daily Telegraph, 29 dĂ©cembre 1989. 114 Scientific American, an illustrated journal of art, science and mechanics, 5 mars 1870. 115 La station et l’équipement de soufflerie furent dĂ©truits dans un incendie en 1898. L’histoire de cette entreprise avortĂ©e est racontĂ©e de maniĂšre trĂšs complĂšte, et avec une riche iconographie, par BRENNAN, Joseph. Beach Pneumatic, Alfred Beach’s Pneumatic Subway and the Beginnings of Rapid Transit in New York, original web publication, 2004-2005, 01/12/08. ~ 116 Moniteur Universel, 4 juillet 1844. Devant la commission parlementaire britannique sur la ligne de Croydon, le 16 mai 1844, Jacob Samuda notait Ă©galement que la traction atmosphĂ©rique pouvait ĂȘtre appliquĂ©e Ă  une colonne verticale SAMUDA, Jacob. SystĂšme atmosphĂ©rique, EnquĂȘte devant la commission de la chambre des Communes pour le chemin de fer de Londres Ă  Epsom, accompagnĂ©e du rapport de M. Stephenson sur le chemin de fer de Dalkey Ă  Kingstown, et de plusieurs lettres en rĂ©ponse Ă  ce rapport, traduits de l’anglais par M. Alphonse Lauvray et publiĂ© par le Journal des Chemins de Fer. Paris Journal des Chemins de Fer, 1844, p. 16. 117 Inscription sur l’Inventaire supplĂ©mentaire des monuments historiques, en raison du tĂ©moignage de l’histoire miniĂšre et de son expĂ©rience architecturale », par arrĂȘtĂ© en date du 26 novembre 1992. Sur ce systĂšme pneumatique, voir l’ouvrage du directeur de la mine, l’ingĂ©nieur civil BLANCHET, Zulma. HouillĂšres d’Épinac SaĂŽne-et-Loire, Suppression des cĂąbles et du grisou et extraction Ă  toute profondeur par le systĂšme atmosphĂ©rique Exposition Universelle, Groupe VI, Classe 50. Paris Imprimerie centrale des chemins de fer A. Chaix et Cie, 1878 ; DAUMAS, Maurice. L’ArchĂ©ologie industrielle en France. Paris Robert Laffont, 1980, p. 74-75 ; GUIOLLARD, Pierre-Christian. Les chevalements des houillĂšres françaises. Fichous P. Ch. Guiollard Ă©diteur, 2e Ă©dition, 1993, p. 86-92 ; PASSAQUI, Jean-Philippe. Pollution et patrimoine, bras de fer Ă  Épinac SaĂŽne-et-Loire. L’ArchĂ©ologie industrielle en France, dĂ©cembre 2006, n° 49, p. 90-91. 118 BERLIER, Étude et avant-projet d’une transmission pneumatique de dĂ©pĂȘches et colis postaux entre Paris et Londres par Calais et Douvres. Paris Grande Imprimerie, 1885. 119 CLEMENT, Alain et THOMAS, Gilles dir.. Atlas du Paris souterrain, la doublure sombre de la Ville lumiĂšre. Paris Parigramme, 2001, p. 86-87. Des systĂšmes de tubes pneumatiques furent Ă©galement employĂ©s dans de nombreux grands magasins pour le transfert de factures et d’argent. Terry Gilliam met en scĂšne un systĂšme pneumatique dans son chef-d’Ɠuvre Brazil, de 1985, oĂč celui-ci participe de l’atmosphĂšre de bureaucratie cauchemardesque dans laquelle travaille et rĂȘvasse le personnage principal. 120 La sociĂ©tĂ© Aeromovel, fondĂ©e en 1994, a construit deux courtes lignes pneumatiques Ă  voie unique, type shuttle, l’une Ă  Porto Allegre, BrĂ©sil, et l’autre Ă  Jakarta, dans un parc de loisirs. DĂ©veloppĂ© par l’ingĂ©nieur aĂ©ronautique Oskar Coester et prĂ©sentĂ© comme une innovation dans le transport de passagers, le systĂšme comporte un tube de propulsion de section carrĂ©e, intĂ©grĂ©e dans la structure en bĂ©ton armĂ© de la voie, en viaduc. Produit par des moteurs Ă©lectriques fixes, l’air peut ĂȘtre comprimĂ© ou rarĂ©fiĂ©, agissant dans le tube contre un panneau de propulsion attachĂ© au vĂ©hicule comme une voile inversĂ©e ». Les arguments de vente de ce systĂšme rĂ©pĂštent ceux avancĂ©s dans les annĂ©es 1840 d’une maniĂšre remarquablement fidĂšle Ă©conomie d’installation, sans infrastructure lourde ; la lĂ©gĂšretĂ© du vĂ©hicule qui rĂ©duit l’usure des roues et des rails ; le vĂ©hicule est silencieux et confortable ; la voie peut comporter de fortes rampes et de courbes Ă  rayon court ; attachĂ©s Ă  la voie par le panneau de propulsion, les trains ne peuvent pas dĂ©railler et, grĂące au coussin d’air entre les rames, les collisions sont impossibles
 La littĂ©rature promotionnelle ne donne pas de dĂ©tails sur la construction de la soupape longitudinale, qui est rĂ©alisĂ©e en caoutchouc renforcĂ© de tissu. Voir © 2002 Aeromovel Inc. 01/12/08. 121 AssemblĂ©es gĂ©nĂ©rales ordinaires de la compagnie du Dublin & Kingstown Railway Company, 10 avril 1852, 9 avril 1853 et 10 avril 1854, archives CĂłras Iompair Éirann, Dublin. Il n’est pas prĂ©cisĂ© si le nombre de milles parcourus comprend l’aller atmosphĂ©rique et le retour par gravitĂ©, ni sur quelles bases prĂ©cises sont calculĂ©es les dĂ©penses par mille parcouru. 122 HADFIELD, Charles. Atmospheric Railways, a Victorian Adventure in Silent Speed. Newton Abbot David & Charles, 1967, p. 114. 123 MURRAY, K. A. Ireland’s First Railway. Dublin Irish Railway Record Society, 1981, p. 84-92. 124 HADFIELD, Charles. Atmospheric Railways, a Victorian Adventure in Silent Speed. Newton Abbot David & Charles, 1967, p. 114. Devant l’Institution of Civil Engineers, en mai 1844, Bergin mit ces dĂ©penses comparatives Ă  11d par train par mille sur la section Ă  locomotives, et Ă  seulement 8ÂŒd par train et par mille sur la section atmosphĂ©rique. Institution of Civil Engineers, vol. III, session 1844, p. 276. 125 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle et extraordinaire de la Compagnie du Saint-Germain en date du 26 mars 1849. 126 Rapport d’Émile Pereire, assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ordinaire des actionnaires, 24 mars 1851. 127 BUCHANAN, R. A. The Atmospheric Railway of I. K. Brunel, article citĂ© note 110. Voir aussi l’introduction de Hans-Joachim Braun au sĂ©minaire sur les innovations ratĂ©es », dont le texte de Buchanan Ă©tait une contribution. Cet exemple du chemin de fer atmosphĂ©rique rattrapĂ© par l’ancien systĂšme des locomotives peut faire penser Ă  une autre technologie des transports fondĂ©e sur la puissance de l’air, les aĂ©roglisseurs, mis en service pour la traversĂ©e de la Manche en 1966. Pour les passagers, souvent malades malgrĂ© la relative rapiditĂ© de la traversĂ©e, les aĂ©roglisseurs cumulaient les dĂ©sagrĂ©ments des transports aĂ©rien et maritime. Le service fut suspendu en 2000 aprĂšs l’ouverture du tunnel ferroviaire sous la Manche. 128 ATMORE, Henry. Railway interests and the rope of air’, 1840-1848. British Journal for the History of Science, septembre 2004, 37 3. 129 COILLY, Nathalie et REGNIER, Philippe. Le siĂšcle des saint-simoniens, du Nouveau christianisme au canal de Suez. Paris BibliothĂšque nationale de France, 2006. Notamment la contribution de Georges Ribeill sur les chemins de fer, p. 130-135. 130 Entre l’Angleterre et la France, le mĂȘme Ă©cart existe encore aujourd’hui en matiĂšre d’intĂ©rĂȘt pour le patrimoine ferroviaire. MesurĂ© par le nombre de monuments historiques, de musĂ©es, de lignes touristiques ou de revues spĂ©cialisĂ©es, cet intĂ©rĂȘt, en France, devrait ĂȘtre multipliĂ© par dix pour s’approcher de la situation anglaise. 131 Journal des Chemins de Fer, 19 juillet 1845. Le Danois Ă©tait bien Ă©videmment l’inventeur anglais que le journal appelle Medhwurst, tandis que le Polonais serait Henri Dembinski, gĂ©nĂ©ral rĂ©fugiĂ© en France et qui prĂ©tendait ĂȘtre l’inventeur du procĂ©dĂ© de Hallette. Voir Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre. Tome sixiĂšme, Paris, 1848, p. 75. L’invention de Dembinski est Ă©galement mentionnĂ©e dans le Mechanics’ Magazine du 10 novembre 1838 ; la revue anglaise trouve assez singulier que son systĂšme, destinĂ© Ă  Ă©liminer l’aplatissement des collines et la construction de ponts Ă  travers les vallĂ©es, vienne d’un pays connu plutĂŽt pour ses plaines. 132 COTTE, Michel. De l’espionnage industriel Ă  la veille technologique. Belfort PĂŽle Ă©ditorial de l’UniversitĂ© de Technologie de Belfort-MontbĂ©liard/Presses universitaires de Franche-ComtĂ©, 2005. 133 Un exemplaire en langue anglaise du rapport de Mallet, conservĂ© comme tirĂ© Ă  part dans le carton sur les chemins de fer atmosphĂ©riques aux Archives nationales - composĂ© essentiellement des papiers de Mallet -, porte l’envoi Monsieur Mallet, with Messrs Samuda Bros Compliments », AN F 14 11171. Les mĂȘmes Quarterly Papers on Engineering vol. V, 1846, p. 6-16 publiĂšrent Ă©galement une traduction en langue anglaise du rapport de Gabriel LamĂ©, fait Ă  l’AcadĂ©mie des Sciences le 7 avril 1845, sur le systĂšme des rĂ©servoirs de vide » d’Arnollet. Le traducteur, Robert Mallet, ingĂ©nieur de Dublin et membre de l’Institution of Civil Engineers pensait qu’il Ă©tait dĂ©sirable de porter ce rapport Ă  l’attention de la grande classe de personnes en Grande-Bretagne qui s’intĂ©resse Ă  l’amĂ©lioration des chemins de fer, mais pour qui les publications scientifiques françaises sont inaccessibles. » Par la mĂȘme occasion, il peut soutenir sa revendication d’ĂȘtre lui-mĂȘme l’inventeur du systĂšme proposĂ© par Arnollet. 134 BUCHANAN, Angus. Brunel, The Life and Times of Isambard Kingdom Brunel. London Hambledon Continuum, 2006, p. 18. La devise que Brunel fils se choisit, En Avant », Ă©tait en français dans le texte. En revanche, dans un courrier adressĂ© le 17 juillet 1846 au baron SĂ©guier, en rĂ©ponse Ă  une sĂ©rie de questions demandant son avis quant Ă  la vitesse maximale d’une locomotive, les rayons courts de courbure ou les essieux convergents, Brunel rĂ©pondit en anglais, s’en excusant au prĂ©alable son attention constante et accaparante [engrossing] aux affaires en Angleterre l’avait Ă  tel point privĂ© d’opportunitĂ©s de correspondre en français que cette facultĂ© venait Ă  lui manquer. Courrier de Brunel, archives Brunel de l’UniversitĂ© de Bristol, copie communiquĂ©e par Jean-François Belhoste. 135 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires, 8 novembre 1844, citĂ© par VILLEDEUIL, Pierre-Charles-Laurent de. ƒuvres de Émile et Isaac Pereire, rassemblĂ©es par Pierre-Charles-Laurent de Villedeuil et augmentĂ©es d’une introduction, d’une biographie des auteurs, de remarques, de tables et d’un choix de documents contemporains, SĂ©rie G, documents sur l’origine et le dĂ©veloppement des chemins de fer 1832-1870. Paris Librairie FĂ©lix Alcan, 1920, vol. I, p. 510. 136 AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du 17 mars 1847. Pereire ne rentre pas dans les dĂ©tails sur la nature de ces expĂ©riences et modifications, mais les met en avant comme l’une des causes des excĂ©dents de dĂ©pense dans l’installation du systĂšme atmosphĂ©rique en France. 137 Moniteur Universel, 4 juillet 1844. 138 Lettre de Samuel Clegg adressĂ©e au Railway Times le 5 juin 1844, citĂ©e dans SystĂšme atmosphĂ©rique, EnquĂȘte devant la commission de la chambre des Communes pour le chemin de fer de Londres Ă  Epsom, accompagnĂ©e du rapport de M. Stephenson sur le chemin de fer de Dalkey Ă  Kingstown, et de plusieurs lettres en rĂ©ponse Ă  ce rapport, traduits de l’anglais par M. Alphonse Lauvray et publiĂ© par le Journal des Chemins de Fer. Paris Journal des Chemins de Fer, 1844, p. 50. 139 Rapport du 19 aoĂ»t 1844, citĂ© par Isambard Brunel. BRUNEL, Isambard. The Life of Isambard Kingdom Brunel, Civil Engineer. Stroud Gloucestershire Nonsuch Publishing Ltd, 2006, p. 109. 140 Dans un article Ă  paraĂźtre, Les migrants britanniques en France, 1814-1851 », Fabrice BENSIMON Ă©tudie ces premiers travailleurs immigrĂ©s » venus en Normandie pour la construction de la ligne de chemin de fer. 141 BELHOSTE, Jean-François. La crĂ©ation d’une ingĂ©nierie ferroviaire française et son exportation en Europe 1840-1900, communication au colloque Inventing Europe Technology and the Making of Europe » tenu Ă  Rotterdam en juin 2007. Sur l’ingĂ©nierie et les capitaux français mobilisĂ©s dans le dĂ©veloppement ferroviaire en Europe, voir aussi CAMERON, Rondo. La France et le dĂ©veloppement Ă©conomique de l’Europe, 1800-1914. Traduit de l’AmĂ©ricain par BERTHOD, Marianne. Paris Éditions du Seuil, 1971. 142 FLACHAT, EugĂšne. Les chemins de fer en 1862 et en 1863. Paris Librairie Hachette, 1863, p. 108. 143 Une coupure de presse du 16 aoĂ»t 1936, conservĂ©e dans le dossier sur le chemin de fer atmosphĂ©rique Ă  la section d’histoire locale de la bibliothĂšque de Croydon, raconte qu’une des sections du tube, dĂ©posĂ©e Ă  la gare de Waterloo, venait d’ĂȘtre volĂ©e, pour sa valeur en fonte, estimĂ©e Ă  une livre. 144 William Dawson, surveyor gĂ©omĂštre expert, nĂ© en 1790 et mort Ă  Exeter en 1877, rĂ©alisa en 1847 et 1848 une Ă©tonnante sĂ©rie d’aquarelles de la nouvelle ligne atmosphĂ©rique, chacune des 25 planches montrant la ligne en plan avec, de part et d’autre, des reprĂ©sentations de la ligne et des paysages qu’elle traversait. PropriĂ©tĂ© de la Great Western Railway, l’album fut donnĂ© Ă  l’Institution of Civil Engineers en 1948. 145 ÉlĂ©ment de soupape du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Ouen », CNAM Inventaire 18523-0000. 146 Voir BLACKMORE, D. W. The Re-Birth of Croydon in 1851. Croydon Natural History and Scientific Society, 1954, vol. 12, p. 95-117. 147 Voir la base de donnĂ©es illustrĂ©e d’English Heritage, 01/12/08. Les vestiges du bĂątiment Ă  Totnes ne sont pas protĂ©gĂ©s, pour l’instant. 148 BUSSIERE, Roselyne. Le PassĂ© recomposĂ©, Saint-Germain-en-Laye, 1800-1940, Yvelines. Paris Inventaire gĂ©nĂ©ral des monuments et des richesses artistiques de la France, 1997, p. 57-58 Images du patrimoine, n° 159. Dans un article de 1979, un architecte en chef des monuments historiques se fĂ©licite de la rĂ©cente disparition de la gare de Saint-Germain, permettant la reconstitution d’une partie des parterres de Le NĂŽtre BROCHET, Louis. L’exemple de Saint-Germain-en-Laye, Monuments historiques, n° 6, 1978, p. 61 numĂ©ro spĂ©cial consacrĂ© aux gares ferroviaires. 149 Dossier d’Inventaire sur le pont de chemin de fer du Pecq, Ă©tabli en 1987 par Sophie Cueille. Voir dans la base MĂ©rimĂ©e notice de page Table des illustrations Titre Figure 1 LĂ©gende Profil en long du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain depuis l’embranchement jusqu’à la place du chĂąteau, avec coupes sur les deux formats de tube propulseur proposĂ©s. Gravure par Dulos d’aprĂšs Adolphe Masson, Ă©ditĂ©e par L. Mathias Augustin, 15 quai Malaquais, Paris, 1845. Archives nationales F/14 11171. CrĂ©dits © Archives nationales. URL Fichier image/jpeg, 80k Titre Figure 2 LĂ©gende TracĂ© du chemin de fer atmosphĂ©rique entre Le Pecq et Saint-Germain, traversant le Bois du VĂ©sinet, la Terrasse et la ForĂȘt de St Germain et arrivant par le Parterre sur la Place du chĂąteau, plan signĂ© par l’ingĂ©nieur des domaines de la couronne et datĂ© du 7 dĂ©cembre 1844. Ce plan ne montre pas encore l’emplacement de la station d’arrivĂ©e du chemin de fer en face du chĂąteau. Archives nationales, F/14 10337 2 N° 1 CrĂ©dits © Archives nationales. URL Fichier image/jpeg, 212k Titre Figure 3 LĂ©gende Arche du viaduc du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain en construction. L’Illustration, 29 aoĂ»t 1846. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 288k Titre Figure 4 LĂ©gende Emplacement du nouveau dĂ©barcadĂšre Ă  Saint-Germain, en face de l’ancien chĂąteau royal. DĂ©tail d’un plan gravĂ© par Dulos d’aprĂšs Adolphe Masson, Ă©ditĂ© par L. Mathias Augustin, 15 quai Malaquais, Paris, 1845. Archives nationales F/14 11171. CrĂ©dits © Archives nationales. URL Fichier image/jpeg, 268k Titre Figure 5 LĂ©gende DĂ©barcadĂšre du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain. Noter, Ă  droite du bĂątiment, des ouvriers du chantier en train de dĂ©placer une section du tube de propulsion, et, au fond Ă  droite, le bĂątiment des machines avec sa cheminĂ©e. L’Illustration, 29 aoĂ»t 1846. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 304k Titre Figure 6 LĂ©gende EugĂšne Flachat s’adresse aux membres du conseil d’administration d’une compagnie ferroviaire. L’un des quatre bas-reliefs sur le socle du monument Ă©rigĂ© 1897 en l’honneur de l’ingĂ©nieur, initiateur du gĂ©nie civil en France », boulevard Pereire, Paris XVIIe arrondissement, sculpteur Alfred Boucher. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 160k Titre Figure 7 LĂ©gende Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, voie, soupapes et wagon directeur. Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre, 1848. Planche 9. CrĂ©dits © SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, Paris. URL Fichier image/jpeg, 264k Titre Figure 8 LĂ©gende Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, wagon directeur. Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre, 1848. Planche 10. CrĂ©dits © SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, Paris. URL Fichier image/jpeg, 236k Titre Figure 9 LĂ©gende Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, machines horizontales motrices. Figure 1 Plan gĂ©nĂ©ral vu en dessus montrant les deux machines accouplĂ©es et leur transmission de mouvement. Figure 2 Coupe verticale de l’une des machines et sa pompe. Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre, 1848. Planche 12. CrĂ©dits © SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, Paris. URL Fichier image/jpeg, 244k Titre Figure 10 LĂ©gende Chemin de fer atmosphĂ©rique, machines horizontales motrices Saint-Germain. L’ensemble de la machine de Chatou, montĂ©e sur son massif de maçonnerie. Dessin conservĂ© dans le portefeuille des machines du CNAM Inventaire, Armengaud aĂźnĂ©. CrĂ©dits © MusĂ©e des arts et mĂ©tiers. URL Fichier image/jpeg, 236k Titre Figure 11 LĂ©gende Chemin de fer atmosphĂ©rique, machines horizontales motrices Saint-Germain. DĂ©tail du cylindre de la machine de Chatou. Dessin conservĂ© dans le portefeuille des machines du CNAM Inventaire, Armengaud aĂźnĂ©. CrĂ©dits © MusĂ©e des arts et mĂ©tiers. URL Fichier image/jpeg, 200k Titre Figure 12 LĂ©gende Chemin de fer atmosphĂ©rique, machines horizontales motrices Saint-Germain. DĂ©tail des engrenages de la machine de Chatou. Dessin conservĂ© dans le portefeuille des machines du CNAM Inventaire, Armengaud aĂźnĂ©. CrĂ©dits © MusĂ©e des arts et mĂ©tiers. URL Fichier image/jpeg, 252k Titre Figure 13 LĂ©gende Vue des machines pneumatiques de Saint-Germain. L’Illustration, 17 avril 1847. Repro Paul Smith, 2008. URL Fichier image/jpeg, 240k Titre Figure 14 LĂ©gende Pompes Ă  Ă©puiser l’air dans le tube du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, dessin de P. Blanchard, Le Magasin Pittoresque, 1851, p. 45. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 184k Titre Figure 15 LĂ©gende Emplacement du bĂątiment des machines et de son bassin Ă  Saint-Germain, dĂ©tail du plan gravĂ© par Dulos d’aprĂšs Adolphe Masson, Ă©ditĂ© par L. Mathias Augustin, 15 quai Malaquais, Paris, 1845. Archives nationales F/14 11171. CrĂ©dits © Archives nationales. URL Fichier image/jpeg, 204k Titre Figure 16 LĂ©gende Vue du bĂątiment des machines et du bĂątiment abritant les chaudiĂšres. L’Illustration, 17 avril 1847. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 232k Titre Figure 17 LĂ©gende Chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain. ChaudiĂšres Ă  tubes et foyers cylindriques. Armengaud AĂźnĂ©, Chemins de fer atmosphĂ©riques. Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnĂ©s et les plus rĂ©cents employĂ©s dans les diffĂ©rentes branches de l’industrie française et Ă©trangĂšre, 1848. Planche 13. CrĂ©dits © SociĂ©tĂ© d’Encouragement pour l’Industrie nationale, Paris. URL Fichier image/jpeg, 236k Titre Figure 18 LĂ©gende Vue gĂ©nĂ©rale des travaux d’art du chemin de fer atmosphĂ©rique de Saint-Germain, avec la locomotive l’Hercule sur la rampe. L’Illustration, 29 aoĂ»t 1846. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 184k Titre Figure 19 LĂ©gende Coupe de la locomotive qui sert Ă  remonter la rampe de Saint-Germain. FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes, 1867, p. 389. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 172k Titre Figure 20 LĂ©gende Wagon directeur du chemin atmosphĂ©rique de Saint-Germain. FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes, 1867, p. 385. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 196k Titre Figure 21 LĂ©gende RĂ©seau de banlieue de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, 1859. Rapport du Conseil d’administration Ă  l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires, 29 mars 1859. Archives nationales du Monde du Travail, 76 AQ 8. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 332k Titre Figure 22 LĂ©gende L’accident ferroviaire du VĂ©sinet du 6 septembre 1858. Gravure anonyme, collection particuliĂšre. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 280k Titre Figure 23 LĂ©gende Projet de propulsion atmosphĂ©rique pour franchir les grandes chaĂźnes de montagnes. DAIGREMONT, J. Étude sur les chemins de fer atmosphĂ©riques, 1865, planche 1. CrĂ©dits © Institution of Civil Engineers. URL Fichier image/jpeg, 176k Titre Figure 24 LĂ©gende Chemin de fer pneumatique de Sydenham, 1865. FIGUIER, Louis. Locomotive et chemins de fer. Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes, 1867, p. 393. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 296k Titre Figure 25 LĂ©gende SystĂšme atmosphĂ©rique d’extraction Ă  la mine Hottinguer, Épinac-les-Mines SaĂŽne-et-Loire. Recette du jour avec trois planchers. Planche des Annales des Mines, 1878, reproduite par GUIOLLARD, Pierre-Christian. Les chevalements des houillĂšres françaises, 1993, p. 91. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 180k Titre Figure 26 LĂ©gende Puits Hottinguer Ă  Épinac-les-Mines, carte postale du dĂ©but du XXe siĂšcle reproduit dans GUIOLLARD, Pierre-Christian. Les chevalements des houillĂšres françaises, 1993, p. 87. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 244k Titre Figure 27 LĂ©gende Sections du tube atmosphĂ©rique dĂ©terrĂ©es Ă  Croydon en 1933. Dossier sur le chemin de fer atmosphĂ©rique Ă  Croydon Public Library. CrĂ©dits © Croydon Public Library. URL Fichier image/jpeg, 188k Titre Figure 28 LĂ©gende Section du tube atmosphĂ©rique du South Devon, conservĂ©e au Newton Abbot Town and Great Western Railway Museum. Photo Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 108k Titre Figure 29 LĂ©gende Maquette du bĂątiment des machines Ă  Newton en 1848, rĂ©alisĂ©e par Peter Parks d’aprĂšs l’aquarelle de William Dawson. Newton Abbot Town and Great Western Railway Museum. Photo Paul Smith. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 136k Titre Figure 30 LĂ©gende Section du tube atmosphĂ©rique montĂ©e au Didcot Railway Centre. Photo Wikimedia Commons, 2006. Repro Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 200k Titre Figure 31 LĂ©gende Station de DĂșn Laoghaire Kingstown. Photo Paul Smith, 2007. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 204k Titre Figure 32 LĂ©gende Emplacement du terminus du chemin de fer atmosphĂ©rique Ă  Dalkey. Photo Paul Smith, 2007. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 408k Titre Figure 33 LĂ©gende Atmospheric Road Ă  Dalkey. Photo Paul Smith, 2007. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 384k Titre Figure 34 LĂ©gende Maquette du chemin de fer atmosphĂ©rique Ă  Kingstown, Dalkey Castle & Heritage Centre. Photo Paul Smith, 2007. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 148k Titre Figure 35 LĂ©gende Croydon, bĂątiments de la station de pompage d’eau de Surrey Street, intĂ©grant des Ă©lĂ©ments du bĂątiment des machines atmosphĂ©riques de Croydon. Photo Paul Smith, 2007. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 204k Titre Figure 36 LĂ©gende Le bĂątiment des machines de Starcross. Comparer avec le mĂȘme bĂątiment reprĂ©sentĂ© en 1847 dans l’aquarelle de William Dawson, Figure 31, premiĂšre partie. Photo Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 132k Titre Figure 37 LĂ©gende The Atmospheric Railway Inn Ă  Starcross. L’enseigne, assez paradoxalement, montre une locomotive Ă  vapeur. Photo Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 120k Titre Figure 38 LĂ©gende BĂątiments des machines Ă  la station de Totnes. Comparer aux mĂȘme bĂątiments photographiĂ©s dans les annĂ©es 1960, Figure 33. Photo Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 144k Titre Figure 39 LĂ©gende BĂątiment des machines Ă  Torre, prĂšs de Torquay, occupĂ© de nos jours par un marchand en gros de fruits et de lĂ©gumes. Photo Paul Smith, 2008. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 96k Titre Figure 40 LĂ©gende Viaduc de Saint-Germain-en-Laye, vu depuis la berge de la Seine. Photo Paul Smith, 2007. CrĂ©dits © Paul Smith. URL Fichier image/jpeg, 164k Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Paul Smith, Les chemins de fer atmosphĂ©riques. DeuxiĂšme partie », In Situ [En ligne], 10 2009, mis en ligne le 19 mai 2009, consultĂ© le 27 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Paul SmithIngĂ©nieur d'Ă©tudes, sous-direction de l'archĂ©ologie, de l'ethnologie, de l'inventaire et du systĂšme d'information, direction de l'architecture et du patrimoine, ministĂšre de la culture et de la communication. du mĂȘme auteur Éditorial Aeronautical Heritage The former state match factory at Aubervilliers Éditorial Éditorial Éditorial Tous les textes... Haut de page Chapitre 8 VIII Ce qui me manquait alors – cent fois, depuis, j'ai eu l'occasion de m'en rendre compte –, c'Ă©tait l'expĂ©rience, la pratique du mĂ©tier ; c'Ă©tait surtout la notion exacte des moyens d'action et d'investigation de la police. Je sentais vaguement que cette enquĂȘte avait Ă©tĂ© mal, ou plutĂŽt lĂ©gĂšrement conduite, mais j'aurais Ă©tĂ© bien embarrassĂ© de dire pourquoi, de dire surtout ce qu'il eĂ»t fallu faire. Je ne m'en intĂ©ressais pas moins passionnĂ©ment Ă  Monistrol. Il me semblait que sa cause Ă©tait la mienne mĂȘme. Et c'Ă©tait bien naturel ma jeune vanitĂ© se trouvait en jeu. N'Ă©tait-ce pas une remarque de moi qui avait Ă©levĂ© les premiers doutes sur la culpabilitĂ© de ce malheureux ? – Je me dois, me disais-je, de dĂ©montrer son innocence. Malheureusement, les discussions de la soirĂ©e m'avaient tellement troublĂ© que je ne savais plus sur quel fait prĂ©cis Ă©chafauder mon systĂšme. Ainsi qu'il arrive toujours quand on applique trop longtemps son esprit Ă  la solution d'un problĂšme, mes idĂ©es se brouillaient comme un Ă©cheveau aux mains d'un enfant. Je n'y voyais plus clair, c'Ă©tait le chaos. EnfoncĂ© dans mon fauteuil, je me torturais la cervelle, lorsque sur les neuf heures du matin, monsieur MĂ©chinet, fidĂšle Ă  sa promesse de la veille, vint me prendre. – Allons ! allons ! fit-il, en me secouant brusquement, car je ne l'avais pas entendu entrer ; en route !
 – Je suis Ă  vous, dis-je en me dressant. Nous descendĂźmes en hĂąte, et je remarquai alors que mon digne voisin Ă©tait vĂȘtu avec plus de soin que de coutume. Il avait rĂ©ussi Ă  se donner ces apparences dĂ©bonnaires et cossues qui sĂ©duisent par-dessus tout le boutiquier parisien. Sa gaietĂ© Ă©tait celle de l'homme sĂ»r de soi, qui marche Ă  une victoire certaine. BientĂŽt nous fĂ»mes dans la rue, et tandis que nous cheminions – Eh bien ! me demanda-t-il, que pensez-vous de ma femme ?
 Je passe pour un malin, Ă  la prĂ©fecture, et cependant je la consulte – MoliĂšre consultait bien sa servante –, et souvent je m'en suis bien trouvĂ©. Elle a un faible pour elle, il n'est pas de crimes bĂȘtes, et son imagination prĂȘte Ă  tous les scĂ©lĂ©rats des combinaisons diaboliques
 Mais comme j'ai justement le dĂ©faut opposĂ©, comme je suis un peu trop positif, peut-ĂȘtre, il est rare que de nos consultations ne jaillisse pas la vĂ©rité  – Quoi ! m'Ă©criai-je, vous pensez avoir pĂ©nĂ©trĂ© le mystĂšre de l'affaire Monistrol !
 Il s'arrĂȘta court, tira sa tabatiĂšre, aspira trois ou quatre de ses prises imaginaires, et d'un ton de vaniteuse discrĂ©tion – J'ai du moins le moyen de le pĂ©nĂ©trer, rĂ©pondit-il. Cependant nous arrivions au haut de la rue Vivienne, non loin de l'Ă©tablissement de Monistrol. – Attention ! me dit monsieur MĂ©chinet ; suivez-moi, et, quoi qu'il arrive, ne vous Ă©tonnez de rien. Il fit bien de me prĂ©venir. J'aurais Ă©tĂ© sans cela singuliĂšrement surpris de le voir entrer brusquement chez un marchand de parapluies. Raide et grave comme un Anglais, il se fit montrer tout ce qu'il y avait dans la boutique, ne trouva rien Ă  sa fantaisie et finit par demander s'il ne serait pas possible de lui fabriquer un parapluie dont il fournirait le modĂšle. On lui rĂ©pondit que ce serait la chose la plus simple du monde, et il sortit en annonçant qu'il reviendrait le lendemain. Et, certes, la demi-heure qu'il avait passĂ©e dans ce magasin n'avait pas Ă©tĂ© perdue. Tout en examinant les objets qu'on lui soumettait, il avait eu l'art de tirer des marchands tout ce qu'ils savaient des Ă©poux Monistrol. Art facile, en somme, car l'affaire du petit vieux des Batignolles », et l'arrestation du bijoutier en faux avaient profondĂ©ment Ă©mu le quartier et faisaient le sujet de toutes les conversations. – VoilĂ , me dit-il quand nous fĂ»mes dehors, comment on obtient des renseignements exacts
 DĂšs que les gens savent Ă  qui ils ont affaire, ils posent, ils font des phrases, et alors adieu la vĂ©ritĂ© vraie
 Cette comĂ©die, monsieur MĂ©chinet la rĂ©pĂ©ta dans sept ou huit magasins aux environs. Et mĂȘme, dans l'un d'eux, dont les patrons Ă©taient revĂȘches et peu causeurs, il fit une emplette de vingt francs. Mais aprĂšs deux heures de cet exercice singulier, et qui m'amusait fort, nous connaissions exactement l'opinion publique. Nous savions au juste ce qu'on pensait de monsieur et madame Monistrol dans le quartier oĂč ils Ă©taient Ă©tablis depuis leur mariage, c'est-Ă -dire depuis quatre ans. Sur le mari, il n'y avait qu'une voix. C'Ă©tait, affirmait-on, le plus doux et le meilleur des hommes, serviable, honnĂȘte, intelligent et travailleur. S'il n'avait pas rĂ©ussi dans son commerce, c'est que la chance ne sert pas toujours ceux qui le mĂ©ritent le plus. Il avait eu le tort de prendre une boutique vouĂ©e Ă  la faillite, car depuis quinze ans quatre commerçants s'y Ă©taient coulĂ©s. Il adorait sa femme, tout le monde le savait et le disait, mais ce grand amour n'avait pas dĂ©passĂ© les bornes convenues ; il n'en Ă©tait rejailli sur lui aucun ridicule
 Personne ne pouvait croire Ă  sa culpabilitĂ©. – Son arrestation, disait-on, doit ĂȘtre une erreur de la police. Pour ce qui est de madame Monistrol, les avis Ă©taient partagĂ©s. Les uns la trouvaient trop Ă©lĂ©gante pour sa situation de fortune, d'autres soutenaient qu'une toilette Ă  la mode Ă©tait une des obligations, une des nĂ©cessitĂ©s du commerce de luxe qu'elle tenait. En gĂ©nĂ©ral, on Ă©tait persuadĂ© qu'elle aimait beaucoup son mari. Car, par exemple, il n'y avait qu'une voix pour cĂ©lĂ©brer sa sagesse, sagesse d'autant plus mĂ©ritoire qu'elle Ă©tait remarquablement belle et qu'elle Ă©tait assiĂ©gĂ©e par bien des adorateurs. Mais jamais elle n'avait fait parler d'elle, jamais le plus lĂ©ger soupçon n'avait effleurĂ© sa rĂ©putation immaculĂ©e
 Cela, je le voyais bien, dĂ©routait singuliĂšrement monsieur MĂ©chinet. – C'est prodigieux, me disait-il, pas un cancan, pas une mĂ©disance, pas une calomnie !
 Ah ! ce n'est pas lĂ  ce que supposait Caroline
 D'aprĂšs elle, nous devions trouver une de ces boutiquiĂšres qui tiennent le haut du comptoir, qui Ă©talent leur beautĂ© encore plus que leurs marchandises, et qui relĂšguent Ă  l'arriĂšre-boutique leur mari – un aveugle imbĂ©cile ou un malpropre complaisant
 Et pas du tout ! Je ne rĂ©pondis pas, n'Ă©tant guĂšre moins dĂ©concertĂ© que mon voisin. Nous Ă©tions loin, maintenant, de la dĂ©position de la concierge de la rue LĂ©cluse, tant il est vrai que le point de vue varie selon le quartier. Ce qui passe aux Batignolles pour une damnable coquetterie, n'est plus rue Vivienne qu'une exigence de situation. Mais nous avions employĂ© trop de temps dĂ©jĂ  Ă  notre enquĂȘte, pour nous arrĂȘter Ă  Ă©changer nos impressions et Ă  discuter nos conjectures. – Maintenant, dit monsieur MĂ©chinet, avant de nous introduire dans la place, Ă©tudions-en les abords. Et rompu Ă  la pratique de ces investigations discrĂštes, au milieu du mouvement de Paris, il me fit signe de le suivre sous une porte cochĂšre, prĂ©cisĂ©ment en face du magasin de Monistrol. C'Ă©tait une boutique modeste, presque pauvre, quand on la comparait Ă  celles qui l'entouraient. La devanture rĂ©clamait le pinceau des peintres. Au-dessus, en lettres jadis dorĂ©es, maintenant enfumĂ©es et noircies, s'Ă©talait le nom de Monistrol. Sur les glaces, on lisait Or et imitation. HĂ©las ! c'Ă©tait de l'imitation, surtout, qui reluisait Ă  l'Ă©talage. Le long des tringles pendaient force chaĂźnes en doublĂ©, des parures de jais, des diadĂšmes constellĂ©s de cailloux du Rhin, puis des colliers jouant le corail, et des broches, et des bagues, et des boutons de manchettes rehaussĂ©s de pierres fausses de toutes les couleurs
 Pauvre Ă©talage en somme, je le reconnus d'un coup d'Ɠil, et qui ne devait pas tenter les voleurs Ă  la vrille. – Entrons !
 dis-je Ă  monsieur MĂ©chinet. Il Ă©tait moins impatient que moi, ou savait mieux contenir son impatience, car il m'arrĂȘta par le bras en disant – Un instant
 Je voudrais au moins entrevoir madame Monistrol. Mais c'est en vain que, durant plus de vingt minutes encore, nous demeurĂąmes plantĂ©s Ă  notre poste d'observation ; la boutique restait vide, madame Monistrol ne paraissait pas
 – DĂ©cidĂ©ment, c'est assez faire le pied de grue, s'exclama enfin mon digne voisin arrivez, monsieur Godeuil, risquons-nous
 Chapitre 2 II Certes, j'Ă©tais loin de me douter que je hasardais lĂ  une de ces dĂ©marches insignifiantes, en apparence, qui ont sur la vie entiĂšre une influence dĂ©cisive. - Pour le coup, pensais-je Ă  part moi, je tiens le mot de l'Ă©nigme !... Et tout plein d'une sotte et puĂ©rile satisfaction, je trottais comme un chat maigre aux cĂŽtĂ©s de monsieur MĂ©chinet. Je dis je trottais, parce que j'avais fort Ă  faire pour ne pas me laisser distancer par le bonhomme. Il allait, il allait, tout le long de la rue Racine, bousculant les passants, comme si sa fortune eĂ»t dĂ©pendu de ses jambes. Place de l'OdĂ©on, par bonheur, un fiacre nous croisa. Monsieur MĂ©chinet l'arrĂȘta, et ouvrant la portiĂšre - Montez, monsieur Godeuil, me dit-il. J'obĂ©is, et il prit place Ă  mes cĂŽtĂ©s aprĂšs avoir criĂ© au cocher, d'un ton impĂ©ratif - Rue LĂ©cluse, 39, aux Batignolles... et, bon train ! La longueur de la course arracha au cocher un chapelet de jurons. N'importe, il Ă©trilla ses rosses d'un maĂźtre coup de fouet et la voiture roula. - Ah ! c'est aux Batignolles que nous allons ? demandai-je alors avec un sourire de courtisan. Mais monsieur MĂ©chinet ne me rĂ©pondit pas ; je doute mĂȘme qu'il m'entendit. Une mĂ©tamorphose complĂšte s'opĂ©rait en lui. Il ne parais-sait pas Ă©mu, prĂ©cisĂ©ment, mais ses lĂšvres pincĂ©es et la contraction de ses gros sourcils en broussaille trahissaient une poignante prĂ©occupation. Ses regards, perdus dans le vide, y semblaient Ă©tudier les termes de quelque problĂšme insoluble. Il avait tirĂ© sa tabatiĂšre, et incessamment il y puisait d'Ă©normes prises, qu'il pĂ©trissait entre l'index et le pouce, qu'il massait, qu'il portait Ă  son nez et que pourtant il n'aspirait pas. Car c'Ă©tait chez lui un tic que j'avais observĂ© et qui me rĂ©-jouissait beaucoup. Ce digne homme, qui avait le tabac en horreur, Ă©tait toujours armĂ© d'une tabatiĂšre de financier de vaudeville. Lui advenait-il quelque chose d'imprĂ©vu, d'agrĂ©able ou de fĂącheux, crac, il la sortait de sa poche et paraissait priser avec fureur. Souvent, la tabatiĂšre Ă©tait vide, son geste restait le mĂȘme. J'ai su, plus tard, que c'Ă©tait un systĂšme Ă  lui, pour dissimuler ses impressions et dĂ©tourner l'attention de ses interlocuteurs. Nous avancions, cependant... Le fiacre remontait non sans peine la rue de Clichy... Il traversa le boulevard extĂ©rieur, s'engagea dans la rue de LĂ©cluse, et ne tarda pas Ă  s'arrĂȘter Ă  quelque distance de l'adresse indiquĂ©e. Aller plus loin Ă©tait matĂ©riellement impossible, tant la rue Ă©tait obstruĂ©e par une foule compacte. Devant la maison portant le numĂ©ro 39, deux ou trois cents personnes stationnaient, le cou tendu, l'Ɠil brillant, haletantes de curiositĂ©, difficilement contenues par une demi-douzaine de sergents de ville, qui multipliaient en vain et de leur plus rude voix leurs Circulez, messieurs, circulez !... Descendus de voiture, nous nous approchĂąmes, nous faufilant pĂ©niblement Ă  travers les badauds. DĂ©jĂ , nous touchions la porte du numĂ©ro 39, quand un sergent de ville nous repoussa rudement. - Retirez-vous !... On ne passe pas !... Mon compagnon le toisa et, se redressant - Vous ne me connaissez donc pas ? fit-il. Je suis MĂ©chinet, et ce jeune homme - il me montrait - est avec moi. - Pardon !... Excusez !... balbutia l'agent en portant la main Ă  son tricorne, je ne savais pas... donnez-vous la peine d'entrer. Nous entrĂąmes. Dans le vestibule, une puissante commĂšre, la concierge Ă©videmment, plus rouge qu'une pivoine, pĂ©rorait et gesticulait au milieu d'un groupe de locataires de la maison. - OĂč est-ce ? lui demanda brutalement monsieur MĂ©chinet. - Au troisiĂšme, cher monsieur, rĂ©pondit-elle ; au troisiĂšme, la porte Ă  droite. JĂ©sus mon Dieu ! quel malheur !... dans une maison comme la nĂŽtre ! Un si brave homme ! Je n'en entendis pas davantage. Monsieur MĂ©chinet s'Ă©tait Ă©lancĂ© dans les escaliers, et je le suivais, montant quatre Ă  quatre, le cƓur me battant Ă  me couper la respiration. Au troisiĂšme Ă©tage, la porte de droite Ă©tait ouverte. Nous entrons, nous traversons une antichambre, une salle Ă  manger, un salon, et enfin nous arrivons Ă  une chambre Ă  cou-cher... Je vivrais mille ans, que je n'oublierais pas le spectacle qui frappa mes yeux... Et en ce moment mĂȘme oĂč j'Ă©cris, aprĂšs bien des annĂ©es, je le revois jusqu'en ses moindres dĂ©tails. À la cheminĂ©e faisant face Ă  la porte, deux hommes Ă©taient accoudĂ©s un commissaire de police, ceint de son Ă©charpe, et un juge d'instruction. À droite, assis Ă  une table, un jeune homme, le greffier, Ă©crivait. Au milieu de la piĂšce, sur le parquet, gisait dans une mare de sang coagulĂ© et noir le cadavre d'un vieillard Ă  cheveux blancs... Il Ă©tait Ă©tendu sur le dos, les bras en croix. TerrifiĂ©, je demeurai clouĂ© sur le seuil, si prĂšs de dĂ©faillir que, pour ne pas tomber, je fus obligĂ© de m'appuyer contre l'huisserie. Ma profession m'avait familiarisĂ© avec la mort ; depuis longtemps dĂ©jĂ  j'avais surmontĂ© les rĂ©pugnances de l'amphi-théùtre, mais c'Ă©tait la premiĂšre fois que je me trouvais en face d'un crime. Car il Ă©tait Ă©vident qu'un crime abominable avait Ă©tĂ© commis... Moins impressionnable que moi, mon voisin Ă©tait entrĂ© d'un pas ferme. - Ah ! c'est vous, MĂ©chinet, lui dit le commissaire de police, je regrette bien de vous avoir fait dĂ©ranger. - Pourquoi ? - Parce que nous n'aurons pas besoin de votre savoir-faire... Nous connaissons le coupable, j'ai donnĂ© des ordres et il doit ĂȘtre arrĂȘtĂ© Ă  l'heure qu'il est. Chose bizarre ! Au geste de monsieur MĂ©chinet, on eĂ»t pu croire que cette assurance le contrariait... Il tira sa tabatiĂšre, prit deux ou trois de ses prises fantastiques, et dit - Ah ! le coupable est connu !... Ce fut le juge d'instruction qui rĂ©pondit - Et connu d'une façon certaine et positive, oui, monsieur MĂ©chinet... Le crime commis, l'assassin s'est enfui, croyant que sa victime avait cessĂ© de vivre... il se trompait. La Providence veillait..., ce malheureux vieillard respirait encore... Rassemblant toute son Ă©nergie, il a trempĂ© un de ses doigts dans le sang qui s'Ă©chappait Ă  flots de sa blessure, et lĂ , sur le parquet, il a Ă©crit avec son sang le nom de son meurtrier, le dĂ©nonçant ainsi Ă  la justice humaine... Regardez plutĂŽt. Ainsi prĂ©venu, j'aperçus ce que tout d'abord je n'avais pas vu. Sur le parquet, en grosses lettres mal formĂ©es et cependant lisibles, on avait Ă©crit avec du sang MONIS... - Eh bien ?... interrogea monsieur MĂ©chinet. - C'est lĂ , rĂ©pondit le commissaire de police, le commencement du nom d'un neveu du pauvre mort... un neveu qu'il affectionnait, et qui se nomme Monistrol... - Diable !... fit mon voisin. - Je ne suppose pas, reprit le juge d'instruction, que le misĂ©rable essaye de nier... les cinq lettres sont contre lui une charge accablante... À qui, d'ailleurs, profite ce crime si lĂąche ?... À lui seul, unique hĂ©ritier de ce vieillard qui laisse, dit-on, une grande fortune... Il y a plus c'est hier soir que l'assassinat a Ă©tĂ© commis... Eh bien ! hier soir, personne n'a visitĂ© ce pauvre vieux que son neveu... La concierge l'a vu arriver vers neuf heures et ressortir un peu avant minuit... - C'est clair, approuva monsieur MĂ©chinet, c'est trĂšs clair, ce Monistrol n'est qu'un imbĂ©cile. Et, haussant les Ă©paules - A-t-il seulement volĂ© quelque chose ? demanda-t-il ; a-t-il fracturĂ© quelque meuble pour donner le change sur le mobile du crime ?... - Rien, jusqu'ici, ne nous a paru dĂ©rangĂ©, rĂ©pondit le commissaire... Vous l'avez dit, le misĂ©rable n'est pas fort... dĂšs qu'il se verra dĂ©couvert, il avouera. Et lĂ -dessus, le commissaire de police et monsieur MĂ©chinet se retirĂšrent dans l'embrasure de la fenĂȘtre et s'entretinrent Ă  voix basse, pendant que le juge donnait quelques indications Ă  son greffier.

le petit vieux des batignolles resume par chapitre